Ce 23 avril 2014, saint Georges n'a pas terrassé le dragon de papier. Il aurait pu/dû écraser le Parlement. Pourquoi ? Parce que le député lambda coûte près d'un million de dollars au contribuable libanais par législature. Parce que la mission reine pour laquelle il a été lui-même élu est d'élire un président pour la république. Parce que tous ses choix seraient légitimes sauf celui d'attendre le mot d'ordre issu du bazar entre Obama que les politologues européens qualifient de « mou du genou », Poutine en quête de ses limites et de celle de son néo-empire russe, Hollande empêtré dans ses déficits, Rohani qui ronge son frein nucléaire et les Saoudiens qui ne savent que faire de Bachar, le chimiste récidiviste.
Sethrida Geagea, tailleur rouge et talons trop hauts, ne peut gravir sans aide la roche Tarpéienne de son époux. Les députés arrivent, les députés s'installent. Nabih Berry s'adresse à eux – avec impatience ou condescendance ? Nadine Moussa, société civile, impose depuis le balcon qu'on cite son nom et sa candidature. Tracy Chamoun aussi. Le décor est planté. Un factotum fait passer l'urne entre les bancs, comme passe le panier de quête à l'église. Les députés nous font l'aumône de glisser le bulletin que leur gourou leur a imposé.
Ceux qui sortent des rangs démontrent que la guerre n'est pas purgée. On en veut encore à Geagea même si justice et injustice lui ont fait payer sa – grosse – dette de guerre. Il est le seul à l'avoir fait. Son surréaliste sous-sol à Maarab est comme là, pour continuer de le prouver.
Les autres, hier en battle-dress, aujourd'hui en costume cravate peuvent-ils en dire autant ? Chaque étape de notre histoire, dont le deuil n'a pas été fait, laisse traîner une mèche qui continue de brûler et qui peut initier l'explosion de l'étape d'après.
Ce 23 avril, le simulacre de vote accompli, les voix comptabilisées, les députés se sont tirés. Oust !
Une semaine pour écrire la suite du scénario : les contribuables n'ont pas les moyens de payer les voix aux cours annoncés d'ici au 30 avril.
Pardon Messieurs les députés de n'avoir pas les moyens de vous supporter.
Carla YARED
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