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Campus

La rue Huvelin s’éveille, différemment

Il y avait, en ce matin du dimanche 30 mars, l'impression d'une sérénité recouvrée dans l'allégresse des jeux et des sens. La rue Huvelin et les trois rues adjacentes, fermées aux voitures pour une journée, se sont animées au gré des sourires tranquilles, stimulés par un clown ambulant, un ballon lancé par un enfant à son père ou la danse en couleurs des jeunes et moins jeunes, le temps d'un cours de zumba donné par une étudiante sur un rythme acharné.
À chaque coin de rue, ou au cœur des deux parkings aménagés pour l'occasion, chaque stand convie à une dégustation, ou comble une curiosité, par le récit d'une initiative civile, d'un engagement estudiantin ou d'une création artisanale.
Aucun espace n'est épargné. Les murs sont offerts à la peinture d'enfants en liesse, ou à l'imagination d'un tagueur appliqué. Même les cafés et les pubs des rues ont aménagé des terrasses, comme pour épouser un spectacle de passants que les épiciers ne lâchent pas des yeux. « Pour une fois que la rue s'anime le jour », lance un jeune serveur, amusé. Même un vendeur de galettes s'est invité à la partie, promenant son chariot usé entre les vélos et les chiens en laisse.
L'harmonie des scènes et des rythmes diversifiés, et parfois même très différents, reproduit la solidarité perceptible entre les étudiants du campus des sciences sociales de l'USJ, surtout ceux de la faculté de droit, dont l'amicale a pris l'initiative d'organiser l'événement et de coopérer à cette fin avec l'association Achrafieh 2020. La satisfaction partagée du travail bien fait contrastait avec la virulence d'une nouvelle altercation politique survenue la veille au campus d'Huvelin.
L'achalandage sobre et embaumé des stands de Souk el-Tayeb s'alliait à la cadence techno d'un DJ posté sur un balcon bas. Au tournant de la ruelle perpendiculaire, la douceur des comptines se dégage, inattendue, berçant le bricolage d'enfants attablés au milieu des ballons. Puis, un mur adjacent, une fente, un nouveau passage, vers le parking supérieur converti en une sorte de boîte de jour avec, pour animation centrale, une montgolfière.
Longeant le mur, le sourire large, la présidente de la faculté de droit, Sophie Maalouf, transmet la belle énergie de la journée. « Ce succès était inattendu », lance-t-elle, sans manquer de louer les membres de l'amicale et les étudiants ayant participé, par leurs contacts et leurs idées, à enrichir la panoplie de stands. « Tous ces gens qui s'éclatent véhiculent une autre vision pour la paix », constate-t-elle.
Après la frénésie de l'engagement politique qui avait caractérisé la rue Huvelin, une plateforme commune paraît nécessaire pour ébranler l'apathie actuelle des étudiants. Servant peut-être de transition vers un élan nouveau de réflexion, cette plateforme paraît d'autant plus efficace qu'elle s'éloigne de la politique. « Quelque part, c'est comme si on surpassait la difficulté de la situation où s'affrontent deux volontés politiques, avec une agressivité accrue », explique Sophie Maalouf.
« J'ai quitté la fac il y a huit ans », confie Jad, détenteur d'une maîtrise en gestion de l'USJ. Accompagnant ses deux enfants et sa jeune épouse, ses idées se succèdent : « Le bouillonnement de Huvelin, la déception et cette dynamique qui n'existe plus. » « Aujourd'hui, c'est différent. La violence est nouvelle », conclut-il, longeant une rue qu'il savoure comme on traverse un souvenir, sans plus. « C'est toujours bon de marcher ici... »

Il y avait, en ce matin du dimanche 30 mars, l'impression d'une sérénité recouvrée dans l'allégresse des jeux et des sens. La rue Huvelin et les trois rues adjacentes, fermées aux voitures pour une journée, se sont animées au gré des sourires tranquilles, stimulés par un clown ambulant, un ballon lancé par un enfant à son père ou la danse en couleurs des jeunes et moins jeunes, le...

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