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Lifestyle - Arts du spectacle

L’« utopie » d’Ariane Mnouchkine fête ses 50 ans…

Quatre ans avant Mai 68, le Théâtre du Soleil s'est imprégné des idéaux de l'époque : égalité de salaires, partage des tâches, création collective. C'est toujours le cas aujourd'hui.

À la Cartouchière, les 75 permanents sont payés rigoureusement le même salaire (1800 euros net) et participent aux corvées de nettoyage et d’épluchures. Bertrand Guay/AFP

La compagnie française du Théâtre du Soleil, unique dans le paysage théâtral contemporain pour son utopie «réalisable» du travail collectif, fête ses 50 ans avec la création en mai d'un nouveau spectacle fleuve, Macbeth, dans son fief près de Paris.
Le Théâtre du Soleil a été fondé le 29 mai 1964 comme une «Coopérative ouvrière de production» par des étudiants en théâtre à Paris, dont Ariane Mnouchkine, Philippe Léotard et Jean-Claude Penchenat. La compagnie s'est imposée dans le monde entier avec des spectacles grandioses, mêlant danse et musique, nourris des traditions orientales qu'affectionne Ariane Mnouchkine. À 75 ans, elle est toujours l'âme du Théâtre du Soleil, et les spectateurs qui viendront voir Macbeth pourront la voir à l'entrée, reconnaissable à sa crinière blanche, déchirant les billets avec un sourire pour chacun, comme à son habitude. Née d'un père d'origine russe et producteur de films et d'une mère anglaise fille d'un acteur de la Old Vic Company, elle a débuté le théâtre à Oxford, où son père l'envoya un an. Après quelques années «sans feu ni lieu», dit-elle, la troupe pose ses valises en 1970 dans les bâtiments délabrés de la Cartoucherie, à quelques km de Paris. Les débuts sont héroïques: la troupe squatte le lieu, installe des bâches sur les verrières brisées.
Quatre ans avant le mouvement de contestation politique, sociale et culturelle né en mai 68, le Théâtre du Soleil est imprégné des idéaux de l'époque: égalité de salaires, partage des tâches, création collective. C'est toujours le cas aujourd'hui. Les 75 permanents, payés rigoureusement le même salaire (1800 euros net), participent aux corvées de nettoyage et d'épluchures. «On a montré que l'utopie, ça ne veut pas dire l'irréalisable», confie Ariane Mnouchkine dans un entretien. «Ça n'a pas changé du point de vue de l'égalité des salaires, de l'exactitude, de la masse de travail que je demande à chacun d'entre nous», ajoute-t-elle.
Le travail collectif reste la marque de fabrique du Théâtre du Soleil: la pièce se construit sur le plateau, les rôles ne sont pas attribués à l'avance, le texte s'enrichit d'improvisations. C'est à ce prix que la troupe accouche de spectacles épiques, qui partent régulièrement en tournée à l'étranger, comme récemment en Asie. 1789, la première grande création à la Cartoucherie, attire 281 370 spectateurs. Les naufragés du fol espoir, la dernière création en 2010, a été vue par 100000 spectateurs avant la tournée et le film, diffusé prochainement sur Arte.

Changer le monde
Ariane Mnouckkine «n'a pas renoncé à changer le monde». «Pour certains, ça peut être très fatigant», sourit-elle. Elle a fait la grève de la faim pour la Bosnie, soutenu le combat des sans-papiers. Son exigence est légendaire. «Des fois, ça nous exaspère parce qu'elle pinaille, elle est extrêmement obsessionnelle», confie l'actrice Hélène Cinque. «Parfois, on se dit qu'il faudrait qu'elle se calme un tout petit peu... Mais la maison ne serait pas ce qu'elle est si elle n'était pas comme ça!»
«La maison»: c'est aussi le mot qui vient aux lèvres de Maurice Durozier, vétéran du Soleil parti onze ans mener ses propres aventures avant de revenir. «J'ai compris que ma place était ici», explique-t-il. «En tant qu'acteur il y a quelque chose qui se passe entre Ariane et nous qui est unique. C'est peut-être une question d'amitié, Ariane ne conçoit pas le théâtre sans cette dimension affective.»
Les ruptures sont aussi fracassantes que l'adhésion est totale. «On ne peut pas aller contre une telle puissance», reconnaît Hélène Cinque, «Si on n'adhère pas, on s'en va.» Parmi les grands comédiens passés par la troupe, Philippe Caubère, qui a raconté le fonctionnement de la troupe dans des spectacles plein d'humour, ou encore Simon Abkarian.
Le Théâtre du Soleil a fait des émules à l'étranger. Une de ses pièces mythiques, L'histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du cambodge; (1985) a été remontée l'an dernier avec des acteurs cambodgiens. Ariane Mnouchkine a aussi animé un atelier en Afghanistan en 2005, dont est issu le Théâtre Aftaab (Soleil en langue dari), une jeune troupe afghane hébergée au Théâtre du Soleil, et qui en est à son quatrième spectacle.
L'équilibre du Théâtre du Soleil reste précaire. La troupe reçoit une subvention de 1,6 million d'euros par an et ses membres sont surtout payés «en bonheur et en gloire», sourit Hélène Cixous, qui a coécrit nombre de spectacles du Soleil depuis 1985.
(Source : AFP)

La compagnie française du Théâtre du Soleil, unique dans le paysage théâtral contemporain pour son utopie «réalisable» du travail collectif, fête ses 50 ans avec la création en mai d'un nouveau spectacle fleuve, Macbeth, dans son fief près de Paris.Le Théâtre du Soleil a été fondé le 29 mai 1964 comme une «Coopérative ouvrière de production» par des étudiants en théâtre à...

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