À l'avant-veille de la troisième séance de la Chambre, prévue mercredi 7 mai, l'impasse restait quasi totale dans le processus devant mener à l'élection d'un président de la République avant le 25 mai, date de la fin du mandat du président Michel Sleiman. Mais pour la première fois depuis le début de ce processus, les milieux des Forces libanaises ont laissé entendre hier que le chef de ce parti, Samir Geagea, pourrait à terme et sous certaines conditions se retirer de la course. En face, le 8 Mars continue de se dérober à toute annonce franche de candidature, les milieux du Hezbollah réitérant leur credo en faveur d'un président « fidèle à la résistance ».
Fady Karam, député FL du Koura, a ainsi déclaré que Samir Geagea « est prêt à prendre toute décision courageuse et nécessaire pour faciliter l'élection du président de la République », laissant ainsi entendre qu'il serait disposé à retirer sa candidature en faveur d'un autre postulant.
« La bataille de la présidentielle se poursuit pour que parvienne à Baabda le programme du 14 Mars », a dit M. Karam. Toutefois, pour lui, il est « faux de croire que c'est le maintien de la candidature de M. Geagea qui ouvre la voie à la vacance de la présidence ». « Le problème n'est pas dans la candidature de M. Geagea, il est dans la mentalité du 8 Mars », a-t-il dit.
Autre député FL, Antoine Zahra (Batroun) est allé plus loin encore en envisageant l'éventualité d'un chef de l'État « centriste ». « Après l'échec de toutes les séances, nous ne sommes pas contre les concertations à l'intérieur de l'hémicycle entre les députés et leurs états-majors autour d'un président centriste », a-t-il déclaré, tout en se disant contre le fait d'« attendre un compromis qui serait l'œuvre de services de renseignements et un feu vert donné par les maîtres à l'étranger en vue d'installer un président consensuel ».
M. Zahra a fait valoir que la candidature de M. Geagea a « rehaussé le niveau de la présidentielle à un degré qu'elle n'avait plus connu depuis l'époque de la tutelle syrienne ».
Il a enfin mis en garde contre toute vacance présidentielle, avertissant que dans ce cas, « nous ferons en sorte que toutes les institutions constitutionnelles s'arrêtent de fonctionner jusqu'à ce qu'un président soit élu ».
Du côté du bloc du Futur, le ministre d'État pour le Développement administratif, Nabil de Freige, a estimé que si le 8 Mars ne s'était pas retiré de la deuxième séance parlementaire, mercredi dernier, il y aurait eu « une occasion d'élire un président à cent pour cent libanais ».
« À l'extérieur, on se préoccupe essentiellement d'empêcher la vacance de la présidence, et on met de côté les noms », a ajouté M. de Freige, estimant par ailleurs « difficile » que le dialogue en cours entre le Futur et le CPL puisse déboucher sur un soutien par le premier de la candidature du général Michel Aoun.
Mohammad Hajjar, député du Chouf et également membre du bloc du Futur, a annoncé que le 14 Mars s'apprête une nouvelle fois à aller voter après-demain pour Samir Geagea. « J'aurais souhaité que le camp adverse présente un candidat afin que le jeu démocratique prenne son cours normal », a-t-il dit.
Son collègue Hadi Hobeiche (Akkar) a clairement signifié que le chef des FL restait pour le moment le candidat unique du 14 Mars. « Samir Geagea est notre candidat et nous croyons en lui. Cette option ne changera que lorsque M. Geagea ouvrira lui-même la voie à d'autres options », a-t-il dit.
Au sujet de la candidature du député Henri Hélou, M. Hobeiche a souligné que le 14 Mars avait émis une objection sur la forme, l'annonce de sa candidature ayant été faite à Clemenceau (domicile du chef du PSP, Walid Joumblatt), alors qu'il aurait dû lui-même la proclamer avant de recevoir l'investiture de son bloc parlementaire puis des autres. « Mais sur le fond, personne n'est en mesure de faire de la surenchère sur la maronité d'Henri Hélou », a-t-il dit.
Enfin, de Bruxelles où il se trouve, l'ancien député Moustapha Allouche, membre du bureau politique du Futur, s'est prononcé pour l'élection d'un chef de l'État « souverainiste ». « Nous cherchons à couronner notre combat en favorisant l'avènement d'un président engagé à défendre la liberté du Liban et sa souveraineté et à mettre un terme au fléau de la prolifération de toutes les armes non légales », a-t-il déclaré.
(Lire aussi : Sleiman aux députés : « Ne poussez pas le Liban vers une Constituante... »)
Les vues du Hezbollah
De l'autre côté de l'échiquier politique, Nawaf Moussaoui, député (Hezbollah) de Tyr, a réaffirmé que « la résistance a besoin qu'accède à la présidence une personne qui lui a été fidèle et qui n'est pas susceptible de se retourner contre elle en cas de modification du rapport de force ou de développements contraires aux intérêts de la résistance ». « Très clairement, nous voulons une personne dont nous savons qu'elle serait constante dans son engagement à l'égard de la politique de la résistance, quelqu'un qui se tiendrait aux côtés de la résistance même si le monde entier se tenait face à elle », a ajouté M. Moussaoui.
Son collègue Ali Fayad, député de Marjayoun, a tenu des propos similaires sur le président « engagé à l'égard de l'équation de la résistance », assurant par ailleurs que son parti « n'attend personne de l'étranger pour venir lui dicter ce qui est opportun et ce qui ne l'est pas au sujet de la présidence de la République ».
Pour Alain Aoun, député de Baabda et membre du bloc du Changement et de la Réforme, le scénario de mercredi dernier (absence de quorum à la séance parlementaire) pourrait se répéter après-demain, « en cas d'absence de nouvelles données d'ici là ». Il a toutefois souligné « l'importance de l'échéance présidentielle pour le CPL ».
Son collègue Salim Salhab, député du Metn, a rappelé que le chef du CPL, le général Michel Aoun, n'annoncerait sa candidature à la présidence que s'il était agréé comme candidat de consensus. De ce fait, a-t-il expliqué, il n'y aura pas de quorum à la prochaine séance. « Jusqu'ici, il n'y a pas de résultat sur la présidentielle avec le courant du Futur, et ce en dépit de la poursuite des contacts entre les deux parties sur ce sujet et sur d'autres », a-t-il dit.
Enfin, Ali Osseirane, député de Zahrani et membre du bloc berryste, s'est contenté quant à lui d'émettre le souhait de voir élu « un président digne de confiance et capable de rassembler ».
Repère
Qui, quand, comment... Le manuel de l'élection présidentielle libanaise
commentaires (4)
NI DANS LE MUR DE BRIQUES.... ET NI DANS LES BRIQUES VIDES DES "MURS" VIDES DE NOS ABRUTIS !
LA LIBRE EXPRESSION
08 h 58, le 06 mai 2014