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Liban - Assassinat Hariri

Deux journalistes libanais sommés de comparaître devant le TSL

Les deux journalistes libanais sont accusés d'outrage au tribunal et d'obstruction à la bonne marche de la justice en publiant des informations estimées confidentielles sur certains témoins.

Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) chargé de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri a ordonné hier la comparution, le 13 mai prochain, des journalistes libanais Ibrahim el-Amine (journal al-Akhbar) et Karma al-Khayat (chaîne TV al-Jadeed) pour outrage et obstruction à la justice.


« Deux journalistes et deux organes de presse ont été accusés d'outrage au Tribunal spécial pour le Liban, affirme le TSL dans un communiqué. Karma Mohammad Tahsin al-Khayat, d'al-Jadeed TV, ainsi que la société mère de la chaîne, New TV SAL, ont été citées à comparaître devant le TSL pour deux chefs d'accusation d'outrage et entrave à la justice. Ibrahim Mohammad al-Amine, d'al-Akhbar, ainsi que la société mère du journal, al-Akhbar Beirut SAL ont été cités à comparaître pour un chef d'accusation d'outrage et entrave à la justice. »


Les accusations contre ces personnes sont formulées en application de l'article 60 bis A du règlement de procédure et de preuve, et sont en lien avec l'affaire Ayyash et autres, précise le TSL. Il explique que « cette mise en accusation fait suite à une instruction relative à trois événements menée par un amicus curiae (une partie indépendante qui comparaît devant la cour ou lui fournit son opinion sur certains sujets ou certaines questions juridiques afin de l'assister dans ses délibérations), Stéphane Bourgon, désigné à cette fin par le greffier sur demande du juge compétent en matière d'outrage, David Baragwanath ». « Sur la base des rapports remis par l'amicus, le juge Baragwanath a conclu que, de prime abord, les éléments de preuve concernant deux de ces événements justifiaient l'engagement de poursuites pour outrage. L'instruction se poursuit concernant le troisième événement », poursuit-il.


New TV SAL et Karma Mohammad Tahsin al-Khayat sont accusés d'avoir :
– délibérément et sciemment entravé le cours de la justice en diffusant et/ou publiant des informations sur de prétendus témoins confidentiels ;
– délibérément et sciemment entravé le cours de la justice en ne retirant pas du site Internet d'al-Jadeed TV et de la chaîne YouTube de al-Jadeed TV des informations sur de prétendus témoins confidentiels.


Akhbar Beirut S.A.L. et Ibrahim Mohammad al-Amin sont accusés d'avoir :
– délibérément et sciemment entravé le cours de la justice en publiant des informations sur de prétendus témoins confidentiels en l'affaire Ayyash et autres.


« Dans sa décision (lien), le juge compétent en matière d'outrage précise que la publication du nom de témoins prétendus peut être qualifiée d'entrave à l'administration de la justice, dans la mesure où elle réduit la confiance, tant des véritables témoins que du public, en la capacité et la volonté du Tribunal de protéger ses témoins », ajoute le TSL, indiquant que « le juge Baragwanath se récuse et le juge Nicola Lettieri connaîtra de l'affaire ». Un nouvel amicus curiae se chargera d'exercer les poursuites contre les accusés, note-t-il.
Dans sa décision, le juge Baragwanath traite des principes fondamentaux de liberté d'expression, y compris la liberté de la presse, et de bonne administration de la justice. Il insiste sur l'importance de la presse qui, « en ce qu'elle représente les yeux, les oreilles et la voix de la population, est sans égale lorsqu'elle se heurte au pouvoir de décideurs publics, tels que les juges ». Toutefois il ajoute que, comme les juges et le reste de la population, les médias doivent respecter la loi : « Rien n'est plus important pour l'état de droit que de prévenir toute entrave délibérée à la justice. » Il précise enfin que le pouvoir du Tribunal « n'interdit pas à la presse de commenter [ses] travaux [...], y compris de les critiquer ».
Les accusés sont libres de choisir de comparaître devant la cour en personne ou par vidéoconférence. La comparution initiale des accusés a été fixée au 13 mai 2014.

 

« Le TSL veut intimider les médias »...
Interrogée par L'Orient-Le Jour, Mme Khayat a souligné que « le rôle du TSL consiste à enquêter sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri ». « À ma connaissance, je ne suis pas impliquée dans l'assassinat, poursuit-elle. Je ne suis pas non plus à la tête d'un gang. » Mme Khayat affirme que les accusations adressées aux deux journalistes constituent « un déni pour le Liban et pour sa souveraineté ». « En tant que journalistes, ce sont l'État libanais et le Conseil supérieur de l'audiovisuel qui doivent nous demander des comptes, ajoute-t-elle. Nous devons être jugés conformément aux lois en vigueur dans notre pays. Sur quelles bases le TSL nous juge-t-il ? C'est une insulte à l'État libanais et au rôle du président de la République. »


De son côté, M. Amine a estimé que cette décision du TSL « fait partie d'un programme qui vise à interdire aux médias de publier des informations qui ne sont pas diffusées par le TSL ». « Le TSL a déjà assez de problèmes avec l'acte d'accusation du procès initial, c'est-à-dire l'assassinat de Rafic Hariri, constate-t-il. Pour couvrir son impuissance et son échec, il est en train d'ouvrir des dossiers secondaires, sachant que le TSL avait affirmé que tout ce qui a été publié et diffusé par al-Akhbar et al-Jadeed n'émanaient pas de lui. »
Selon M. Amine, les accusations proférées par le TSL contre sa personne et contre Karma al-Khayat ont pour objectif d'« intimider les médias ». « Le TSL profite de la faiblesse des autorités libanaises pour exercer un abus contre les médias », insiste-t-il encore.


À la question de savoir s'ils comparaîtront devant le TSL le 13 mai, Mme Khayat et M. Amine ont expliqué qu'ils discutent avec leurs avocats respectifs pour décider de la façon d'agir.

 

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« Deux journalistes et deux organes de presse ont été accusés d'outrage au Tribunal...

commentaires (6)

Pas de liberté de leur "presse", aux fossoyeurs de la Vraie Presse !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 21, le 26 avril 2014

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Commentaires (6)

  • Pas de liberté de leur "presse", aux fossoyeurs de la Vraie Presse !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 21, le 26 avril 2014

  • Ceux 2 la c'est comme un tour de chauffe avant le depart d'une competition , ou plus simplement , un apero avant le grand gueuleton qui sera servi aux credules . Vous savez ceux qui croient au pere noel en ete .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 00, le 25 avril 2014

  • JOURNALISTES... OU 2JOURNA.. SUR... LA LISTE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 53, le 25 avril 2014

  • Ces deux seront obligés de comParaître, sinon ils devront tirer un trait sur leurs cartes de presse !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 46, le 25 avril 2014

  • Les témoins font partis du processus d'investigation du meurtre de Hariri et donc dévoiler leur nom ou leur identité est un acte délibéré pour les influencer ou leur faire peur connaissant la manière expéditive du Hezbollah de régler ses comptes. De plus le TSL ayant été approuvé et financé par l'Etat Libanais il n'y a donc aucune atteinte a la souveraineté de l’état Libanais. Pour finir laissez le Président Libanais de cote et arrêté de le mêler a n'importe qu'elle sauce! Si le Président vous tiens tellement a coeur commencez par encourager vos amis députés a participer aux élections comme il faut alors seulement vous pourrez vous inquiéter de son sort.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 09, le 25 avril 2014

  • Comparution de ces deux journalistes devant le TSL dans "trois cents ans", en même temps que les "saints" accusés du Hezbollah.

    Halim Abou Chacra

    06 h 16, le 25 avril 2014

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