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Liban

Les Syriens votent à Yarzé : le chaos diminue, mais les rumeurs sur les pressions du Hezbollah continuent de circuler

« Tais-toi et déguerpis », a lancé Fady Karam à l’ambassadeur syrien hier.

Bien moins nombreux que la veille lorsqu'ils avaient paralysé les environs de l'ambassade, notamment les régions de Baabda, Hazmieh et Yarzé, bloquant des milliers de Libanais sur les routes, les Syriens réfugiés au Liban ont encore voté hier à leur ambassade de Yarzé, dans le cadre du scrutin organisé en avance de l'élection présidentielle du 3 juin. Le scrutin était censé se dérouler en une seule journée, mais face à la forte affluence de mercredi, l'ambassade de Syrie a décidé de prolonger les opérations de vote d'une journée, et jusqu'à minuit. Entourés de mesures de sécurité draconiennes adoptées par l'armée libanaise qui a pris les choses en main pour cette seconde journée de vote, les électeurs syriens sont arrivés à bord de bus, provenant de plusieurs régions libanaises. Contrairement à mercredi, l'arrivée des « votants » s'est faite dans le calme, sans drapeaux, ni chants, ni slogans. On est loin de la cohue de mercredi, de cette masse d'hommes et de femmes agglutinés devant l'ambassade, certains s'évanouissant sous le coup de la chaleur.
Khouloud, une Syrienne d'une soixantaine d'années, confie à Mathieu Karam de lorientlejour.com avoir voté pour Bachar el-Assad « comme tout le monde ». Si, la veille, les témoins avaient fait état d'un processus de vote chaotique – avec des bulletins découpés au lieu d'être cochés, une femme votant pour sept proches, et un homme brandissant une liasse de papiers d'identité – Khouloud assure que cela a changé et qu'elle a voté seule dans un isoloir, et mis son enveloppe dans l'urne. La sexagénaire précise même que les responsables de l'ambassade ont refusé qu'elle vote pour son mari, coincé au travail. Quand on lui demande pourquoi elle n'a pas voté hier, Khouloud répond : « Hier, il ressortait des informations qui circulaient que ceux qui n'étaient pas inscrits sur les listes devaient d'abord passer à la frontière pour mettre les choses en ordre. Aujourd'hui plus besoin, l'information qui circule est que n'importe qui peut voter (!) », ajoute-t-elle avant de se demander, soucieuse : « Je ne sais pas si je devais dire ça. Vous pensez que je n'aurais pas dû dire ça? »...
Tout comme mercredi, difficile de trouver un Syrien n'ayant pas voté pour Assad. « J'ai voté pour Bachar pour en finir avec tout ça, explique Tony, qui vient de Damas. Les autres candidats, on n'a jamais entendu parler d'eux! »

« La guerre mondiale contre la Syrie... »
Commentant l'élection, l'ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdelkarim Ali, a estimé hier que l'affluence « massive » au vote est un « message politique » adressé par les Syriens. « Le peuple syrien rejette la guerre mondiale dirigée contre la Syrie. Les Syriens ont été mus par leur sentiment patriotique et sont venus voter en masse, a-t-il déclaré. La Syrie était le pays le plus sûr au monde. Les Syriens veulent retrouver cette Syrie en votant pour Bachar el-Assad ». M. Abdelkarim Ali a par ailleurs fustigé les propos appelant les Syriens ayant voté pour Assad à rentrer chez eux, estimant qu'ils contredisent les appels à accueillir et à abriter le peuple syrien.
La veille, en effet, le secrétariat général du 14 Mars avait appelé au retour des Syriens pro-Assad en Syrie. Des appels réitérés hier par le député Ahmad Fatfat qui a affirmé que « 90 % des réfugiés syriens au Liban n'ont pas participé à l'élection présidentielle syrienne ». « Les Syriens qui ont voté pour le président Bachar Assad sont convaincus qu'il a gagné la guerre et que son projet n'échouera pas et par conséquent ils doivent retourner dans leur pays », a-t-il ajouté.
De son côté, le député Bassem Chab (bloc du Futur) a dénoncé le vote des réfugiés syriens pour « leur assassin », comparant la scène de l'ambassade syrienne aux événements qui ont précédé la révolution du Cèdre. « Pourquoi restent-ils au Liban si la situation en Syrie est stable et s'ils aiment le président Bachar el-Assad ? » s'est-il interrogé.
Quant au député Fady Karam, il a adressé sur Twitter un message à Ali Abdelkarim Ali. « Vos tentatives de nous terroriser ne vous aideront pas. Nous ne vous avons jamais craint, même quand votre armée occupait notre patrie. Tais-toi et déguerpis », a-t-il souligné. À Tripoli, par ailleurs, des messages téléphoniques signés par cheikh Salem Rafeï, appelant les Syriens à quitter la ville vendredi au plus tard « après avoir prouvé qu'ils ne sont pas des déplacés », ont été reçus via Whatsapp par de nombreux Tripolitains. Des sources proches de cheikh Rafeï ont toutefois nié que ce dernier soit l'auteur de ces menaces.

« Un spectacle orchestré par le Hezbollah et ses alliés... »
Qualifiant le scrutin de Yarzé de « spectacle orchestré par le Hezbollah et ses alliés », le député Ziad Kadri (bloc du Futur) a pour sa part affirmé que « le régime syrien et ses alliés du 8 Mars et du Hezbollah ont multiplié les pressions sur les réfugiés syriens pour les inciter à participer au vote ». Sur ce plan, des réfugiés syriens ont également confié à nowlebanon hier que de nombreuses propositions alléchantes leur ont été faites, notamment la possibilité d'améliorer leur situation sociale, de leur fournir de nouveaux papiers d'identité et de nouveaux passeports et de faciliter leur retour en Syrie, si jamais ils participaient au scrutin. « On nous a même dit que les récompenses seront plus généreuses si l'on acceptait de voter à l'intérieur du territoire syrien », a indiqué l'un d'eux.
Du côté du Hezbollah, le ministre Mohammad Fneich a réfuté ces accusations, estimant qu'« elles révèlent l'embarras des forces de l'opposition au régime (syrien) ». Il a également commenté la scène chaotique de l'ambassade, mercredi. « Nous avons dès le départ appelé à organiser le flux des déplacés syriens, et à leur trouver des régions sûres pour qu'ils s'y abritent en Syrie, a déclaré M. Fneich. On nous a alors traités de racistes. L'afflux de réfugiés syriens n'était pas un dossier humanitaire mais un outil de pression sur le régime syrien. Il s'est avéré toutefois que de nombreux réfugiés ont fui les groupes terroristes et soutiennent le régime Assad, et les élections d'hier ont révélé cela au grand jour », a-t-il affirmé.
Notons que le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a mis en garde contre le danger représenté par l'afflux « anormal » de réfugiés syriens au Liban, « le nombre de ces derniers équivalant désormais à la moitié de la population libanaise qui réside au pays ». M. Bassil, qui poursuit sa tournée en Algérie, a tenu ces propos lors d'une réception organisée mercredi en son honneur par l'ambassadeur du Liban à Alger.
Le ministre du Travail, Sejaan Azzi, a pour sa part reçu hier des représentants de l'Unicef, de la Banque mondiale et du HCR, avec lesquels il a passé en revue les conditions des réfugiés syriens au Liban. Les organisations se sont dit prêtes à soutenir le gouvernement libanais dans cette crise.

Bien moins nombreux que la veille lorsqu'ils avaient paralysé les environs de l'ambassade, notamment les régions de Baabda, Hazmieh et Yarzé, bloquant des milliers de Libanais sur les routes, les Syriens réfugiés au Liban ont encore voté hier à leur ambassade de Yarzé, dans le cadre du scrutin organisé en avance de l'élection présidentielle du 3 juin. Le scrutin était censé se...

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Présidentielle syrienne : une FARCE et une MASCARADE à 99.9999999999999999999999999999% en Syrie, au Liban, partout. Le clown de Bachar à Baabda devrait aller y participer activement en Syrie. Ses clowneries au Liban n'ont aucun effet.

Halim Abou Chacra

11 h 13, le 30 mai 2014

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  • Présidentielle syrienne : une FARCE et une MASCARADE à 99.9999999999999999999999999999% en Syrie, au Liban, partout. Le clown de Bachar à Baabda devrait aller y participer activement en Syrie. Ses clowneries au Liban n'ont aucun effet.

    Halim Abou Chacra

    11 h 13, le 30 mai 2014

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