Rechercher
Rechercher

Diaspora

Le Gabon, foyer de la plus grande communauté libanaise d’Afrique centrale

À Libreville, Kenj el-Hajal représente dignement le Liban et souhaite y développer une plus forte coopération.

L’ambassadeur Kenj el-Hajal remettant au président Ali Bongo ses lettres de créance.

De passage à Beyrouth, Kenj el-Hajal, ambassadeur du Liban au Gabon depuis dix mois, nous parle de ce beau pays dont la capitale, Libreville, est à juste titre surnommée La Coquette. Un beau pays qui abrite aussi une ville devenue emblématique du bénévolat médical, Lambaréné, choisie par Albert Schweitzer pour y fonder un hôpital.
« Juriste de formation, j'ai intégré le ministère en 1994, précise le diplomate. Je suis passé par l'ENA à Strasbourg en 2005-2006. Le Gabon fut mon premier poste. J'ai ensuite été nommé à Moscou puis à la Délégation du Liban auprès de l'Unesco, avant de regagner Libreville comme ambassadeur.
Le Gabon est un grand pays (plus de 267 000 km carrés), mais relativement peu peuplé, puisqu'il compte seulement 1,5 million d'habitants, expatriés compris. C'est aussi, pour ceux qui le connaissent bien, un très beau pays, dont la nature est largement préservée, couvert à 85 % de forêts, à fort potentiel touristique.
« Les compétences de l' ambassade du Liban à Libreville englobent quatre autres pays de la sous-région, le Cameroun, la Guinée-Équatoriale, Sao Tomé et la République centrafricaine, précise l'ambassadeur. L'ambassade du Liban dans la sous-région se trouve à Libreville parce que le Gabon y est un centre de stabilité et parce que c'est au Gabon que se trouve la plus grande communauté libanaise de cette sous-région d'Afrique. Cette communauté compte environ 8 000 personnes. Le cachet familial y est très fort et tout le monde connaît tout le monde. Les Makarem, les Torbey et les Aawar sont parmi les plus anciennes familles. Les premiers Libanais sont arrivés au début du XXe siècle. Mais les piliers de l'actuelle communauté sont venus pour la plupart dans les années 60, et ils viennent de plus en plus nombreux parce que le pays est un pays d'accueil, de stabilité et d'opportunités économiques. »

Un pays stable
Kenj el-Hajal décrit le Gabon comme « un pays stable qui n'a pas connu les affres de la guerre, et des conflits interethniques et interreligieux, comme malheureusement d'autres pays d'Afrique ».
« C'est un pays pétrolier qui est également exportateur de manganèse et de bois, poursuit-il. Feu le président Omar Bongo Ondimba a su y préserver pendant 40 ans un climat de stabilité et de prospérité économique. Son fils, le président Ali Bongo Ondimba, poursuit son œuvre. Sur le plan économique, le Gabon est certainement un pays très prometteur. Les moyens de financement existent car c'est un pays producteur de pétrole. En 2012, le président Bongo a lancé un plan – le Plan stratégique du Gabon émergent – avec pour ambition de hisser le Gabon au rang de pays émergent à l'horizon 2025. »

Tourisme écologique
Précisons que le Plan stratégique comporte trois volets. Le Gabon des services, avec la mise en place, ou la mise à niveau, de divers services bancaires et numériques adéquats. Le Gabon industriel : le Gabon a été, jusqu'à présent, un exportateur de matières brutes, mais cette période touche à sa fin. Des décisions en ce sens ont été prises, comme l'interdiction d'exporter le bois sous forme de grumes. Il faut désormais les traiter sur place, pour les exporter sous forme de planches, par exemple. Le pétrole va suivre. Il va y avoir des investissements supplémentaires pour le traitement du pétrole sur place. Troisième volet, le Gabon vert, pour promouvoir un tourisme écologique.
« Le plan stratégique va servir de cadre pour les investisseurs, explique l'ambassadeur du Liban. Des agences ont été créées, à l'instar de l'Agence nationale des grands travaux, à qui la société américaine Bechtel prête son expertise. Ces agences travaillent de manière souple et son reliées à la présidence de la République pour être la plate-forme de contact avec les investisseurs. La Chine et la Turquie sont présentes aujourd'hui en force au Gabon. La France est historiquement très présente. »

Exigence de professionnalisme
« Les investisseurs libanais ont ainsi une fenêtre par laquelle se lancer, mais ils doivent voir d'une manière large et innovante. Il avancent dans un environnement de plus en plus compétitif, d'autant que les Gabonais connaissent le Liban, précise l'ambassadeur. Le président Ali Bongo a visité le Liban avant son accession à ses présentes fonctions et beaucoup de responsables gabonais viennent chez nous, invités par des amis libanais. Voyant la qualité et le professionnalisme des Libanais dans leurs créneaux d'excellence (le bâtiment, la restauration, l'hôtellerie...), ils nous disent : faites au Gabon ce que vous faites au Liban. Je cherche par conséquent à amener au Gabon les professionnels et opérateurs économiques opérant au Liban et à initier aussi quelques échanges culturels... Il ne faut pas que les contacts entre le Gabon et le Liban se limitent au domaine économique. Le Liban, c'est plus que ça. C'est une culture, une
histoire. »

Symposiums artistiques
Et l'ambassadeur d'ajouter : « Il faudra saisir quelques occasions, des symposiums artistiques par exemple. Il y a chaque année, s'est tenu au Gabon un symposium international de sculpture sur bois : des sculpteurs du monde entier sont invités pendant plus d'une semaine pour y travailler sur place des sculptures sur bois. Je voudrais bien, aussi, organiser une semaine du cinéma libanais. L'Institut français de Libreville est à cet égard très actif et accueille des journées de cinéma de nombreux pays. J'aimerais organiser une semaine, ou des journées culinaires libanaises, pour montrer la richesse de la cuisine libanaise, qui ne se limite pas aux quelques plats servis dans tous les restaurants libanais. »

Une coopération francophone
« Le Liban a aussi un potentiel en matière de coopération, indique le diplomate. Les Gabonais sont francophones et ils sont intéressés par notre savoir-faire. On peut inviter, par exemple, des étudiants ou professionnels gabonais à des sessions de formation à l'École hôtelière, de l'USJ ou autre, où ils peuvent développer leurs capacités touristiques. Il y a eu déjà des précédents dans le secteur bancaire. On a un secteur bancaire de pointe. On peut faire venir pour un training des cadres gabonais dans des banques libanaises. Nous aussi avons également des expertises dans le domaine de l'agriculture ; même si ce n'est pas dans l'agriculture tropicale et équatoriale, mais elles restent intéressantes », remarque aussi le diplomate.
Et de poursuivre : « On peut même, et c'est intéressant, faire de la coopération militaire. L'armée libanaise est une armée aguerrie et efficace, et elle à une expérience de terrain qui manque à d'autres armées. La coopération dans tous ces domaines permet de tisser des liens humains et de créer des amitiés durables qui se répercuteront sans doute sur les relations politiques, administratives et économiques entre les deux pays. »


Afrique, continent du futur
« L'Afrique tout entière est un continent émergent, conclut Kenj el-Hajal. Beaucoup de revues spécialisées la désignent comme le continent du futur. Sa classe moyenne est en train de s'élargir. De nouvelles technologies sont en train d'y prendre pied. Le pourcentage de personnes qui utilisent Internet ou qui twittent augmente. Tout cela indique un continent émergent, et l'on sait que plus tôt on prend pied, mieux on saisit les opportunités. »

(*) L'ambassade du Gabon au Liban, établie à la fin des années 90, a fermé ses portes en 2007. Un consulat général a été récemment établi à Baabda, sur la route de la présidence.

De passage à Beyrouth, Kenj el-Hajal, ambassadeur du Liban au Gabon depuis dix mois, nous parle de ce beau pays dont la capitale, Libreville, est à juste titre surnommée La Coquette. Un beau pays qui abrite aussi une ville devenue emblématique du bénévolat médical, Lambaréné, choisie par Albert Schweitzer pour y fonder un hôpital.« Juriste de formation, j'ai intégré le ministère en...