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Moyen Orient et Monde - Irak

« Je me fiche de savoir qui est président, tant que c’est un Kurde »

Président depuis 2006, Jalal Talabani est arrivé au terme de ses deux mandats et ne peut pas se représenter. La succession de cet homme, respecté par de nombreux Kurdes et dont le rôle de médiateur dans les crises politiques a été salué au-delà de sa communauté, fait craindre la possibilité de perdre la présidence. Reuters/Jacob Russell

Les Kurdes irakiens pourraient perdre la présidence de l'Irak au lendemain des élections législatives, un poste symbolique mais important, qui maintient le lien ténu entre leur région et Bagdad.
Selon un accord non écrit mais accepté de facto par les trois principales communautés irakiennes, la présidence revient à un Kurde, le Premier ministre est chiite et la présidence du Parlement est donnée à un sunnite. Président depuis 2006, Jalal Talabani, soigné en Allemagne depuis décembre 2012 à la suite d'une attaque cérébrale, est arrivé au terme de ses deux mandats et ne peut pas se représenter. La succession de cet homme, respecté par de nombreux Kurdes et dont le rôle de médiateur dans les crises politiques a été salué au-delà de sa communauté, fait craindre la possibilité de perdre la présidence. Il sera en effet difficile pour les Kurdes de trouver un candidat ayant l'aura de M. Talabani, au moment où l'Union patriotique du Kurdistan, son parti, jadis un des deux plus importants de cette région autonome du nord de l'Irak, est en perte de vitesse. Et certains leaders sunnites ont déjà commencé à faire campagne pour réclamer le poste.
Pourtant, selon Qoubad Talabani, l'un des fils du président et responsable kurde de premier plan, avoir un Kurde à la tête de l'État est nécessaire pour « recréer un Irak qui inclut tout le monde ». « C'est un poste très important, et c'est un poste que les Kurdes voudraient garder, un poste que l'Union patriotique du Kurdistan voudrait conserver », ajoute-t-il.
Si la charge est avant tout symbolique, elle constitue pour les Kurdes une reconnaissance de leur place en Irak, après des décennies de marginalisation et de violences. Des dizaines de milliers de Kurdes ont été tués du temps de Saddam Hussein, dont des milliers dans des attaques chimiques. « Pendant des années, le président a été un Arabe, et nous avons été oppressés », déclare Aram Abdulkarim, un membre des peshmergas, les forces de sécurité kurdes, rencontré à Souleimaniyeh et qui juge essentiel que le fauteuil présidentiel soit occupé par un Kurde.
« Je me fiche de savoir qui est président, tant que c'est un Kurde », renchérit Wahid Hamedamin, un homme âgé vêtu du costume traditionnel kurde, qui vivait autrefois dans un village du Kurdistan cible de l'une des attaques chimiques de Saddam Hussein.

Querelle
S'il est quasi certain que le poste de chef du gouvernement restera aux mains des chiites, le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki ayant de bonnes chances d'être reconduit, la situation est plus floue pour les sunnites et les Kurdes. Une fois les résultats des législatives publiés – ils ne sont pas attendus avant plusieurs semaines – le Parlement doit élire le Premier ministre, le président et le président de la Chambre à la majorité des deux tiers.
À Souleimaniyeh, certains sont prêts à accepter de perdre la présidence en échange du poste de président du Parlement. « Cela reste essentiel pour nous que l'un de ces postes aille à un Kurde », souligne Aram Shekh Muhammed, candidat aux législatives de mercredi sous les couleurs de Goran : « Il est important que les Kurdes aient des droits. »
Pour Michael Knights, chercheur au Washington Institute for Near East Policy, « si les Kurdes n'ont ni l'un (la présidence) ni l'autre (la tête du Parlement), ce serait un gros problème, et un signe que les Arabes retombent dans les anciennes habitudes antikurdes ».
Une déconvenue qui viendrait s'ajouter à la querelle déjà profonde entre Bagdad et la région autonome du Kurdistan irakien, qui s'opposent au sujet du pétrole, de revendications territoriales et de la répartition du pouvoir. La région se plaint depuis longtemps de ne pas recevoir les 17 % du budget fédéral qui doivent lui être alloués, et accusent Bagdad de payer en retard les sommes qu'il veut bien leur verser, considérant le gouvernement fédéral comme responsable des difficultés budgétaires et des retards dans le paiement des salaires. Le président irakien, doté de pouvoirs limités, ne pourra probablement pas remédier à ces problèmes, même s'il est kurde. « Mais cela mettrait un Kurde à la tête de l'Irak au sein de la Ligue arabe et sur la scène internationale », rappelle M. Knights.

(Source : AFP)

Les Kurdes irakiens pourraient perdre la présidence de l'Irak au lendemain des élections législatives, un poste symbolique mais important, qui maintient le lien ténu entre leur région et Bagdad.Selon un accord non écrit mais accepté de facto par les trois principales communautés irakiennes, la présidence revient à un Kurde, le Premier ministre est chiite et la présidence du Parlement...

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