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Dans un fief islamiste égyptien, le seul président, c'est Morsi

"Sissi a mené un coup d'Etat et tué des jeunes. Son arrivée au pouvoir est la meilleure preuve que c'était bien un coup d'Etat militaire contre le président élu".

A Kerdassa, bastion des Frères musulmans près du Caire, on boycotte la présidentielle et son grand favori, l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi. "Notre président, c'est Mohamed Morsi", peut-on lire sur ces affiches. AFP PHOTO/ MARWAN NAAMANI

"Notre président, c'est Mohamed Morsi", proclament des affiches. A Kerdassa, bastion des Frères musulmans près du Caire, on boycotte la présidentielle et son grand favori, l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi qui a destitué le président islamiste l'année dernière.

Cette ville à 35 kilomètres au sud-ouest de la capitale, désertée depuis des mois par les forces de l'ordre, marche à contre-courant du véritable culte de la personnalité dont jouit le maréchal à la retraite Sissi depuis qu'il a renversé M. Morsi et qu'il a lancé policiers et soldats dans une sanglante répression de ses partisans.

Kerdassa porte encore les stigmates des affrontements entre les deux camps. Son commissariat incendié et partiellement détruit trône sur la place principale, vide et arborant un "Sissi assassin" rageur peint sur son mur d'enceinte.

Le 14 août 2013, 13 policiers ont été tués là, au moment même où plus de 700 manifestants pro-Morsi périssaient en quelques heures sous les balles des forces de l'ordre au cœur du Caire.
Depuis, Kerdassa a été désertée par les policiers et militaires qui n'y pénètrent plus que lors de vastes opérations coup-de-poing.

 

(Repère : La présidentielle égyptienne en 10 points)

 

Cela n'empêche pas Mohamed Gamal, emprisonné cinq mois après ces violences, de dénoncer avec véhémence le nouveau pouvoir dirigé de facto par M. Sissi.
"Je boycotte ce scrutin parce qu'il n'a aucune légitimité", assène ce membre des Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi qui avait remporté toutes les élections après la révolte populaire et la chute de Hosni Moubarak début 2011.

Le mouvement islamiste vieux de 86 ans a appelé au boycott de l'élection présidentielle, dont la seule inconnue -compte tenu de la popularité du maréchal Sissi confronté à un unique rival- est la participation.
"Sissi a mené un coup d'Etat et tué des jeunes. Son arrivée au pouvoir est la meilleure preuve que c'était bien un coup d'Etat militaire contre le président élu", martèle M. Gamal.

"Après tout le sang"
Le 3 juillet 2013, Sissi, alors chef de l'armée, annonçait à la télévision la destitution et l'arrestation de M. Morsi, invoquant les millions d'Egyptiens descendus dans la rue trois jours plus tôt pour réclamer le départ de ce président démocratiquement élu mais devenu rapidement impopulaire parce qu'il cherchait à accaparer les pouvoirs au profit des Frères musulmans.
Depuis, 1.400 de ses partisans ont été tués, quelque 15.000 personnes arrêtées et des centaines condamnées à mort à l'issue de procès expéditifs qui ont déclenché un tollé international.

Devant le commissariat de Kerdassa, Mahmoud El-Taghich, 23 ans, dit à l'AFP qu'il ne votera pas non plus. "Je ne crois en aucune des élections organisées après le putsch militaire contre Morsi", lâche-t-il.
"Comment pourrais-je voter après tout le sang qui a coulé en Egypte et dans ma ville ?", poursuit-il en montrant du doigt les portraits de "martyrs", dont certains étaient ses amis, accrochés au mur.

Seuls trois bureaux de vote sur cinq prévus sont ouverts "pour éviter des heurts et des émeutes", explique un officier de police posté devant une des écoles où est organisé le scrutin.
Juste derrière lui, des graffitis proclament sur les murs: "A bas le régime militaire". Ici, contrairement au reste du pays où ils s'étalent par millions, pas un seul portrait de M. Sissi n'est visible.

Mohamed Farag, membre du parti salafiste Al-Nour, votera pour Sissi, bête noire des Frères musulmans mais homme providentiel pour une majorité de l'opinion publique violemment anti-Morsi.
"Nous soutenons Sissi parce qu'il n'a pas d'idéologie particulière, si ce n'est l'intérêt du pays", explique-t-il. Parce qu'ils ont rallié Sissi et qu'ils font actuellement campagne pour lui, les ultra-conservateurs d'Al-Nour sont désormais la seule force politique islamiste autorisée en Egypte.
Les Frères musulmans de M. Morsi, eux, ont été déclarés "organisation terroriste".

 

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"Notre président, c'est Mohamed Morsi", proclament des affiches. A Kerdassa, bastion des Frères musulmans près du Caire, on boycotte la présidentielle et son grand favori, l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi qui a destitué le président islamiste l'année dernière.Cette ville à 35 kilomètres au sud-ouest de la capitale, désertée depuis des mois par les forces de l'ordre, marche...

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