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À La Une - Syrie

L'opposition syrienne exclue de facto de la présidentielle

Brahimi met en garde contre une manoeuvre qui sonnerait le glas des négociations de paix.

A Londres, une projection de sons et lumières jeudi pour maquer l'entrée du conflit en Syrie dans sa 4e année. AFP / CARL COURT

Le Parlement syrien a voté une nouvelle loi électorale en vue de la présidentielle qui empêche de facto l'opposition en exil de se présenter face au président Bachar el-Assad, à la veille du 3e anniversaire de la guerre en Syrie. M. Assad, confronté à une rébellion qui veut sa chute, n'a pas encore officiellement annoncé son intention de briguer un troisième mandat mais il a affirmé en janvier à l'AFP qu'il y avait de "fortes chances" qu'il le fasse.

Aucune date n'a été annoncée pour le scrutin, mais les électeurs doivent être convoqués entre 60 et 90 jours avant la fin du mandat de M. Assad le 17 juillet.

 

Théoriquement, le scrutin sera ouvert, pour la première fois depuis des décennies, à plusieurs candidats, en vertu de la nouvelle Constitution adoptée en 2012. Mais si ce texte constitutionnel établit le "pluralisme politique" en abolissant la suprématie du parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle, les clauses adoptées par les députés empêchent de fait les figures de l'opposition en exil de se présenter. Chaque candidat doit en effet "avoir vécu en Syrie pendant une période de 10 ans de manière continue au moment de présenter sa candidature et ne doit pas avoir une nationalité autre que syrienne", stipule le texte. Or la Coalition de l'opposition, considérée comme l'interlocuteur privilégié par l'Occident, est installée à Istanbul.

 

La présidentielle se tiendra dans un pays saigné à blanc par la guerre et rongé par une crise humanitaire inouïe. Jusque-là aucun des protagonistes ne semble avoir les moyens de l'emporter même si les troupes du régime sont passées à l'offensive et gagnent du terrain.

La Syrie n'est pas à son premier scrutin en pleine guerre. Le régime avait organisé en mai 2012 des législatives boycottées par l'opposition et remportées par ses partisans, et à l'époque M. Assad avait affirmé que les élections avaient montré le soutien des Syriens à son régime face aux "terroristes", en allusion aux rebelles.

 

Torpiller les négociations
Une élection présidentielle excluant de fait l'opposition sonnerait le glas des négociations de paix, a prévenu jeudi le médiateur international Lakhdar Brahimi. "S'il y a une élection, je soupçonne que l'opposition, toute l'opposition, ne sera probablement pas intéressée pour discuter avec le gouvernement", a-t-il dit à New York. Le départ de M. Assad est la principale revendication de l'opposition. Deux séries de négociations entre opposition et régime en janvier et février à Genève sous l'égide de M. Brahimi n'avaient permis aucun résultat.

Porté au pouvoir en 2000 après la mort de son père, M. Assad a été reconduit en 2007. Il a mené une brève ouverture avant que son régime ne se ferme de nouveau, jusqu'à l'éclatement d'une contestation populaire pacifique le 15 mars 2011 qui s'est transformée en guerre civile après la violente répression du pouvoir.

 

Auschwitz
En trois ans, plus de 140.000 personnes sont mortes et la situation humanitaire est de plus en plus dramatique avec neuf millions de personnes contraintes à la fuite, soit la plus large population de déplacés au monde selon l'ONU. De plus, au moins un million d'enfants sont privés d'aide humanitaire selon l'UNICEF.

"Il est inacceptable qu'une catastrophe humanitaire de cette ampleur puisse avoir lieu sous nos yeux sans la moindre indication d'un quelconque progrès pour arrêter ce bain de sang", a dit le patron du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres.

 

L'ex-procureur de l'ONU, David Crane, a lui évoqué le camp de concentration d'Auschwitz en parlant de la Syrie où au moins "11.000 personnes ont été torturées, affamées jusqu'à la mort, puis exécutées dans des centres et des lieux de détention du régime". Auteur principal d'un récent rapport avec deux autres anciens procureurs internationaux, étayé de multiples photos accusant le régime syrien de tortures à grande échelle, David Crane a jugé que la Syrie était "un exemple classique" d'un pays où sont commis des "crimes contre l'humanité".

Le rapport et les photos ont été rendus publics en janvier 2014. Le photographe surnommé "César" avait en sa possession une carte mémoire contenant environ 55.000 photos de 11.000 prisonniers morts en prison entre 2011 et 2013. On voit des yeux arrachés, des gens battus de manière ignoble, des corps mutilés, ce sont des images terribles", s'était déjà ému en janvier un des trois ex-procureurs auteurs du rapport, Desmond de Silva, dans des déclarations à la BBC.

Pour la première fois, plusieurs de ces photos d'une cruauté insoutenable ont été projetées jeudi soir devant un important public dans la salle de conférence de l'IMA, en présence notamment de son président Jack Lang et de Bassma Kodmani, ex porte-parole du Conseil national syrien (CNS, opposition).

Damas a récusé le rapport, le qualifiant de "politique".

 

Sur  le terrain, les combats continuent de faire rage à travers la Syrie notamment à Yabroud, bastion rebelle près de Damas que l'armée appuyée par le puissant Hezbollah tente de prendre, alors que des affrontements ont lieu sur les fronts d'Alep et d'Idleb.

Enfin, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, 73 ans, a été hospitalisé d'urgence à Beyrouth pour obstruction des artères.

 

Témoignages

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commentaires (4)

Intelligent, oui ! Faible , oui ! Cherchez l'erreur : son entourage et en particulier son frère !!! Il finira sa vie en prison à "perpete" ou une balle dans la tête. Il vaut mieux une balle dans la tête. En prison c'es dur, dur : mauvaise nourriture, les dents tomberont une à une au fil des ans, et le pire, il apprendra à ramper . Son avenir est tout tracé.

FAKHOURI

17 h 25, le 14 mars 2014

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Commentaires (4)

  • Intelligent, oui ! Faible , oui ! Cherchez l'erreur : son entourage et en particulier son frère !!! Il finira sa vie en prison à "perpete" ou une balle dans la tête. Il vaut mieux une balle dans la tête. En prison c'es dur, dur : mauvaise nourriture, les dents tomberont une à une au fil des ans, et le pire, il apprendra à ramper . Son avenir est tout tracé.

    FAKHOURI

    17 h 25, le 14 mars 2014

  • les dieux rendent aveugles ceux qu'ils veulent perdre...et c'est ce qui se passe.Très triste pour la Syrie...mais le petit lionceau est sur la ligne qu'il a adoptée après s'être fait virer du Liban...dommage...je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi il n' a pas ouvert les vannes à ce moment là...tout le monde l'aurait soutenu.pourtant,c'est un homme redoutablement intelligent,quoi qu'on en pense.Mal conseillé? rétif au changement?Franchement,encore aujourd'hui,je n’arrive pas à comprendre.Pauvre Syrie...sans hypocrisie.

    GEDEON Christian

    14 h 18, le 14 mars 2014

  • On est Contents ! Ils ont rigolé de nous pendant quarante ans, c'est à notre tour maintenant. Khâïï !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 17, le 14 mars 2014

  • DÉMOCRATIE DE LA CANONNADE ET DES BARILS EXPLOSIFS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 53, le 14 mars 2014

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