Un plan de limitation de l’entrée des réfugiés, au lendemain de « la honteuse mise en scène électorale »

La scène des Syriens affluant par milliers mercredi au siège de leur ambassade à Yarzé, pour réélire Bachar el-Assad, continue de susciter de vives réactions. Le président du parti de l'Option libanaise, Ahmad el-Assaad, a déploré une « tragédie dont a été témoin le Liban et qui aura démontré que l'État libanais est inexistant ». « Cette mise en scène de la présidentielle syrienne, dont les citoyens libanais (littéralement bloqués dans les embouteillages, NDLR) ont subi les conséquences, est l'œuvre des services de renseignements syriens, et n'est ni le fait d'un hasard ni le résultat d'un manque d'organisation », a-t-il affirmé dans son article hebdomadaire sur le site de son parti. « Ceux qui connaissent bien le régime syrien et ses services savent qu'il est très habile dans les montages propagandistes », a-t-il ajouté, soulignant que « le but de ces soi-disant élections est de laisser croire à un large appui au régime en place ». Plus encore, « le régime syrien a voulu démontrer, dans le chaos qu'il a provoqué mercredi en imposant un seul point de vote aux électeurs, qu'il est toujours présent au Liban, et que sa présence y est toujours forte ».
Avec l'incapacité des Libanais à élire un président, « c'est comme si le régime syrien a tenté de nous faire comprendre que Bachar el-Assad est le vrai président de la Syrie et du Liban en même temps ». « Le Liban se trouve désormais sous l'entière hégémonie de l'axe irano-syrien », a-t-il conclu.

Bureaux de vote aux frontières
Notons que l'ambassade de Syrie a déclaré dans un communiqué que des bureaux de vote seront établis aux frontières le 3 juin à l'intérieur du territoire syrien « pour les Syriens présents au Liban et qui n'ont pu exercer leur droit de vote ». « Des mesures ont été prises en coordination avec les autorités libanaises pour faciliter l'aller-retour des ressortissants syriens présents au Liban, qui seront exonérés des frais de passage aux frontières. »
Pour le député des Forces libanaises, Antoine Zahra, la scène chaotique de mercredi serait plutôt « une insulte au régime syrien et surtout au Hezbollah, puisqu'il s'agit d'une honteuse mise en scène ». « Les médias du 8 Mars ont fait état de 60 000 électeurs, ce qui signifie que seuls 10 % des réfugiés syriens ont voté pour Bachar el-Assad », a-t-il relevé, précisant détenir « des informations sûres qui confirment que la majorité des Syriens ont été contraints de se rendre au bureau de vote après avoir subi des menaces ».

Vérifier le statut de réfugié
En attendant, la présence grandissante et incontrôlée des réfugiés syriens au Liban est en soi une grave crise, à laquelle le gouvernement avait réagi en élaborant un plan en sept points pour limiter leur afflux au Liban. Le ministre des Affaires sociales a précisé hier que « les frontières ne seront pas fermées aux réfugiés, mais à ceux qui prétendent l'être ». « Toute personne dont la situation sécuritaire en Syrie ne justifie plus le statut de réfugié ne sera plus considérée comme telle », a-t-il expliqué, dans un entretien au site du quotidien al-Anba'. Les détails de cette démarche feront l'objet d'une réunion lundi de la commission ministérielle restreinte chargée du plan d'urgence du gouvernement. « Nous avons déjà fixé des critères précis et internationaux pour gérer à la fois l'entrée et la présence des Syriens au Liban », a expliqué le ministre Rachid Derbas dans un entretien télévisé. « L'entrée de tout Syrien au Liban sera interdite en dehors des cas de nature sécuritaire ou humanitaire », a-t-il ajouté, soulignant que « le Liban n'est pas un dépôt ». Il a affirmé en outre que « les empreintes oculaires des réfugiés syriens ont été recueillies par l'État libanais ». « Nous avions envisagé d'établir des camps au niveau des zones frontalières, mais les organisations internationales ont refusé cette option, en invoquant un souci de sécurité », a-t-il également précisé.

Bassil-Brende
Ce dossier a également été hier au cœur de l'entretien du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, avec son homologue norvégien, Borge Brende. Le ministre norvégien a annoncé que son pays participerait à la prochaine conférence des donateurs en Allemagne pour soutenir le Liban dans la gestion du dossier des réfugiés. « Nous ne pouvons pas laisser le Liban assumer seul cette responsabilité », a-t-il affirmé.
Sur le terrain, il convient de signaler que dix ressortissants syriens, « entrés illégalement au Liban », ont été arrêtés par l'armée au barrage de Wadi Hamid, à l'est de Ersal. « Les prévenus ont été remis aux autorités compétentes », selon un communiqué de l'armée.