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Moyen Orient et Monde - Crimée

Kiev joue la décentralisation sous la pression gazière de Moscou

Pour l'OTAN, la présence massive des troupes russes à la frontière orientale de l'Ukraine fait surgir le spectre d'une invasion.

Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a estimé que la Russie commettrait une « faute historique » si elle continuait d'intervenir en Ukraine. Laurent Dubrule / Reuters

Le gouvernement intérimaire de Kiev a adopté hier le principe d'une « décentralisation du pouvoir et d'une extension importante des pouvoirs des collectivités locales, » pour « concilier les intérêts des communautés nationales et locales » selon un texte posté sur son site. Une « décentralisation » loin de la « fédération » qui selon Moscou peut seule garantir la protection des populations russophones.
Une annonce qui intervient alors que Moscou a massé des milliers de soldats à la frontière orientale de l'ex-république soviétique, près des régions où vit une importante population russophone que le président Vladimir Poutine a promis de défendre « à tout prix », faisant surgir le spectre d'une invasion russe.
Le plus haut gradé de l'Otan, le général américain Philip Breedlove, qui dirige les forces américaines et celles de l'alliance en Europe, a selon des médias anglo-saxons, hier, jugé « incroyablement inquiétante » cette présence massive de troupes russes le long de la frontière ukrainienne. « C'est une force très importante, très compétente et très opérationnelle, avec tout ce qui lui est nécessaire pour mener une incursion en Ukraine si la décision en était prise », a dit le général Breedlove.
D'après le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, la Russie commettrait une « faute historique » si elle continuait d'intervenir en Ukraine. « Cela entraînerait l'isolement international de la Russie. Ce serait un mauvais calcul, avec d'énormes implications stratégiques », a-t-il dit au cours d'une conférence de presse à Bruxelles, à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN, qui avait décidé la veille de suspendre toute coopération avec la Russie en réponse à l'annexion de la Crimée.
À Moscou, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch, a accusé hier l'OTAN de vouloir en revenir aux « joutes verbales de la guerre froide ». Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a, lors d'un entretien téléphonique avec le secrétaire d'État américain John Kerry, fait part de sa préoccupation après la suspension par l'OTAN de sa coopération.

Programmes d'entraînement
Les États-Unis ont quant à eux adopté mardi soir un plan d'aide à l'Ukraine qui prévoit la garantie de prêts à Kiev à hauteur d'un milliard de dollars et va fournir à l'Ukraine « les moyens essentiels pour rétablir la stabilité économique et le retour à la croissance et à la prospérité », a réagi le président américain Barack Obama. En plus de sanctions renforcées contre la Russie, le paquet prévoit également 150 millions de dollars pour l'aide à la démocratie et le renforcement de la coopération en matière de sécurité.
Pareil pour les ministres de l'Alliance qui veulent eux aussi intensifier leur coopération avec les nouvelles autorités de Kiev, notamment dans le domaine de la défense via des programmes d'entraînement.
Parallèlement, les Nations unies vont continuer de considérer la Crimée comme une partie de l'Ukraine conformément à une résolution non contraignante de l'Assemblée générale adoptée le 28 mars, ont déclaré hier les États-Unis et des diplomates occidentaux.
Dans ce contexte, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a déclaré hier ne « pouvoir accepter » ce rattachement de la Crimée à la Russie, tout en rejetant la responsabilité de cette perte sur les nouvelles autorités de Kiev.
Cette déclaration intervient à la veille de pourparlers à Moscou sur les livraisons de gaz russe. Aujourd'hui, le patron du groupe gazier ukrainien Naftogaz, Andriï Kobolev, doit discuter avec celui de Gazprom, Alexeï Miller, sous la double menace d'une dette de 1,7 milliard de dollars et d'une nouvelle hausse du prix du gaz qui ferait passer le gaz russe à environ 480 dollars les 1 000 mètres cubes, l'un des tarifs les plus élevés appliqués aux pays européens.

L'« arme politique »
Une nouvelle augmentation à laquelle le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a dit s'attendre, mais qu'il a qualifiée de « violation du droit international », alors même que l'Ukraine est en pleine crise économique et dépend d'une aide vitale du FMI négociée la semaine dernière.
À Bruxelles, l'UE et les États-Unis ont dénoncé l'utilisation de l'énergie comme « arme politique ou instrument d'agression ».
Le milliardaire ukrainien Petro Porochenko, favori des sondages pour l'élection présidentielle du 25 mai, a, lui, appelé dans le quotidien allemand Bild à retourner l'arme énergétique en boycottant le gaz russe, ce qui « mettrait la Russie économiquement à genoux ».
Sur un autre plan, mais toujours dans le cadre de tensions palpables, la Russie a décidé de prendre des mesures de représailles contre les diplomates américains après le blocage d'un transfert d'argent d'un ambassadeur russe par la banque américaine JP Morgan. « Washington doit comprendre que toute action hostile envers des diplomates russes est un prélude à des mesures de représailles qui ne vont pas manquer d'avoir un effet sur le travail de l'ambassade et du consulat des États-Unis en Russie », a avertit M. Loukachevitch.
(Sources : agences)

Le gouvernement intérimaire de Kiev a adopté hier le principe d'une « décentralisation du pouvoir et d'une extension importante des pouvoirs des collectivités locales, » pour « concilier les intérêts des communautés nationales et locales » selon un texte posté sur son site. Une « décentralisation » loin de la « fédération » qui selon Moscou peut seule garantir la...

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