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L’art du « faire avec »

Mais qu'est-ce qui leur prend, tous, de courir derrière le fameux Graal, de se couper en quatre pour saisir l'insaisissable ? Qu'est-ce qui les motive pour se lancer dans une course d'obstacles qui les fera inévitablement trébucher ? Quelle est donc cette obsession dévorante qui leur brûle les entrailles et leur fait croire que même les mirages sont appelés un jour à devenir réalité ? Dans leur viseur un objectif : le siège de tous les rêves, un siège qui n'est qu'un piège, mais qui les attire comme un aimant...

Que leur chaut que d'autres s'y soient cassé les dents ou aient connu des fins de règne peu glorieux, eux c'est évidemment autre chose et là où les autres ont échoué, eux réussiront sûrement... parole de présidentiable !

C'est donc de la magistrature suprême qu'il s'agit, d'une fonction toujours acclamée, toujours décriée et qui résume en elle toutes les contradictions, toutes les vicissitudes, toutes les déceptions mais aussi tous les espoirs d'un pays qui n'a connu tout au long de son histoire que conflits sanglants, courtes rémissions et nouvelles atteintes à son intégrité.

Que les présidentiables d'aujourd'hui soient mus par le sentiment réel du devoir national ou par des ambitions d'outrageante gloriole, il est certain que l'élu, quel qu'il soit, sera confronté à une situation inextricable, celle que ses prédécesseurs ont connue et qu'ils n'ont pas réussi à démêler, et à laquelle il faut ajouter le dossier explosif des bientôt deux millions de réfugiés syriens établis au Liban.

Pris au piège, le futur président le sera inévitablement : de faits accomplis en manœuvres d'intimidation, « l'heureux élu » sera tout au plus un gestionnaire de crises, d'événements échappant à tout contrôle, qu'il s'agisse des velléités « indépendantistes » du Hezbollah ou des conséquences locales de la guerre civile qui détruit la Syrie et qui joue les prolongations du fait de l'entêtement de Bachar el-Assad à accaparer le pouvoir.

Ni homme de défi ni chiffe molle, le futur locataire de Baabda sera fort par sa faculté à « faire avec », à éviter la confrontation tout en maintenant les dégâts dans les limites du raisonnable. Triste constat mais réalité imposée par les conditions géopolitiques du moment, celles qui se façonnent dans la douleur dans la région environnante et celles qui déterminent le cours des choses sur la scène libanaise.

De l'Iran à l'Arabie saoudite, de l'Irak à la Syrie, avec en toile de fond la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Russie, il y a là de quoi se poser mille questions et de s'interroger sur la capacité du Liban à maintenir le cap, à garder la tête hors de l'eau, alors que toutes les conditions du naufrage sont réunies.

Alors de grâce, qu'on en termine avec la mascarade des tours de vote stériles au Parlement, des défauts de quorum et autres débandades annoncées et qu'on élise enfin un président consensuel, agréé par tous, celui qui n'aura de comptes à rendre ni à un camp politique ni à un autre. Celui qui saura « faire avec » en attendant le temps propice où il pourra, enfin, taper du poing sur la table...

Tout en sachant, fort bien, que ce n'est pas demain la veille !

Mais qu'est-ce qui leur prend, tous, de courir derrière le fameux Graal, de se couper en quatre pour saisir l'insaisissable ? Qu'est-ce qui les motive pour se lancer dans une course d'obstacles qui les fera inévitablement trébucher ? Quelle est donc cette obsession dévorante qui leur brûle les entrailles et leur fait croire que même les mirages sont appelés un jour à devenir réalité ?...

commentaires (4)

Seul en effet un président consensuel, agréé par tous et sutout fort pourra sauver le pays pour pouvoir sauver le pays de l’implantation des palestiniens et maintenant les syriens .

Sabbagha Antoine

15 h 48, le 05 mai 2014

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Commentaires (4)

  • Seul en effet un président consensuel, agréé par tous et sutout fort pourra sauver le pays pour pouvoir sauver le pays de l’implantation des palestiniens et maintenant les syriens .

    Sabbagha Antoine

    15 h 48, le 05 mai 2014

  • Le cri du Coeur est bien ressenti , mais Nagib Aoun pourra t il expliquer en quoi , le hezb resistant a des "velleites independantistes " ?????????????? A mon avis si ca avait ete le cas , ca se serait deja su !!

    FRIK-A-FRAK

    10 h 42, le 05 mai 2014

  • Le Liban est attaqué du dedans par un cancer. Autorités civiles et militaires, forces et hommes politiques, peuple et ses institutions religieuses et civiles, bref tout le monde sait qui et comment est ce cancer. Mais personne ne sait comment "faire avec". Tel est l'immense problème de ce pays.

    Halim Abou Chacra

    10 h 00, le 05 mai 2014

  • Le premier qui brilla au Mont-Liban, fin XVIème, fut Facardin. Il fut suivi tardivement par Bachir Chhâââb et Yoûssif Baïk Karam. Mais ce brelan gagnant ne fit pas de vieux os dans ce landerneau ! Fakhréddîne, trop princier aux yeux de Libanais et autres Ottomans enragés, fut dégagé sans tête vers la "Porte" et remplacé par un quelconque sé(yy)ide émir affidé ; ottomanisme compatible ! Quant aux 2 autres, ce fut la Malsanité innée de Libanais puînés qui avaient comme à l'accoutumée relevé le cervelet, qui jeta leurs dépouilles à Malte et en Italie avant d’être rapatriées. Et il fallut attendre l’époque de Gébrâne Khalîl, début XXème, pour que cette Campagne reconnaissante laissât enfin dormir en paix ces 2 grands "indigènes" ! Quelqu'un que Gébrâne aimait, c'était son ami Al-Rîhâni. Khalîl disait d'Amine : Il diffuse on ne sait quelle clarté gaie. Il appréciait chez ce poète un confrère à son image Saine. Le fait est que c'étaient 2 intellectuels qui ne pouvaient être mauvais, puisqu'ils étaient Libres et frappaient sur tout ce qui bougeait de Malsain parmi ces Libanais(h). En mémoire de ces 2 grands hommes, on ajouterait qu’ils ne furent jamais des mercantiles Libanais(h) ! Quoi d'étonnant pour ces 2 Sains éhhh Libanais qui constataient : On est arrivé à Paris avec une piastre trouée en poche, et on est rentré de ce Mahjar-là avec un franc en poche trouée. On n’en a pas eu plus et les voici ; on vous les remet…. en aumône ou en bakchich, kifkif !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 10, le 05 mai 2014

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