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Une campagne libanaise, sur les réseaux sociaux, contre le racisme à l'égard des réfugiés syriens

"Un jour, un Syrien nous a rendus fiers, toi et moi" Photo tirée de la page Facebook de la campagne.

Les Libanais ont décidément pris goût aux campagnes à message sur les réseaux sociaux. Après la campagne "Je ne suis pas un martyr" (#notamartyr) en hommage à Mohammad Chaar, ce jeune Libanais décédé suite à l'attentat perpétré contre Mohammad Chatah en décembre 2013, et celle en soutien à la skieuse libanaise Jackie Chamoun (#stripforjackie), une campagne dénonçant le racisme à l'encontre des réfugiés syriens au Liban commence à faire parler d'elle.

Cette campagne consiste en la publication, sur une page Facebook intitulée "Campagne de soutien aux Syriens contre le racisme", de photos représentant une personne qui expose un message de dénonciation du racisme visant les réfugiés syriens au Liban.

Parmi les dizaines de messages, l'on pouvait lire : "Un Homsiote s'est révolté pour sa dignité avant toi"; "Tout Syrien n'est pas un criminel, tout Libanais n'est pas un innocent"; "90% des nos maisons sont construites par des Syriens! Continue à être raciste et quitte ta maison".

 

Cette page a été créée le 21 mars dernier, "date de la journée internationale contre le racisme, et au lendemain de la proposition faite par (le député) Samy Gemayel de monter des camps pour les réfugiés syriens aux frontières" du Liban, explique à Lorientlejour.com une jeune femme faisant partie du groupe à l'origine de la campagne. Les membres du groupe ont tous choisi de rester anonyme, explique cette jeune Libanaise, car "l'important c'est l'idée et non les personnes".

 

Depuis le début de la guerre en Syrie il y a trois ans, près d'un million de Syriens ont trouvé refuge au Liban et un grand nombre d'entre eux vivent dans la misère et dépendent de l'aide humanitaire pour survivre. L'afflux d'un nombre si important de réfugiés dans un pays comptant moins de 5 millions d'habitants, n'est pas sans poser de problèmes, et les autorités libanaises ne cessent de lancer des appels à l'aide. Mardi, devant le sommet arabe de Koweït, le président Michel Sleiman a averti que "le Liban n'est plus capable de recevoir davantage de réfugiés qui constituent aujourd'hui 32% de sa population".

 

Outre les propos de M. Gemayel, la jeune femme dénonce les déclarations récentes de Gebran Bassil, Nicolas Sehnaoui et Ziad Abs au sujet des réfugiés syriens, ainsi que la tentative de ces deux derniers de faire signer aux habitants d'Achrafieh une pétition pour l'instauration d'un couvre-feu pour les Syriens. "Il n'est pas permis que quelque chose comme ça se passe à Beyrouth !", se révolte-t-elle.

Lors d'une conférence de presse le 16 mars, l'ancien ministre Sehnaoui et l'ingénieur Ziad Abs s'étaient inquiétés des répercussions de la présence de réfugiés syriens à Achrafieh, un quartier de Beyrouth. Après la diffusion d'un documentaire portant sur la présence syrienne dans la région, Nicolas Sehnaoui avait appelé le mofahez de Beyrouth et le conseil municipal à prendre des mesures "pour protéger les citoyens, comme celles prises dans de nombreuses villes". "On pourrait nous accuser de racisme, mais face à la situation, nous devons parler par patriotisme", avait-il ajouté.

Lundi, Gebran Bassil a, de son côté, "mis en garde contre l'existence d'un complot visant à garder une partie des réfugiés syriens au Liban à long terme dans des camps militaires, afin de mener des actions armées contre la Syrie depuis le Liban". "Des mesures sont prises pour contrer ces menées dangereuses", a-t-il assuré.

 

Critiquant le système politique libanais en général, la jeune activiste accuse les politiciens d'alimenter le racisme chez les citoyens libanais "afin qu'ils oublient les véritables problèmes du pays". "Les politiciens n'arrivent même pas à résoudre le problème de l'approvisionnement en électricité, des transports en commun, des violences à Tripoli, dans le Hermel, de la violence conjugale, de la cherté des télécommunications... Ces problèmes existaient avant l'arrivée des réfugiés syriens, et nos politiciens ne les ont pas résolus. Ils ne veulent rien résoudre, ils ne l'ont jamais voulu", s'indigne-t-elle.

 

Pour l'activiste, l'objectif de cette nouvelle opération sur les réseaux sociaux, "likée" par plus de 8.000 personnes en une moins d'une semaine, est d'envoyer un message de soutien aux Syriens. Il s'agit, aussi, d'un moyen "de ne plus se sentir impuissants vis-à-vis d'eux", dit-elle, et "de convaincre le plus de monde possible que les Syriens n'ont rien à voir avec nos problèmes".

 

Au delà de la page Facebook, une vidéo a été publiée via le "Anti-Racism Movement" avec qui les animateurs de la page Facebook coopèrent, et des banderoles ont été accrochées dans les villages où a été mis en place un couvre-feu. "Bienvenue aux réfugiés et travailleurs syriens au Liban. Nous nous excusons pour ce que font les racistes parmi nous", pouvait-on lire sur l'une de ces banderoles. "Nos prochaines actions auront lieu dans la rue", précise l'activiste.

Au palmarès de cette initiative figure également la fermeture d'une autre page Facebook intitulée "Le mouvement nazi libanais contre la présence syrienne au Liban". 

 

Certains critiquent les messages politiques de la page, "ils préfèreraient que le sujet soit uniquement abordé au niveau humanitaire", souligne la jeune femme. "Mais les réfugiés sont là en raison d'une réalité politique, l'humanitaire ne veut être séparé du politique, et si je veux parler de la victime je dois parler du meurtrier... Sinon, je serais entrain de commettre un autre crime", poursuit-elle

"La solution est chez nous. Il faut réveiller les gens, se révolter contre ce système. Cela va prendre du temps, mais nous devons essayer", conclut-elle.

 

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