Le directeur du FBI, James Comey, a récemment mis en garde, lors d'un point de presse au début du mois de mai, contre l'accroissement du nombre de jeunes Occidentaux qui se rendent en Syrie pour combattre dans les rangs des jihadistes contre le régime de Bachar el-Assad. Le responsable américain a estimé à « plusieurs douzaines » le nombre d'Américains qui se sont engagés dans le confit syrien. Au total, a-t-il précisé, non moins de 2 800 jeunes des pays occidentaux participent aux combats. Le ministère français de l'Intérieur évalue à 700 les effectifs des Français impliqués dans cette guerre. Les responsables officiels britanniques soulignent quant à eux que près de 500 ressortissants de Grande-Bretagne se sont enrôlés dans les rangs des organisations extrémistes pour participer à la lutte contre le clan Assad.
L'ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, David Hale, avait déjà souligné, à la fin du mois de mars, que le régime de Bachar el-Assad est devenu un catalyseur ayant pour effet d'attirer et de renforcer « la menace extrémiste et takfiriste en Syrie et au Liban ». Exhortant le Hezbollah à mettre un terme à son implication dans la guerre syrienne, l'ambassadeur US avait affirmé que « toute partie qui soutient Assad ne fait que prolonger le conflit et permettre, par voie de conséquence, à ces mouvements (extrémistes) de prendre de l'ampleur ».
Lors de son point de presse, le directeur du FBI avait clairement exprimé la crainte que ce flux de jeunes Américains et Occidentaux qui rejoignent les rangs des jihadistes en Syrie débouche plus tard sur des attentats semblables à ceux du 11-Septembre. Pour James Comey, les risques sont grands que nombre de ces volontaires occidentaux soient encore plus radicalisés lors de leur séjour syrien et qu'ils rentrent dans leurs pays d'origine pour y exécuter des attentats terroristes à l'instigation el-Qaëda.
Les observations du directeur du FBI et de l'ambassadeur Hale dépeignent effectivement la réalité de la situation. Sauf que la politique suivie par l'administration Obama est totalement aux antipodes de telles observations. Le chef de la Maison-Blanche continue de faire obstruction à la livraison d'armes dites « létales » (essentiellement des missiles antiaériens) à l'opposition syrienne, alors que l'Iran et la Russie fournissent sans relâche toutes sortes de munitions et d'armes sophistiquées au pouvoir alaouite, sans compter les combattants et les experts. Il est même question de la prochaine livraison de nouveaux avions militaires russes à Damas.
Face à ce déferlement d'armes et de munitions russes et iraniennes, l'embargo imposé par le président Obama sur l'équipement militaire destiné aux opposants a pour résultat de renforcer le régime d'Assad, celui-là même qui est qualifié par David Hale de catalyseur ou d'« aimant » (pour reprendre son propre terme) qui attire « la menace extrémiste et takfiriste en Syrie et au Liban ». Surprenant paradoxe... À moins que l'administration US n'ait effectivement pour but de booster les courants extrémistes et radicaux dans la région. Car, en passant sous silence la mainmise progressive du Hezbollah sur le Liban et la Syrie (dans la perspective peut-être d'un deal stratégique avec la République des mollahs), et en favorisant le renflouement d'un pouvoir qui bombarde son propre peuple au moyen de son aviation militaire, de missiles balistiques et de barils bourrés d'explosifs, tout en empêchant les opposants de se munir de moyens de défense appropriés, le chef de la Maison-Blanche applique une politique dont l'aboutissement logique est précisément de stimuler la montée aux extrêmes au Liban, en Syrie et dans toute la région.
Belle entreprise de déstabilisation à outrance et de radicalisation généralisée, avec pour objectif de favoriser l'extrémisme pour mieux semer le chaos... Soit. C'est ce qu'on appelle couramment la realpolitik. À part que les tenants de cette cynique politique ne peuvent ignorer un facteur indéniable : c'est la complicité de facto du président Obama face aux massacres perpétrés quotidiennement par le clan Assad qui provoque un sentiment de révolte parmi des centaines de jeunes Occidentaux, et c'est par réaction que ces derniers s'enrôlent dans les rangs jihadistes.
D'aucuns pourraient affirmer que c'est précisément pour combattre cette contagion jihadiste occidentale que Washington favorise la sauvegarde du régime Assad. Grave erreur de jugement : c'est, bien au contraire, en œuvrant à maintenir au pouvoir le tyran de Damas que le président Obama accroît le sentiment de révolte parmi les jeunes et, donc, le danger terroriste. C'est ce sentiment de révolte contre le mutisme observé face aux agissements du clan Assad et non la mouvance jihadiste en tant que telle qui constitue le catalyseur à l'enrôlement des jeunes Occidentaux. Si tel n'était pas le cas, on aurait assisté au même phénomène d'engouement pour le Yémen ou même l'Irak, à titre d'exemple. Face à cette funeste réalité, le directeur du FBI ne serait-il qu'une voix qui crie dans le désert ?
commentaires (7)
Priere de rajouter a ma liste de pays aimants du salafowahabisme binsaoud ,sans hezb resistant present , 2 autres pays , le Mali et le Nigeria . Au fur et a mesure que je me rappellerai d'autres pays aimants, je vous le ferai savoir , merci .
FRIK-A-FRAK
12 h 48, le 13 mai 2014