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Ces jeunes Libanais fiers d’être francophones

À l'occasion de la Journée internationale de la francophonie, célébrée le 20 mars, la nouvelle génération libanaise s'exprime sur l'importance et le privilège d'être francophone.

Renée Awit.

Étudiants ou jeunes diplômés de moins de 28 ans, ils ont grandi en adoptant naturellement et spontanément le français, langue seconde au Liban. Bercés depuis leur tendre enfance par la langue de Molière, ces Libanais bilingues ou trilingues font part à Campus de leur fierté d'être francophones.
Parler couramment français, pour un jeune Libanais, ce n'est pas seulement maîtriser une langue seconde grâce à un système éducatif bilingue, c'est aussi et avant tout un moyen d'enrichissement culturel et personnel, une ouverture sur le monde et une sorte de passeport pour un avenir meilleur. «J'aime la langue française pour sa richesse et sa beauté, et, malgré sa complexité, elle m'intéresse bien plus que l'anglais parce qu'elle fait partie de notre éducation et de notre culture», note Wassim Chalak, étudiant en sciences infirmières à l'Université Sainte-Famille (USF), qui réalise qu'être francophone est un véritable atout dans sa vie professionnelle: «Dans quelques mois, je vais effectuer un stage de fin d'études en Belgique, et j'espère ensuite pouvoir m'installer au Canada ou dans un autre pays francophone. »

 

Un atout et un privilège
À cause de la montée de l'anglophonie, certains jeunes négligent le français à partir de leurs études secondaires et ne cherchent à renouer avec leur langue seconde qu'une fois sur les bancs de la fac. Hamid Awwad, professeur de français langue étrangère (FLE) et de français sur objectifs spécifiques (FOS) à la faculté de gestion de l'UL à Beyrouth, explique ce phénomène de plus en plus courant chez les étudiants qui ont choisi une orientation scientifique : « L'intérêt tardif pour cette langue seconde apparaît lorsque les jeunes ayant choisi de s'inscrire dans une université francophone sont amenés à étudier en français au cours de leurs cursus. Ils doivent alors renouer avec le français, redécouvrir la langue et reprendre confiance en leurs capacités. »


Conscients qu'ils ont besoin du français pour leurs travaux et leurs stages, certains étudiants sont prêts à redoubler d'efforts, et le jeune professeur constate : « Malgré leurs lacunes, quelques-uns, les plus appliqués, ont la volonté de parler et d'écrire le français le mieux possible. Au fil des cours de français, ils gagnent en autonomie, et sont fiers de noter une progression nette et efficace dans leur apprentissage. » Roy Khoury, étudiant en master à la faculté de gestion de l'UL, fait partie des jeunes qui pensent que la maîtrise du français est un atout non négligeable dans la vie estudiantine et, plus tard, dans la vie professionnelle : « Mon français n'est pas parfait, mais cela ne m'empêche pas d'aimer et de pratiquer cette langue. J'avais la possibilité de rédiger mon mémoire en arabe, mais j'ai choisi de le faire en français, et les profs ont apprécié ma démarche. »


Pour la nouvelle génération libanaise, le français est également un facteur d'osmose culturelle Orient-Occident, et c'est une langue qui apporte une ouverture d'esprit incomparable.

Renée Awit, jeune cinéaste diplômée de l'Iesav (USJ), met en avant l'intérêt de découvrir, grâce à la pratique d'une langue vivante, une culture différente de la nôtre et confie : « Être francophone m'a permis d'avoir accès à la culture française grâce à laquelle j'ai appris beaucoup de choses, et dans laquelle je puise des idées et de l'inspiration pour créer. À la tête de mes cinéastes préférés, il y a des Français comme Rohmer, Truffaut, Demy, Resnais et Garrel. »

Le français est donc pour Renée, comme pour beaucoup d'autres Libanais, la langue de la culture et aussi celle des idées et de la création. La jeune cinéaste nous apprend qu'il lui a semblé normal de tourner son second court métrage de fiction, L'une et l'autre, en langue française, une démarche qu'elle n'est pas seule à adopter : « Je connais des cinéastes de ma génération qui ont fait de beaux films courts en français et je salue leur détermination. Je suis tentée de reprendre cette expérience, mais, pour le moment, je ressens la nécessité d'assumer ma culture libanaise et de renouer, dans mes travaux, avec ma langue maternelle. »

 

Amoureux de la langue française
Il est des jeunes pour qui le fait d'être francophone tient particulièrement à cœur parce qu'ils éprouvent une fascination et un attachement importants pour la langue de Molière, ce qui les pousse à se lancer dans des études de littérature.

Joëlle Saliba et Samer Abdo, tous deux étudiants en lettres françaises à l'USJ, constatent qu'ils font partie du cercle assez réduit des littéraires : « Très peu de jeunes choisissent aujourd'hui de suivre des cours de littérature alors que ce sont des études passionnantes. C'est notre troisième année à la fac et nous ne regrettons absolument pas notre choix. » Depuis toute petite, Joëlle adore lire et écrire en français, et, à partir de ses études secondaires, elle s'est intéressée à l'analyse des textes : « Je trouve la langue française énigmatique, belle et très particulière. J'adore sa richesse, la musicalité des mots et les émotions qu'ils suscitent. Très vite, j'ai pris goût à décortiquer les textes pour accéder à leur sens profond.»

Samer Abdo raconte qu'il s'est d'abord intéressé à la littérature francophone avant de chercher à connaître davantage les œuvres françaises : « J'aime lire Nadia Tuéni, Wajdi Mouawad et Farjallah Haïk, ces auteurs d'expression française qui font la richesse de la littérature francophone. » Le jeune homme avoue également avoir dû faire face à des critiques à cause de son choix d'études. « Déterminé à suivre mon bonhomme de chemin, je n'ai pas accordé de l'importance à ce que j'ai pu entendre. Je me destine à la recherche et à l'enseignement. »


Laura Mesrobian, jeune enseignante à l'école primaire et titulaire d'une licence en lettres et d'un Capes de l'USJ, explique que c'est sur les bancs de l'école qu'elle a appris à parler et à aimer le français : « Mes parents sont arméniens et ne sont absolument pas francophones. C'est grâce à mes professeurs que je me suis intéressée à cette langue. J'ai même pu réussir mon bac français section L et suivre des études de lettres. Aujourd'hui, j'ai la chance de pouvoir transmettre à mes élèves ma passion et mon savoir. »
Les jeunes Libanais interrogés s'accordent à dire qu'être francophone est un élément important de l'identité nationale et une fierté pour les Libanais. Arabe, français et anglais cohabitent et se complètent au pays du Cèdre et de la diversité culturelle.

 

Étudiants ou jeunes diplômés de moins de 28 ans, ils ont grandi en adoptant naturellement et spontanément le français, langue seconde au Liban. Bercés depuis leur tendre enfance par la langue de Molière, ces Libanais bilingues ou trilingues font part à Campus de leur fierté d'être francophones.Parler couramment français, pour un jeune Libanais, ce n'est pas seulement maîtriser une...

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