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Avec la crise syrienne, le Liban devient un passage pour le trafic du Captagon

Le Captagon, médicament et drogue, vu par un psychiatre

Il est connu sous le nom commercial de Captagon. Mais sa molécule, la Fénéthylline, est un dérivé amphétaminique. Ce psychostimulant métabolisé au niveau du corps donne l'amphétamine et la théophylline. Sans compter que le Captagon contient également de la caféine.
Le Dr Élie Chédid, psychiatre, chef de service à l'hôpital Saint-Charles, enseignant à l'Université libanaise (UL) et à l'Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), se penche sur le Captagon. « Cette molécule synthétisée qui a les mêmes effets que les amphétamines est particulièrement prisée au Moyen-Orient, mais peu connue ailleurs », dit-il.
« Le Captagon est d'abord un médicament, explique le Dr Chédid. Il est particulièrement efficace dans le traitement des dépressions, de l'hyperactivité chez les enfants et de la narcolepsie (trouble du sommeil), car il augmente la sécrétion de la dopamine au niveau du cerveau ».
Le psychiatre explique que « la stimulation de la dopamine améliore l'humeur jusqu'à l'euphorisation ». Elle « améliore également la concentration et l'état de vigilance et elle réduit l'hyperactivité ».
En revanche, « l'abus du Captagon provoque une dépendance physique et psychique, comme toutes les drogues qui stimulent la dopamine et excitent le système de récompense cérébrale ». Même si cette dépendance est moins importante que celle provoquée par d'autres genres d'amphétamines, fait remarquer le Dr Chédid. L'utilisateur a donc « constamment besoin d'une dose supérieure pour ressentir le même effet. Car ces drogues concernent le sentiment de récompense et de plaisir », observe le médecin.
Le consommateur de Captagon n'a plus sommeil, n'a plus faim, ne se sent jamais fatigué. « Des facteurs essentiels pour les combattants », constate le Dr Chédid. Ce stimulant est aussi prisé par certains étudiants « pour lutter contre le stress des examens » et par des personnes soumises à « un régime alimentaire ».
Mais au-delà de ces effets directs, l'abus de Captagon a des effets néfastes, voire dangereux. « Il peut provoquer une hypertension artérielle, des pathologies cardiaques et des atteintes hépatiques, observe le médecin. C'est la raison pour laquelle il figure, depuis les années 80, parmi les produits dangereux et toxiques. » « Ce qui est encore plus dangereux, note-t-il, c'est que la fabrication du produit est artisanale, au Liban ou en Syrie. Il contient beaucoup d'impuretés, comme le talc, le paracétamol, qui sont souvent plus toxiques que le produit principal et peuvent provoquer des hépatites fulminantes. »
Mais le psychiatre tient à préciser qu'il n'a jamais vu de cas d'abus de Captagon au Liban. Cette drogue est certes fabriquée au Liban et en Syrie, mais « elle est destinée aux pays arabes », conclut-il, rassurant.

Il est connu sous le nom commercial de Captagon. Mais sa molécule, la Fénéthylline, est un dérivé amphétaminique. Ce psychostimulant métabolisé au niveau du corps donne l'amphétamine et la théophylline. Sans compter que le Captagon contient également de la caféine.Le Dr Élie Chédid, psychiatre, chef de service à l'hôpital Saint-Charles, enseignant à l'Université libanaise (UL)...