Rechercher
Rechercher

À La Une - Repère

La présidentielle égyptienne en 10 points

Onze mois après l'éviction, annoncée par Abdel Fattah al-Sissi en personne, du premier président égyptien élu démocratiquement, l'islamiste Mohammed Morsi, les Egyptiens sont appelés à élire un nouveau président les 26 et 27 mai.

Vendredi, au dernier jour de la campagne électorale, l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi a appelé ses compatriotes à voter massivement lors de la présidentielle de lundi et mardi. "Vous êtes descendus (dans la rue) le 30 juin car l'Egypte était en danger", a-t-il dit, en allusion aux centaines de milliers de personnes qui avaient manifesté pour réclamer le départ du président Mohammed Morsi issu des Frères musulmans, accusé d'accaparer le pouvoir. "Vous devez descendre maintenant plus qu'aucune autre fois dans l'histoire du pays" pour voter.
Le scrutin se tiendra sur fond de violences quasi quotidiennes. Des heurts entre pro-Morsi et policiers ont encore fait deux morts vendredi au Caire à Fayyoum (sud-ouest), selon le ministère de la Santé. Des rassemblements pro-Morsi ont été dispersés ailleurs dans le pays avec des gaz lacrymogènes.
Le scrutin s'annonce également sans surprise, Abdel Fattah al-Sissi étant assuré de le remporter. Et ce, pour deux raisons : l'implacable répression qu'il a engagée contre les islamistes est populaire dans une majorité de l'opinion publique et son seul rival, l'opposant et politicien de gauche laïque, Hamdine Sabbahi, n'a aucune chance de le battre.

 

1-Qui sont Sissi et Sabbahi?

Abdel Fattah al-Sissi est devenu extrêmement populaire au sein de la population, il suscite des craintes quant à un retour à un régime autoritaire en Égypte.

 

Glissez la souris sur la photo. Archives AFP

 

Son rival, Hamdeen Sabbahi, a été successivement journaliste, poète et opposant de longue date aux régimes de Sadate et de Moubarak.

 

 Glissez la souris sur la photo. Archives AFP

 

2-Pourquoi deux candidats?

Abdel Fattah al-Sissi et Hamdeen Sabbahi sont les seuls à avoir pu récolter les 25.000 procurations requises par la loi pour être candidat à la présidence. Pour ce scrutin, le favori est bien le candidat issu de la toute-puissante armée, Abdel Fattah al-Sissi, largement en avance sur le leader de gauche qui dit incarner les idéaux de la révolte de 2011. Alors que Sabbahi a péniblement collecté 25.000 parrainages (avec le soutien d'Al-Doustour, le parti libéral fondé par le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei), Sissi, lui, en a produit 200.000...

 

3-Qui vote ?

Dans le plus peuplé des pays arabes qui compte 90 millions d'habitants, près de 54 millions d'entre eux sont inscrits sur les listes électorales. Soit 2 millions de plus que lors des dernières élections de mai-juin 2012.

681.000 expatriés égyptiens inscrits sur les listes électorales étaient attendus, du 15 au 18 mai, pour mettre leur bulletin de vote dans l'urne des ambassades égyptiennes. Ils auraient été 85% à voter pour Sissi... 

 

4-Comment se déroule le scrutin?

L'élection présidentielle comprendra un seul et unique tour.

L'UE et la Ligue arabe surveilleront le scrutin dans le cadre du PEC. Dans un premier temps, l'UE avait annoncé l'annulation de cette mission de surveillance faute de garanties sur le bon déroulement du processus électoral.                                                                                                                      

                                                                                     

 

5-Boycott

Le scrutin sera boycotté par les Frères musulmans, la confrérie du président destitué Mohammed Morsi, d'autres formations islamistes ainsi que par le mouvement du 6 avril.

 

 

7-Une fausse campagne...

Depuis l'ouverture de la campagne électorale le 3 mai, Abdel Fattah al-Sissi n'a participé à aucune réunion publique. Le maréchal à la retraite est si populaire chez une vaste majorité des électeurs qu'il n'a pas eu besoin de descendre sur le terrain, et s'est contenté d'esquisser son programme lors d'interviews fleuve accordées à quelques médias égyptiens complaisants.

Hamdeen Sabbahi, lui, a du mouiller la chemise, mais il n'a aucune chance de remporter le scrutin. 

A noter que si les portraits Sissi sont largement présents dans les rues, ceux de Sabbahi sont quasiment inexistants.

 

 

8-...dans un contexte de répression au quotidien

Depuis la chute de Mohammed Morsi en juillet 2013, les autorités dirigées par l'armée mènent une répression implacable contre ses partisans, issus pour la plupart des Frères Musulmans.

La répression sanglante a fait plus de 1.400 morts et quelque 15.000 arrestations. Sans oublier les centaines de personnes qui ont été condamnées à la peine de mort à l'issue de procès expéditifs, au grand dam de nombreuses associations de défense des droits de l'homme. En représailles, des attentats ont tué près de 500 policiers et soldats, d’après le gouvernement.

Si cette répression a suscité la colère des capitales occidentales et de l'ONU, elle n'a pas ému la majorité des Egyptiens.

 

 

9-Les dates marquantes de la répression

-14 août 2013: les forces de l'ordre tuent plus de 700 pro-Morsi au Caire et procèdent à des milliers d'arrestations dans tout le pays. Des islamistes radicaux attaquent la minorité chrétienne. (Lire le reportage, voir les vidéos)

 

AFP/Mahmoud Khale

 

-24 novembre 2013: une loi restreint le droit de manifester, la répression s'étend aux mouvements de la jeunesse, fer de lance de la révolte de 2011, dont le principal (Mouvement du 6 avril) est interdit cinq mois plus tard.

 

-24 décembre 2013: un spectaculaire attentat à la voiture piégée contre le QG de la police à Mansoura (nord) fait 15 morts. Les Frères musulmans de Morsi condamnent mais les autorités, les accusant de cet attentat et de nombreux autres, les déclarent "terroristes".

 

Mohamed Abd El Ghany/Reuters

 

-25 janvier 2014: le troisième anniversaire de la révolte de 2011, qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, provoque 49 morts dans des heurts entre forces de l'ordre et manifestants.

 

Reuters/Amr Abdallah Dalsh

 

10-Répression contre les journalistes aussi

 

Une photo circulant sur les réseaux sociaux : un drapeau égyptien comme un bâillon, pour symboliser la répression contre les journalistes en Egypte.

 

Selon le comité pour la protection des journalistes, la situation de la liberté de la presse en Égypte s'est détériorée de façon alarmante en 2013. Depuis la prise en main du pouvoir par l'armée égyptienne le 3 juillet, il est devenu de plus en plus difficile de faire entendre des voix dissidentes dans les médias égyptiens.

Un certain nombre de journalistes d'Al-Jazeera sont notamment incarcérés depuis des mois, accusés de soutien aux islamistes.

 

 

Lire aussi
« La présidence Sissi ne sera pas un retour au régime Moubarak. Ce sera pire ! »

« Ni Hamdeen ni Sissi... Moi, je vote pour al-Spacey », le clic de Rania Massoud

Pour Sissi, le changement en Egypte devra se faire attendre

Vendredi, au dernier jour de la campagne électorale, l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi a appelé ses compatriotes à voter massivement lors de la présidentielle de lundi et mardi. "Vous êtes descendus (dans la rue) le 30 juin car l'Egypte était en danger", a-t-il dit, en allusion aux centaines de milliers de personnes qui avaient manifesté pour réclamer le départ du président...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut