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À La Une - Crise

Présidentielle ukrainienne : Porochenko promet de "mettre fin à la guerre"

L'oligarque arriverait largement en tête devant Timochenko.

Le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko s'exprime devant la presse après avoir voté lors de la présidentielle ukrainienne, le 25 mai 2014 à Kiev. Sergei Supinsky/AFP

Le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko, donné vainqueur de la présidentielle de dimanche en Ukraine, s'est fixé pour priorités de mettre fin à la guerre dans l'Est séparatiste, où le scrutin n'a quasiment pas pu avoir lieu, et de mener son pays sur la voie de l'intégration européenne.

Crédité de près de 56% des suffrages par les sondages à la sortie des bureaux de vote, l'homme d'affaires de 48 ans (voir son portrait ici), deux fois ministre de précédents gouvernements, n'a pas attendu les résultats officiels pour détailler les premières mesures qu'il prendra en tant que chef de l'Etat : se rendre dans les régions du Donbass en proie à une insurrection armée prorusse, « ramener la paix en Ukraine » et convoquer dès cette année des élections législatives anticipées.

 

Un travail titanesque attend le futur président qui devra gérer tout autant l'absence de l'Etat, mise en lumière par la rébellion dans l'Est, que la quasi-faillite de l'économie ukrainienne, ainsi que des réformes économiques impopulaires imposées en échange de l'aide de 27 milliards de dollars consentie par le FMI, la Banque mondiale et l'Union européenne.

Le cinquième président de l'Ukraine indépendante devra également négocier avec la Russie sur la dette gazière que son pays a contractée auprès d'elle, un dossier qui inquiète les Européens, tributaires du gaz russe.


Elu au 1er tour ?

L'oligarque arriverait largement en tête, devant l'égérie de la Révolution orange de 2004, Ioulia Timochenko, qui ne recueillerait que 13% des voix, selon un sondage à la sortie des bureaux de vote réalisé par un consortium d'instituts ukrainiens.

Le député populiste Oleg Liachko, 42 ans, coutumier des déclarations à l'emporte-pièce, arriverait en 3e position à la surprise générale avec 8% des suffrages. Le vote a consacré la cuisante défaite des candidats ultra-nationalistes qui s'étaient illustrés sur le Maïdan.

(Lire aussi: Présidentielle en Ukraine: des milliardaires, des nationalistes, des pro-russes, et une diva)

 

Si les résultats de ces sondages se confirment, M. Porochenko sera élu dès le premier tour, ce qui constituerait une première depuis l'élection de Léonid Kravtchouk en 1991 après la dislocation de l'URSS.

Le scrutin, soutenu par les Occidentaux, s'est déroulé après six mois d'une crise politique sans précédent, marquée par la sanglante répression du mouvement pro-européen de contestation de Maïdan, le rattachement express de la Crimée à la Russie et une insurrection armée prorusse qui a pratiquement coupé l'Est russophone du reste de l'Ukraine.

L'élection avait pour toile de fond un affrontement géopolitique entre les Occidentaux et Vladimir Poutine dont le pays fait un grand retour sur le devant de la scène internationale.

Le président américain Barack Obama a salué le «courage» des électeurs qui se sont rendus aux urnes dans l'Est de l'Ukraine, «malgré les provocations et la violence».

Longues files d'attente

Plus de 36 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes. «J'espère que cette élection ramènera enfin la paix en Ukraine», a résumé Oleg, un homme d'affaires de 38 ans à Lviv, à 80 km de la Pologne.

Une enseignante de 31 ans, Irina Myssak, attend, quant à elle, du président élu qu'il «conduise l'Ukraine à l'Otan et à l'Union européenne». «Et je ne veux plus jamais voir ce qui se déroule dans l'Est», a-t-elle ajouté, faisant allusion à l'insurrection armée ayant gagné les régions frontalières de la Russie, théâtre de combats avec l'armée ukrainienne qui ont fait plus de 150 morts depuis le 13 avril.

(Lire aussi : Nouvelle guerre froide ou simple calcul des risques ?)

 

Dans le bastion rebelle de Donetsk, aucun bureau de vote n'a ouvert et les rues de la ville sont restées désertes. «L'Ukraine est maintenant un autre pays, donc je ne vois pas pourquoi nous devrions prendre part à cette élection», a déclaré à l'AFP Elisaveta, dans le centre-ville de Donetsk. «Peu importe le résultat, cela ne nous concerne plus aujourd'hui», a-t-elle ajouté.

Recrudescence des violences

Dans l'après-midi, environ 2.000 personnes ont affiché leur soutien aux séparatistes dans le centre de Donetsk, protégées par des hommes armés en tenue de camouflage et portant des cagoules.

«Vous êtes nos héros !», lançait la foule. «Pas de prisonniers, tuez-les !»

Cependant, aucun combat entre insurgés et soldats ukrainiens n'a été signalé pendant le scrutin.

L'élection avait peu de chances de se dérouler, avec la peur des gens d'aller voter, les commissions électorales locales sous le contrôle des séparatistes ou tout simplement en raison de l'absence d'urnes et de bulletins dans certains bureaux de vote.

Dans un apparent geste d'apaisement, Vladimir Poutine avait annoncé vendredi qu'il respecterait le «choix du peuple ukrainien».

Son Premier ministre Dmitri Medvedev s'est rendu en Crimée, rattachée à la Russie en mars, un déplacement dénoncé par Kiev comme une «provocation délibérée» le jour du scrutin.

La fin de la campagne a été marquée par la recrudescence des combats sur le «front de l'Est», dans la région de Donetsk où 26 personnes, en majorité des soldats ukrainiens, ont péri dans des affrontements entre séparatistes et forces loyales à Kiev.

Un photographe italien et un défenseur russe des droits de l'Homme ont été tués par des tirs d'obus. Il s'agit du premier journaliste à trouver la mort dans l'Est depuis le début des combats en avril.

 

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