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Nos Lecteurs ont la Parole - Lamia SFEIR DAROUNI

Mon futur président de la République

C'est l'histoire d'un rêve étrange, sublime, mais certainement irréalisable. J'ai imaginé et dessiné l'image du futur président que j'aurai tellement aimé avoir, celui qui va gérer ma vie et tenir les rênes de mon pays. Mais mon rêve est tellement utopique que j'en ris encore (pour ne pas en pleurer !). J'ai rêvé que mon président était un homme humble, simple, un vrai citoyen, comme il y en a tant dans ce pays, honnête, bûcheur, un technocrate peut-être, qui n'a que faire des mensonges, des grands mots et des discours. J'ai rêvé que celui qui occuperait cette fonction serait issu de la société civile, la seule qui défend nos droits, tape du poing pour faire régner la justice et lutte pour la survie du pauvre et du citoyen. Un homme qui a connu les vraies souffrances de son peuple, qui irait à la rencontre des gens dans les rues (tiens, un peu à l'image de notre pape, qui a refusé les fastes de son poste pour se mettre au niveau de son peuple), qui refuserait la pourriture de nos villes, aurait honte de nos quartiers sans électricité, une aberrance à notre époque, combattrait cette corruption inadmissible, répondrait aux doléances des fonctionnaires.
Un président qui serait proche des jeunes, écouterait leurs revendications, ferait appliquer les lois pour défendre leurs vies, refuserait la marginalisation des femmes. Un président que je pourrais saluer, rencontrer si j'ai un problème, qui ouvrirait les portes de ce palais à son peuple, ne me toiserait pas du haut de son trône, une fois élu, et ne sèmerait pas la terreur à son passage avec son cortège de limousines, sirènes hurlantes et gardes du corps menaçants, aux lunettes noires, qui aboient leurs ordres sans aucun respect du citoyen (parce que la vie de mon président a plus de valeur que la mienne...).
Pire que ça, j'ai rêvé que le futur candidat qui va gérer mon pays n'avait pas du sang sur les mains, qu'il appartenait au Liban et à tous les Libanais et non pas à une certaine faction de ce peuple, avec leur couleur et leurs idées bien précises. J'ai rêvé que mon président serait un bon capitaine qui ne fuirait pas en lâchant les rênes de son bateau si celui-ci venait à couler (comme il y a quelques années) et ne laisserait pas tomber ses soldats et son peuple.
Hélas, mon rêve est irréalisable, je le sais. Les futurs candidats ont déjà entamé leur bataille pour accéder à ce trône et détenir le pouvoir de mon pays. Et comme leurs prédécesseurs, ils nous abreuvent de leurs discours inutiles, vantent leurs mérites, louent leurs prouesses, débitent leurs mensonges, étalent leurs programmes (s'il y en a). Bientôt ils commenceront à placarder leurs portraits sur tous les murs de la ville, à afficher leurs sourires béats, nous promettre monts et merveilles : libération du Golan, pacification de la région, ouverture vers les uns et les autres, renaissance du Liban d'autrefois, relance de l'économie... Une fois de plus, comme les autres fois, nous aurons droit à de grands mots qui ignorent tout de nos vrais maux.
Mais ne vous fatiguez plus, messieurs les candidats. Le Liban est un triste et éternel recommencement. Nous l'apprenons à nos dépens. La preuve : trente ans plus tard, on reprend les mêmes et on recommence. Comme par magie, ils ressurgissent parmi nous, reprennent la place qu'ils avaient tant convoitée (comme si elle leur été due) et, rebelote : l'histoire recommence, avec les mêmes discours, les mêmes mensonges, la même haine qui va attiser nos jeunes pour défendre leur chef et leur idole.
Dans tous les pays du monde, c'est le peuple qui décide et élit son président. Chez nous, ce sont les autres qui décident de notre sort et élisent nos candidats. Les dés sont jetés, les jeux sont faits et nos espoirs bafoués. Hélas, l'histoire n'aura rien appris des erreurs du passé. Nous non plus.

 

C'est l'histoire d'un rêve étrange, sublime, mais certainement irréalisable. J'ai imaginé et dessiné l'image du futur président que j'aurai tellement aimé avoir, celui qui va gérer ma vie et tenir les rênes de mon pays. Mais mon rêve est tellement utopique que j'en ris encore (pour ne pas en pleurer !). J'ai rêvé que mon président était un homme humble, simple, un vrai citoyen,...

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