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Liban - Éclairage

Le scénario probable de la séance du 23 avril...

Sauf imprévu, on sait désormais comment se déroulera la séance parlementaire du 23 avril consacrée à l'élection d'un nouveau président. En principe, le quorum des deux tiers des députés devrait être assuré, car la plupart des blocs et des indépendants sollicités ont confirmé leur participation à cette séance à la commission formée par le président de la Chambre Nabih Berry et présidée par Yassine Jaber. Une fois la séance déclarée ouverte par Berry, les députés seront invités à voter. Selon des sources parlementaires, le pointage précis devrait donner les résultats suivants : 59 voix pour Samir Geagea et 57... pour Émile Rahmé.

Parmi les douze voix restantes, il y aura les huit du bloc de Walid Joumblatt, qui a déjà annoncé qu'il ne votera pas pour un candidat du 14 Mars ni pour un autre du 8 Mars, plus quelques indépendants.

C'est en principe le scénario le plus probable, le 8 Mars et ses alliés ayant décidé en effet de donner leurs voix à Rahmé, qui est membre du bloc du Changement et de la Réforme. Il devrait donc présenter sa candidature à la présidence de la République dans les jours qui viennent, avant la séance de mercredi.

L'idée de cette candidature a été conçue parce que tout le monde est convaincu que ce premier tour de vote est essentiellement un test pour que chaque camp sonde l'autre. Il est donc pratiquement impossible qu'un candidat, quel qu'il soit, obtienne la majorité des votes requis pour être élu président, sauf entente de dernière minute entre les trois grands blocs, ceux du Changement et de la Réforme, du tandem chiite et du courant du Futur. Au second tour du vote, les députés devraient quitter par petits groupes l'hémicycle et la séance serait levée par défaut de quorum.


De la sorte, le camp du 8 Mars et ses alliés pensent parvenir à neutraliser les effets de la candidature du chef des Forces libanaises Samir Geagea qui visait essentiellement, à leurs yeux, à faire sauter celle du général Michel Aoun, d'abord en ramenant l'élection présidentielle à une sorte de « combat de coqs » entre le chef du CPL et celui des FL, dans une dualité de triste mémoire pour les chrétiens en particulier et pour les Libanais en général. Sachant toutefois que Aoun ne veut pas être mis au même plan que Geagea et qu'il se considère comme un candidat d'entente et de solution, n'ayant des chances d'être élu que si les parties internes, notamment le courant du Futur, l'appuient et si les circonstances régionales et internationales y sont favorables, notamment grâce à une concrétisation du rapprochement annoncé entre les États-Unis et l'Iran et entre cette dernière et l'Arabie saoudite.


Selon le 8 Mars et ses alliés, ce scénario devrait aussi apporter une issue à l'impasse dans laquelle se débat le 14 Mars, coincé par la candidature de Samir Geagea (alors que, rappelons-le, le chef du courant du Futur ne l'avait pas informé de sa rencontre avec le général Michel Aoun et a décidé de participer au gouvernement sans tenir compte de son opposition) tout en sachant que ce dernier ne peut pas être élu pour diverses raisons à la fois locales et régionales, la plus importante étant qu'il sera pratiquement impossible de réunir le nombre suffisant de députés pour assurer son élection. En principe, l'échec de la première séance devrait donc ouvrir ensuite la voie à des concertations sur un candidat accepté par la plupart des parties internes pour pouvoir assurer le quorum des deux tiers des députés requis pour une nouvelle séance d'élection. Le problème reste toutefois le suivant : et si les parties internes ne parvenaient pas à s'entendre sur un seul candidat avant le 25 mai, date d'expiration du mandat de l'actuel président ?

 

Dans ce cas, le Liban pourrait bien entrer dans une période de vacance au niveau de la tête de la République pour une période indéterminée. De plus, l'échéance présidentielle deviendrait ainsi totalement dépendante des développements régionaux et internationaux, sans parler des risques que les nombreux problèmes qui se posent actuellement aux Libanais s'enveniment. Les parties politiques libanaises auraient ainsi raté une occasion rare de décider elles-mêmes de l'identité du président de la République. Certes, le pays sera quand même régi par un gouvernement rassembleur composé de la plupart des parties politiques. Mais l'ancien député et ministre Abdallah Farhat, proche de Bkerké, rapporte à ce sujet la grande inquiétude du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, face à une telle éventualité.

Selon Farhat, le patriarche craint que s'il y a vacance au niveau de la présidence, celle-ci se prolonge jusqu'aux élections législatives qui devraient avoir lieu en novembre. Que le Parlement décide alors de proroger une fois de plus son mandat ou que le gouvernement décide malgré tout d'organiser les élections législatives (sur la base de quelle loi d'ailleurs ? La question reste sans réponse), il y a là, selon le patriarche maronite, un risque évident de gérer les affaires du pays sans le président maronite. Pour Bkerké, c'est une situation inacceptable et très grave, surtout au moment où les chrétiens de la région se sentent menacés. Ce serait un peu comme si on leur arrachait ce qui leur reste de poids dans la région en éliminant le rôle du seul président chrétien du Moyen-Orient. Il ne reste donc plus qu'à croiser les doigts pour que les parties internes parviennent à s'entendre sur un candidat avant qu'il ne soit trop tard...

 

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Sauf imprévu, on sait désormais comment se déroulera la séance parlementaire du 23 avril consacrée à l'élection d'un nouveau président. En principe, le quorum des deux tiers des députés devrait être assuré, car la plupart des blocs et des indépendants sollicités ont confirmé leur participation à cette séance à la commission formée par le président de la Chambre Nabih Berry et...

commentaires (6)

Durant neuf ans, de nombreuses voix désintéressées, sages et sincères ont conseillé au général Aoun de ne pas sombrer dans les néfastes alliances pour l'affaiblissement et même la destruction du sunnisme modéré au Liban et les couvertures à toutes les exactions et dérives du Hezb iranien, les plus nocives et meurtrières pour le Liban. Ces voix répétaient au général qu'une position politique médiane présereverait son prestige et le rôle de réformateur qu'il prétend jouer dans ce pays. Il n'a écouté aucune de ces voix, n'a pu pratiquement rien réaliser et a considérablement nuit à lui-même. Et voilà qu'au dernier quart d'heure le général veut se faire une image de candidat "d'entente et de solution" à la présidence de la République ! La politique a souvent des raisons que la raison ne saurait comprendre.

Halim Abou Chacra

18 h 43, le 18 avril 2014

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Commentaires (6)

  • Durant neuf ans, de nombreuses voix désintéressées, sages et sincères ont conseillé au général Aoun de ne pas sombrer dans les néfastes alliances pour l'affaiblissement et même la destruction du sunnisme modéré au Liban et les couvertures à toutes les exactions et dérives du Hezb iranien, les plus nocives et meurtrières pour le Liban. Ces voix répétaient au général qu'une position politique médiane présereverait son prestige et le rôle de réformateur qu'il prétend jouer dans ce pays. Il n'a écouté aucune de ces voix, n'a pu pratiquement rien réaliser et a considérablement nuit à lui-même. Et voilà qu'au dernier quart d'heure le général veut se faire une image de candidat "d'entente et de solution" à la présidence de la République ! La politique a souvent des raisons que la raison ne saurait comprendre.

    Halim Abou Chacra

    18 h 43, le 18 avril 2014

  • Mesdames et Messieurs Soleil, "maghrébines et maghrébins", à leurs œuvres !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 16, le 18 avril 2014

  • Que de perles ces jours ci... Periode d'abondance.

    Cadige William

    12 h 41, le 18 avril 2014

  • Merci encore et encore Madame Haddad c'est plus que de la simple mais excellente l'analyse; c'est de la vraie info!

    Ali Farhat

    11 h 39, le 18 avril 2014

  • Arriver a nous dire d'avance ce qui va se passer nous enleve tout suspens , mais nous prouve la capacite d'analyse de Scarlett forcement mise au parfum des meandres de la politique libanaise . Pour ceux qui avaient des doutes sur "ses sources" , voila qui est bien balance ! Mais a lire le scenario decrit , on a l'impression que Zorro-ix a ete piege en quelque sorte , n'aurait il pas confondu vitesse et precipitation ? le pauvre Geagix se fera griller au 1er tour sur le BBQ du 14 evanescent ! ou bien et comme je suis un angelique optimiste on dira qu'il fait partie de la combine a grande echelle de nos politiciens pour faire accepter la pillule du Phare Aoun ? Si c'est le cas , imaginez que nos deputes ne manquent pas d'imagination , dis donc alors !!!!

    FRIK-A-FRAK

    10 h 30, le 18 avril 2014

  • PURE ANALYSE... SANS SOURCES ET AFFLUENTS... TRÈS OBJECTIVE DE MADAME SCARLETT HADDAD. BONNE JOURNÉE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 32, le 18 avril 2014

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