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Liban - Éclairage

Présidentielle : le suspense des dernières heures perdure

Moins d'une semaine nous sépare du jour J, date à laquelle un nouveau président de la République devrait être élu. Si et seulement si le concept du « devoir » – constitutionnel, dans ce cas précis – continue d'avoir un sens et une portée au Liban.
Alors que certains analystes continuent de considérer l'éventualité d'un « vacuum » à ce poste important par sa portée symbolique et morale, plusieurs responsables politiques, proches du Hezbollah, sont convaincus que les parlementaires finiront en dernier ressort par s'entendre pour pourvoir au poste de la Première magistrature.
Non pas qu'une entente sur « le candidat idéal » ou « l'homme de l'heure » soit chose simple.


Inutile de rappeler que l'opération césarienne qui prévaut depuis quelques semaines déjà pour que puisse se préciser et se concrétiser le choix du futur dirigeant du pays est des plus douloureuses. Il n'en reste pas moins que dans les hautes sphères politiques, nombreux sont ceux qui sont convaincus que l'élection aura lieu en dernière minute.
À défaut, affirme une source proche du dossier, « les parlementaires devront assumer la fronde de la rue qui gronde depuis un certain temps, mais aussi, le risque de se voir traîner dans la boue par une société civile, qui n'a cessé de hausser le ton depuis un certain temps. Suivez les médias sociaux et les mouvements revendicatifs, c'est eux qui vous donnent désormais le pouls et l'humeur de la rue ».
La source explique que le risque du vide existe toujours, certes, d'autant que la tentation pour les députés d'autoproroger leur mandat une fois de plus est grande.
« Sauf que cette fois-ci, elle est bien plus risquée alors que la société civile, pour ne pas dire une grande majorité de Libanais, scrute avec vigilance cette échéance, et d'autres d'ailleurs. »

 

(Voir: Qu'attendez-vous du prochain président libanais?)


Dans les milieux du Hezbollah, le ton est plus affirmatif : il n'est pas question de laisser un vide à ce poste. L'élection aura lieu sans aucun doute, même si le bras de fer va durer jusqu'à la dernière seconde, assure une source proche du parti chiite.
Il reste, bien évidemment, la question majeure de savoir quel sera le candidat qui réussira à faire, sinon l'unanimité – c'est trop rêvé dans les circonstances actuelles – du moins à obtenir la majorité absolue une fois le quorum des deux tiers, imposé par la force des choses, assuré.


Dans les coulisses, le nom du gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, est souvent murmuré, très discrètement d'ailleurs, mais le candidat technocrate est perçu par beaucoup comme étant la solution « médiane ». Celle qui, en définitive, contenterait tout le monde, bon gré mal gré, « si et seulement si toutes les chances du chef du CPL, Michel Aoun, sont épuisées », insiste une source qui suit de près le dossier.
Une affirmation que confirment les milieux du Hezbollah qui assurent que le parti, « même s'il ne crie pas sur tous les toits le nom de son candidat favori, le soutiendra jusqu'à la dernière minute ».
« Nous n'avons pas de plan B, ou de candidat de substitution au cas où le général Aoun ne recueillerait pas l'aval d'une large majorité des forces politiques nécessaires pour son élection. ». « Nous mènerons la bataille à ses côtés jusqu'au bout », ajoute-t-on dans ces milieux.


Selon une source informée, il est encore trop top d'envisager une autre carte que celle du chef du CPL, pour la simple raison qu'« il reste, avec ses députés, une force majeure au sein du Parlement ».
« Son bloc mettra tout son poids dans la balance pour mettre toutes les chances de son côté », croit savoir la source.
Cet observateur averti mentionne au passage la fameuse réunion qui s'est déroulée hier à Paris entre les chefs des FL et du courant du Futur, au cours de laquelle Saad Hariri aurait clairement informé Samir Geagea de « la nécessité de laisser la porte ouverte à la candidature de M. Aoun ». Des indiscrétions que confirment certains milieux proches du 14 Mars.
« D'ici à mercredi soir, insiste la source précitée, aucune autre hypothèse ne peut être envisagée. Après cette date, les négociations commenceront sérieusement, à très haut niveau. »

 

(Lire aussi : Geagea : On ne devient pas candidat d'entente du jour au lendemain)


À la question de savoir si les rumeurs faisant état d'une éventuelle bénédiction que pourrait donner l'Iran à Riad Salamé, la source est catégorique : personne au sein du 8 Mars, y compris l'Iran, et à leur tête M. Aoun, ne veut brûler ses cartes à ce stade de l'enjeu. C'est encore tôt, rappelle la même source, laissant entrevoir qu'un boycott de la part du chef des CPL à la dernière minute, quoique indésirable, pourrait toujours avoir lieu.
Il faut garder en tête que même si l'élection d'un nouveau président est « une nécessité symbolique et morale pour beaucoup de Libanais, y compris pour les chrétiens, il n'en reste pas moins qu'une partie d'entre eux (comprendre ceux qui soutiennent le CPL) ne paniquent plus à l'idée d'un danger imminent et menaçant pour leur existence, au lendemain du compromis auquel la communauté internationale est parvenue en Syrie », assure un analyste proche du 8 Mars.


Un avis que dément une source opposée qui met en garde contre toute une série de dangers qui menacent le pays en cas de vide à la tête de la présidence, d'autant qu'il surviendrait au lendemain d'un vide de onze mois avant la naissance, aux forceps, du dernier gouvernement.
« Cette fois-ci, le danger n'est plus seulement sécuritaire – la menace jihadiste et la situation à Tripoli sont certes jugulées, mais rien n'est irréversible et le risque d'un retour à l'instabilité guette également au plan de la situation socio-économique catastrophique. »

 

(Lire aussi : Samedi, la fontaine de Baabda sera éteinte avant le départ du président sortant


Côté américain, on persiste et signe avec la France que le mot d'ordre est à « l'élection d'un président à tout prix ».
« Les États-Unis ne rentrent pas dans le jeu des noms, assure une source proche des milieux diplomatiques US, mais insistent auprès des responsables libanais sur l'importance que l'échéance ait lieu. » Et d'ajouter : « Une chose est certaine, les milieux diplomatiques de l'ambassade US à Beyrouth sont très mécontents des rumeurs selon lesquelles les Américains soutiendraient la candidature de M. Aoun. Une promotion que n'avalise en aucun cas l'ambassade ici. »


Refusant de rentrer dans le jeu officiel des noms, ou de commenter les chances d'un Riad Salamé, la source proche de l'ambassade US conclut par ses mots : « Selon toute logique, le candidat technocrate pourrait bien bénéficier de l'aval US, sur la base de son profil, politiquement neutre et de sa réputation relativement intacte. »

 

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