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Enjeux et acteurs : les clés pour décrypter les élections européennes

Jeudi dernier, les Britanniques et les Néerlandais ont donné le coup d'envoi d'élections européennes qui s'annoncent marquées par la montée des partis europhobes et populistes ainsi que par une forte abstention. Etalées sur quatre jours dans les 28 pays de l'Union européenne, ces élections destinées à désigner pour cinq ans les 751 députés du Parlement européen pourraient voir les partis anti-UE réaliser des scores historiques dans plusieurs pays-pivots.

Quelques clés pour décrypter ce scrutin.

Les drapeaux européens à l'entrée du siège de la commission de l'Union Européenne à Bruxelles. AFP PHOTO GEORGES GOBET

LES CINQ ENJEUX DES EUROPÉENNES

Niveau de l'abstention, montée des extrêmes, rapport droite-gauche, constitution d'une majorité, choix du président de la Commission, voici les principaux enjeux des élections européennes.

 

1-L'abstention


Un nouveau record est attendu cette année. Depuis les premières élections du Parlement européen au suffrage universel direct en 1979, l'abstention ne cesse d'augmenter. Elle est passée de 37% à 57% lors du dernier scrutin en 2009, avec des pointes à plus de 70% dans plusieurs pays de l'Est.

 


Une faible participation sape la représentativité et la légitimité des élus. Elle peut aussi favoriser les extrêmes, dont les électeurs sont plus mobilisés que ceux des partis de gouvernement lors des élections européennes, considérées comme de second rang.

 

 

2-La montée des extrêmes

Tous les sondages concordent pour dire que les partis anti-européens de droite et d'extrême droite vont connaître une poussée. Ce sera le cas notamment dans des grands pays comme la France et le Royaume-Uni, mais aussi les Pays-Bas, l'Autriche et la Grèce.
Trois groupes pourraient exister à la droite du PPE, le grand parti de centre-droit européen: les conservateurs autour des britanniques et des polonais, les europhobes de l'Ukip britannique et l'extrême droite autour du Front national français et du PVV néerlandais.

La gauche radicale devrait aussi fortement progresser, doublant les Verts et les conservateurs britanniques.

 

 

Les formations pro-européennes conserveront une solide majorité, avec quelque 520 députés soit plus des deux tiers des 751 sièges. Mais une majorité écornée et manquant de clarté.

 

3-Le rapport droite-gauche


Au sein des pro-européens, le rapport de force va lui aussi changer. Le PPE avait largement remporté les élections de 2009, avec 275 sièges contre 195 aux socialistes. Selon les derniers sondages, le rééquilibrage va être spectaculaire, avec la perte de près de 60 sièges pour le PPE et un gain de cinq à 10 pour les socialistes. La droite devrait conserver une avance d'une quinzaine de sièges.
Les Libéraux et les Verts sont en perte de vitesse. Mais les premiers pourraient recevoir quelques renforts français, tchèques et espagnols pour limiter les dégâts.

 

4-Quelle majorité?


Il n'y aura pas de majorité possible sans une entente entre le centre-droit et les socialistes. Les alliances alternatives de droite ou de gauche n'atteignent pas la majorité des 376 voix, nécessaires pour investir le futur président de la Commission européenne.
Cette grande coalition entre droite et gauche modérées, qui existe dans nombre de pays européens (Allemagne, Italie, Autriche, Belgique, Grèce notamment), est aussi un mode de fonctionnement traditionnel de l'Union européenne. C'est le cas au sein du Parlement européen, où les deux groupes se sont partagés la présidence deux ans et demi chacun et où ils votent souvent ensemble les textes. C'est aussi le cas au Conseil, avec des chefs d'Etat et de gouvernement de droite comme de gauche, et au sein de la Commission, dont les membres sont majoritairement PPE, mais aussi socialistes et libéraux.

 

 

5-Quel président pour la commission?


Lors des scrutins précédents, les chefs d'Etat et de gouvernement choisissaient le président de la Commission européenne à huis clos. Cette année, les choses ont changé. Le traité de Lisbonne prévoit qu'ils tiennent compte du résultat des élections.
Les partis pan-européens ont décidé de présenter des candidats à la présidence, notamment le chrétien-démocrate Jean-Claude Juncker et le socialiste Martin Schulz. Mais les dirigeants n'ont pas dit leur dernier mot, et d'autres noms circulent depuis des semaines.

 

                          Martin Schulz et Jean-Claude Juncker. Photos AFP

 

Le libéral belge Guy Verhofstadt se tient ainsi en embuscade. Le jeu reste également ouvert entre plusieurs chefs de gouvernement de l'UE, voire la patronne du FMI, la française Christine Lagarde.
La chancelière allemande Angela Merkel, hostile à cette logique parlementaire, a prévenu que les "négociations" allaient durer "plusieurs semaines". Le prochain chef de l'exécutif européen devra certes disposer "d'une majorité" au Parlement, mais aussi "d'une large majorité" des chefs d'Etat et de gouvernement, a prévenu le président du Conseil, Herman Van Rompuy.

 

 

LES ACTEURS

 

Les élections européennes seront marquées par une poussée des anti-européens et détermineront le choix du prochain président de la Commission européenne. Plusieurs acteurs joueront un rôle de premier plan.

 

L'abstentionniste

                         Photo AFP


L'abstentionniste est en général plutôt jeune et avec un faible niveau d'études. Mais à de tels niveaux, le phénomène touche toutes les catégories de la population.

 

La nationaliste

                                        Marine Le Pen. Photo AFP


Si le Front national français, crédité d'environ un quart des suffrages, arrive en tête en France dimanche soir, cela provoquera un nouveau séisme dans le pays. Ce sera aussi le symbole de la poussée des anti-européens, et plus particulièrement de l'extrême droite, dans l'ensemble de l'UE.
Marine Le Pen est en passe de réaliser son pari de constituer un groupe, en s'alliant notamment avec le PVV néerlandais et le FPÖ autrichien, ce qui lui permettra d'être plus visible au sein du Parlement. Elle a succédé à la tête du Front national à son père, dont elle a hérité des idées, même si elle oeuvre depuis des années à dé-diaboliser le parti. A la faveur de la crise, le FN a opté pour un discours plus social.

 

L'europhobe

                                       Nigel Farage. Photo AFP

 

Le Britannique Nigel Farage (voir son portrait ici) représente une autre facette de la mouvance europhobe. Lui qui dispose déjà d'un groupe, sortira renforcé des élections. Lui aussi anti-européen et anti-immigrés, il refuse toute alliance avec l'extrême droite, en dénonçant notamment "l'antisémitisme" du FN.
S'il parvient à attirer les bataillons du populiste italien Beppe Grillo, il pourrait contester aux Libéraux la place de troisième groupe du Parlement, devancer largement ses adversaires conservateurs britanniques sur lesquels il accentuerait la pression dans la perspective d'un référendum sur une sortie du Royaume-Uni de l'UE, et éclipser Marine Le Pen.

 

La révélation

                                        Capture d'écran de campaign.europeangreens.eu/

 

Députée européenne sortante, l'Allemande Ska Keller était quasiment inconnue avant les élections. Désignée contre toute attente par les militants pour mener la campagne des Verts, la jeune femme a crevé l'écran lors des débats télévisés. Farouchement pro-européenne, elle incarne l'antithèse des europhobes, en plaidant pour une Europe plus ouverte à l'immigration, et une relance par l'écologie et l'éducation.
Malgré l'érosion attendue des Verts, cette élue brillante et combative ne devrait pas disparaître du paysage face à la co-présidente sortante du groupe, Rebecca Harms, elle aussi allemande, et à son colistier, le français José Bové.

 

La patronne

                                        Angela Merkel. Photo AFP


Qualifiée parfois de "femme la plus puissante du monde", Angela Merkel est sans conteste la vraie patronne de l'Europe. A la tête du premier pays de l'UE, tant en terme de population que de richesse, ses choix pèsent lourds, à défaut de toujours s'imposer.
Cette fois encore, l'Allemagne va envoyer au Parlement européen les plus fortes délégations au sein des deux groupes principaux. A eux seuls, les chrétiens-démocrates de Mme Merkel, donnés largement vainqueurs, et les sociaux-démocrates, qui gouvernent ensemble à Berlin, devraient représenter près de 10% des sièges.
Un atout non négligeable dans la main de la chancelière, notamment quand il s'agira de désigner le prochain président de la Commission.

 

 Le député européen

 

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