Les Amis de la Syrie dénoncent la « farce » électorale du régime

À l'approche du scrutin présidentiel du 3 juin qui devrait voir la réélection sans surprise de Bachar el-Assad, les onze Amis de la Syrie – Royaume-Uni, Allemagne, Italie, France, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Égypte, Jordanie, États-Unis, Turquie – ont dénoncé à Londres, en présence du chef de l'opposition syrienne Ahmad Jarba, un scrutin « illégitime » et une « parodie de démocratie ». « Nous appelons l'ensemble de la communauté internationale à rejeter ces élections illégitimes, comme la Ligue arabe, les Nations unies, les États-Unis, la Turquie et l'Union européenne l'ont déjà fait », ont souligné les Onze dans un message développé ensuite en conférence de presse par le chef de la diplomatie britannique, William Hague, hôte de la réunion, et son homologue américain John Kerry.
Le secrétaire d'État américain a qualifié de « farce », d'« insulte » et d'« imposture » le scrutin à venir, qui se déroulera uniquement dans les territoires contrôlés par le régime dans un pays ravagé par trois années de conflit.

(Voir : Vieille ville de Homs, les images du ravage)

« Non vérifiés, non confirmés »
John Kerry a, par ailleurs, déclaré avoir connaissance d'éléments « non vérifiés, non confirmés » suggérant l'utilisation d'armes chimiques au chlore en Syrie. « J'ai vu des données brutes qui suggèrent, comme la France l'a déjà indiqué, que du chlore a été utilisé à plusieurs reprises dans le cadre de la guerre », a-t-il souligné, sans préciser quel camp était soupçonné d'avoir eu recours à ces armes. En visite à Washington mardi, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius avait assuré que le régime syrien avait utilisé à 14 reprises des armes chimiques, notamment du chlore, depuis octobre. Le même jour, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a également fait état de preuves solides sur des attaques au chlore menées par le régime syrien dans trois villes à la mi-avril. « Nous avons donc décidé de demander au Conseil de sécurité de porter à la connaissance de la Cour pénale internationale les faits sur le terrain. Ce n'est pas parce qu'il y a un risque de veto que nous devons soutenir l'impunité de Bachar el-Assad », a souligné Laurent Fabius hier à Londres.

Créé en 2012 pour soutenir l'opposition au régime de Bachar el-Assad, et contrer les veto de la Chine et de la Russie aux résolutions de l'ONU, le groupe des Amis de la Syrie ne s'était pas réuni depuis janvier dernier. À défaut de relancer un processus de paix au point mort, les Onze ont conforté leur soutien à l'opposition démocratique, et tenté de trouver, selon John Kerry, de « nouveaux moyens pour acheminer l'aide humanitaire au peuple syrien », indépendamment des circuits officiels syriens.
Par ailleurs, et une semaine après un geste symbolique analogue de Washington, Londres a décidé d'élever au rang de mission diplomatique le bureau de représentation de l'opposition syrienne dans la capitale britannique, « en reconnaissance de la force de nos partenaires », a annoncé hier William Hague.
Pour ce qui est du nouvel émissaire international de l'ONU pour la Syrie qui va être désigné bientôt, il devra être un « politicien respecté », capable d'être reconnu à la fois par le régime et par l'opposition, a déclaré hier le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov.

En état de choc
D'autre part, les rebelles ont fait exploser plus de 60 tonnes d'explosifs sous une base de l'armée syrienne à Idlib, projetant les débrits à plus de 30 mètres du sol, d'après une vidéo diffusée hier sur les réseaux sociaux par le Front Islamique. Un commandant du Front sous le couvert de l'anonymat a indiqué que sa brigade a creusé un tunnel de 850 mètres sous la base de Wadi al-Deif, affirmant que l'explosion les aiderait à prendre plus facilement contrôle de tout le sud de la région d'Idleb. Le bilan restait incertain quelques heures après l'explosion. Parallèlement, les violences faisaient rage dans le reste du pays. Une explosion presque identique a eu lieu dans la ville Deraa, sous une base militaire loyaliste.
Par ailleurs, au moins 43 personnes ont été tuées et plusieurs dizaines ont été blessées dans un attentat à la voiture piégée du côté syrien de la frontière syro-turque, à un point de passage, Bab al-Salama, tenu par des rebelles islamistes. Des photos de l'attentat mises en ligne par des militants montrent notamment des hommes en état de choc debout autour de corps carbonisés. Une vidéo diffusée sur YouTube montre par ailleurs de la fumée s'élevant de la carcasse d'une voiture pulvérisée ainsi que des bagages abandonnés.
À Hama, des rebelles ont touché deux camions du régime transportant des armes lourdes par un missile antichar téléguidé. Par ailleurs, les barils d'explosifs ont fait au moins 40 morts un peu partout sur le territoire.
Enfin, cinq travailleurs humanitaires enlevés en Syrie en janvier ont été libérés, a annoncé hier Médecins sans frontières (MSF).

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