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À La Une - Liban

La présidentielle syrienne au Liban joue les prolongations

L'affluence massive d'électeurs syriens a causé d'énormes embouteillages sur les routes menant à l'ambassade.

Les ressortissants syriens ont voté, mardi 28 mai 2014, en avance de la présidentielle syrienne du 3 juin, à l'ambassade de Syrie au Liban. AFP/Jospeh Eid

Des hommes, beaucoup, des femmes aussi, certaines enceintes, des enfants, des personnes âgées... Des milliers de Syriens ont afflué aujourd'hui vers l'ambassade de Syrie au Liban, pour voter en avance dans le cadre de la présidentielle syrienne du 3 juin. Un afflux massif qui a causé de gigantesques embouteillages sur les routes menant à l'ambassade, qui se trouve à Baabda (est de Beyrouth), non loin du ministère libanais de la Défense.

 

Une bonne partie de la journée, l'autoroute menant du rond-point Sayyad à Baabda a ainsi été quasiment totalement bloquée. Sur la route, des vans, des taxis en surchauffe, des bus, remplis d'électeurs syriens. Selon le ministère syrien des Affaires Étrangères, 40.000 citoyens sont inscrits sur les listes électorales au Liban, qui accueille plus d'un million de réfugiés.

 

 

Face à l'ampleur de l'embouteillage, un officier des FSI avouait son impuissance. L'armée libanaise, elle, multipliait les contrôles aux nombreux barrages installés dans le secteur, confisquant tout ce qui pouvait être utilisé dans d'éventuelles bagarres, comme les tiges en bois des drapeaux. Vers midi, les autorités ont décidé de dévier la circulation vers des routes intérieures. Beaucoup d'électeurs syriens, eux, avaient déjà choisi de finir à pied.

 

Prolongation

Le même scénario infernal pourrait se reproduire demain, l'ambassade syrienne au Liban ayant décidé, en début d'après-midi, de prolonger d'un jour les opérations de vote en raison de l'affluence.

A la mi-journée, un véritable goulot d'étranglement s'était en effet formé au niveau du ministère de la Défense à Baabda, les forces de sécurité ne laissant passer les Syriens qu'au compte goutte vers l'ambassade de Syrie située à quelques centaines de mètres. Des échauffourées ont éclaté entre les électeurs syriens, et les forces de l'ordre, qui ont aspergé d'eau la foule. Sur la place où se trouve la célèbre sculpture d'Arman, plusieurs électeurs syriens confiaient à lorientlejour.com qu'il leur avait été impossible d'accéder à l'ambassade, dénonçant le chaos ambiant.

"Nous sommes là depuis ce matin, et jusqu'à présent, nous n'avons pu voter", affirmait ainsi Hassan, un jeune Syrien présent près de l'entrée du ministère. Toutes les personnes se trouvant autour de lui, ainsi que celles marchant en direction de Beyrouth, donc quittant Baabda, indiquaient également ne pas avoir pu voter.

 

La défense civile arrosant la foule devant l'ambassade de Syrie au Liban. AFP/Joseph Eid

 

"Nous sommes tes hommes Bachar"

Mercredi matin, des heures durant, des milliers de Syriens ont afflué vers l'ambassade.

Dans la foule, des drapeaux syriens mais aussi du Hezbollah, dont les hommes se battent aux côtés de l'armée du régime en Syrie. Beaucoup de portraits du président Bachar el-Assad, et une foison de slogans à sa gloire : "Nous sommes tes hommes Bachar", "Par le sang, nous votons Bachar". Aussi, sur le bord de la route, un groupe d'hommes portant des tee-shirts noir sur lesquels l'on peut lire "Les lions de Syrie au Liban".

 

Sur la route menant à l'ambassade de Syrie. Photo Pierre Sawaya

 

Difficile de trouver, parmi les milliers de personnes en route vers l'ambassade pour un scrutin qualifié de "farce" par l'opposition syrienne et ses alliés au sein de la communauté internationale, un électeur qui ne s'affiche pas pro-Bachar.

"Je vote pour Bachar, j'aime Bachar, c'est le meilleur, bien mieux que tous ceux qui tuent en Syrie", affirmait ainsi à Lorientlejour.com Salah, un homme d'une trentaine d'années résidant au Liban et venu voter en famille.

Confronté à deux concurrents agréés par le régime et servant de faire-valoir, le député indépendant Maher al-Hajjar et l'homme d'affaires ayant appartenu à l'opposition tolérée, Hassan al-Nouri, Bachar el-Assad est certain de l'emporter dans les régions tenues par l'armée dans ce pays dévasté par plus de trois ans de guerre civile.

"Il n'y a pas d'alternative à Assad, il est le seul capable de calmer la situation dans le pays", renchérissait Ali el-Hariri, un artisan syrien au Liban depuis 15 ans. "Il est très important que la Syrie soit stable, car notre pays est un acteur régional. Si la Syrie est calme, toute la région est calme", poursuivait-il, coincé, comme tout le monde, sur la route de l'ambassade.

 

(Présidentielle syrienne au Liban : les images)

 

Dans sa voiture, une Libanaise, coincée dans les embouteillages, semblait sur le point de perdre ses nerfs, la main écrasant le klaxon. Les encombrements ont commencé à six heures du matin, empêchant les étudiants devant passer leur bac français d'atteindre les lieux d'examen, et les élèves de la région n'ont pas pu gagner leurs écoles.

 

Venu voter avec des mais, Samer el-Hayek avait, lui, perdu son groupe dans le chaos. Qu'à cela ne tienne, il continuait la route vers l'ambassade avec sa fiancée, Khouloud. "Nous votons pour Bachar", disait-il, assurant être venu de sa propre initiative.

 

Dans la foule, des drapeaux du Hezbollah. Photo Matthieu Karam

 

Ramassage?

Selon certains témoignages, tous les électeurs ne sont toutefois pas venus de leur plein gré. Contacté par L'Orient-Le Jour, un industriel libanais assure que des opérations de ramassage d'ouvriers syriens ont été effectuées, notamment dans la région de Nahr el-Mott, au nord de Beyrouth.  Selon ce témoin, qui souhaite garder l'anonymat, des hommes, dont il assure qu'ils étaient libanais et membres du Hezbollah, sont venus vers 9h rassembler une centaine d'employés syriens travaillant dans certaines usines de cette région industrielle. Ils ont pris leurs papiers d'identité, et les ont fait monter dans des vans, direction l'ambassade de Syrie. L'industriel souligne que les employés ne pouvaient pas vraiment refuser d'embarquer à bord des vans.

Sur la route de l'ambassade, on réfute ces rumeurs. Tout le monde assure n'avoir été ni pressé de voter, ni payé pour le faire.

 

"Nous nous attendions à cette affluence. Le sentiment patriotique des Syriens chez eux et à l'étranger est grand. Cette affluence est l'expression du rejet de toute agression contre la Syrie", a déclaré l'ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim Ali à la mi-journée. La télévision syrienne a interrompu à plusieurs reprises ses programmes pour diffuser des émissions en direct de Beyrouth.

 

Photo Matthieu Karam.

 

Pas de scrutin en France, Allemagne et Belgique

Tous les pays n'autorisent pas les Syriens à voter. Les autorités de Damas ont ainsi affirmé mardi que les Émirats arabes unis voulaient interdire aux Syriens de voter dans les ambassades sur leur sol pour l'élection présidentielle du 3 juin, après une décision similaire prise par la France, l'Allemagne et la Belgique.

Le quotidien al-Watan, proche du pouvoir de Damas, a annoncé que 200.000 Syriens, sur 3 millions de réfugiés ou d'expatriés, sont inscrits dans 39 ambassades. Il s'agit d'"un chiffre relativement acceptable, si nous prenons en compte le fait que la France, l'Allemagne et la Belgique ont interdit aux Syriens" de voter sur leur territoire, a commenté le journal.

 

Évoquant l'élection présidentielle en Syrie, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé dimanche, dans un discours à l'occasion du 14e anniversaire du retrait israélien du Sud-Liban : "Les intimidations et les railleries de ceux qui s'appellent les amis de la Syrie ne pourront pas empêcher ou stopper" la tenue du scrutin.

 

 Photo Pierre Sawaya

 

En avril, le président de la Commission électorale syrienne a précisé que les autorités de Damas ont réduit le droit de vote des réfugiés syriens à ceux ayant franchi légalement la frontière pour se rendre dans un pays voisin. "Les Syriens ayant quitté la Syrie d'une manière illégale n'ont pas le droit de voter dans les pays hôtes", a précisé le président de la Commission. "La loi électorale autorise les Syriens résidant à l'étranger de voter, seulement si leur séjour est légal", a-t-il ajouté.

Sur plus d'un million de réfugiés syriens au Liban, près de 88% sont entrés légalement par Masnaa, le poste-frontière avec le Liban et peuvent donc participer au vote, selon les organisations humanitaires. Si c'est également le cas en Jordanie, cela exclut de fait la grande majorité de ceux qui se trouvent en Turquie et en Irak.

En Syrie, la présidentielle se tiendra uniquement dans les zones tenues par le régime et selon une loi excluant de facto toute candidature dissidente. Face à deux candidats peu connus du public, la réélection du président Bachar el-Assad fait peu de doute. Le conflit en Syrie a fait plus de 160.000 morts et plus de neuf millions de réfugiés et de déplacés.

 

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commentaires (9)

JE CLARIFIE MA RÉACTION : YIALLI MA BYIJI... BIROU7 = PARTIRA, NE RENTRERA PLUS EN SYRIE...

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 52, le 28 mai 2014

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • JE CLARIFIE MA RÉACTION : YIALLI MA BYIJI... BIROU7 = PARTIRA, NE RENTRERA PLUS EN SYRIE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 52, le 28 mai 2014

  • Sales régime bääSSyriaNique ! Et dire que cette population était en voie de re-civilisation au moment du départ des Mandataires français !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 21, le 28 mai 2014

  • Un peuple vaillant et debout face à tous les complots ne peut pas être défait par les chacals ou hyènes qui aboient au passage de la caravane ! Constat chinois de chi nous, dit !

    FRIK-A-FRAK

    16 h 55, le 28 mai 2014

  • Il m'arrive parfois d'être vicieux , pourrait on nous dire si cette foule immense n'est composée que de chiites et alaouites ? et si les gens qui se pressent au vote le font avec un flingue sur la tempe ? ou accompagné de chemises noires ?

    FRIK-A-FRAK

    14 h 26, le 28 mai 2014

  • Nos ex-envahisseurs ...nous envahissent encore par d'autres moyens....

    M.V.

    13 h 27, le 28 mai 2014

  • Une grande mascarade dirigée par un grand clown ! Incroyable !

    Halim Abou Chacra

    12 h 59, le 28 mai 2014

  • YIALLI MA BYIJI... BI ROU7 !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 23, le 28 mai 2014

  • Allah yésstorre de cette foultitude de cinquièmes colonnes, qui ment si bien qu'elle finit par croire ses "propres" mensonges !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 10, le 28 mai 2014

  • ON CONNAIT LA CHANSON... TOUT CELUI OU CELLE QUI NE VA PAS... VOUS CONNAISSEZ LE RESTE ! çA N'A POINT CHANGÉ...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 02, le 28 mai 2014

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