Rechercher
Rechercher

Mode - Semaine de la mode à Paris

Le prêt-à-porter de l’hiver prochain

Le supermarché Chanel selon Karl Lagerfeld. Photo Olivier Saillant

C'est une Semaine de la mode extrêmement animée qui vient de s'achever à Paris où, du 25 février au 5 mars, les grandes maisons présentaient leurs collections pour l'automne-hiver 2014-2015. La palme de la mise en scène revenait à Chanel, Karl Lagerfeld ayant transformé pour l'occasion le Grand Palais en supermarché géant. Élie Saab fut sans aucun doute le plus « arty » avec une collection inspirée de Mark Rothko et des années 50-60. Un retour au passé encore plus marqué chez Louis Vuitton où Nicolas Ghesquière, ancien directeur artistique de Balenciaga et très attendu successeur de Marc Jacobs, a surpris avec des silhouettes estampillées néo-60'.

Chanel défile au « supermarché »
4 mars 2014, Grand Palais. Le défilé Chanel est le seul où les invités arrivent bien à l'avance, pressés de découvrir le décor. Mardi matin, Karl Lagerfeld a fait déambuler ses mannequins, décontractées, baskets aux pieds, dans les rayons d'un supermarché. Le Grand Palais a été transformé en grande surface. « On a fait la galerie d'art la dernière fois, ce qui est un supermarché pour les riches, là, on a fait le vrai supermarché », lâche aux journalistes Karl Lagerfeld.
En attendant le début du défilé, des invités se prennent en photo devant des boîtes de conserve, dans le rayon alcool, derrière un chariot de courses, etc. Tous les objets, comme l'eau minérale « Eau de Chanel » et la boîte de mouchoirs « Les chagrins de Gabrielle », sont estampillés « Chanel » avec les deux C entrelacés.
Le top britannique Cara Delevingne ouvre le bal dans un long manteau en tweed, qui compte parmi les pièces les plus réussies de la collection. Dessous, elle porte un ensemble à trous, rose malabar. Ses baskets, réalisées par le bottier Massaro, sont recouvertes de tweed assorti à celui du manteau.
Les baskets, déjà aux pieds de tous les mannequins lors du défilé couture de janvier, existent en version montante, comme des bottes. « J'aime l'idée que les femmes soient comme les hommes : tout le monde marche sur du plat », explique le couturier. La chanteuse Rihanna a d'ailleurs joué le jeu : elle est arrivée au défilé en tailleur Chanel, baskets aux pieds.
Pour l'automne et l'hiver prochains, la robe et le tailleur Chanel peuvent se porter sur un pantalon irisé, la taille bien serrée dans une ceinture large.
Le tweed reste un incontournable, et arrive même sur la monture des lunettes de soleil. Mais pourquoi montrer cette collection dans un supermarché ? Karl Lagerfeld parle du « reflet du quotidien dans le luxe » et de l'influence du « pop art ». « Si vous portez des objets très chers et que vous les portez en disant : Voyez comme c'est cher, vous êtes vulgaire. Tout ça doit se porter comme un jean à 100 euros, sinon ce n'est pas élégant », poursuit le couturier, qui reconnaît ne pas aller au supermarché. Quid des produits du « Chanel shopping center », après le défilé ? Les emballages iront dans les vitrines des magasins de la marque, explique Karl Lagerfeld, soulignant que les boîtes sont vides. Quant aux fruits, légumes et bonbons, les invités pouvaient se servir en partant. Le reste ira « à une association ».

Élie Saab, minimaliste, graphique et lumineux
Inspirée d'abord par Mark Rothko, la femme Élie Saab de l'hiver prochain sera vouée à la couleur : ici rouge profond et vert empire, maîtres des corps, sculptent l'allure de manière envoûtante. Ce 3 mars, dans l'espace éphémère créé au cœur du Jardin des Tuileries, le créateur fétiche des tapis rouges présentait des robes simples où chaque nuance est prétexte à une déclinaison de lignes asymétriques qui rappellent celles, très structurées, des années 50'-60'.
Décliné en peu de couleurs, chaque modèle s'apparente à une modulation de pigments soigneusement façonnés : rose peau, rouge pourpre, vert forêt s'étirent jusque dans un noir profond et ténébreux. L'imprimé de saison se dévoile à son tour, comme un tapis de fleurs sombres, d'inspiration romantique.
Dégradées ton sur ton, les silhouettes évoluent dans des jeux de matières précieuses : ici, un manteau de fourrure diapré et structuré se dessine de manière élégante et sensuelle. Là, un jeu de paillettes brodées parsème et illumine une robe vertigineuse.
De jour, les coupes sont courtes et graphiques : des fentes verticales entaillent corsage et épaules ; d'autres encadrent les hanches. Délicieusement ajourées, elles laissent ainsi vibrer la peau et forcent le regard à découvrir les nuances ombrées de leur palette.
Dans la lignée de sa passion pour la féminité, Élie Saab a imaginé une nouvelle gamme d'accessoires complices, à porter comme les plus précieux des bijoux. Vison, crocodile et cuir tendre composent ainsi les sacs assortis aux formes graphiques de la collection. À porter du bout de leurs hanses en chaîne finement tressées.
Audacieuse complice, une minaudière encadrée d'or accompagne le soir venu des robes brodées noir ébène. Habillée de nuit, la dernière silhouette disparaît, résolument séductrice et suggestive.

Une nouvelle femme chez Dior, pleine d'énergie
La femme Dior quitte son jardin et ses rêveries pour l'automne et l'hiver prochains. Le créateur Raf Simons a voulu « un nouveau type de femme » : elle est urbaine, bourrée d'énergie, emprunte des éléments de sa garde-robe à l'homme, ose les couleurs tranchées, le tout en restant élégante, bien sûr.
En septembre, les mannequins avaient défilé sous des milliers de fleurs qui tombaient en cascade. Vendredi 28 février, les stars Rihanna (ultrasexy sous sa fourrure rouge) et Jessica Alba, mais aussi l'ex-Première dame Valérie Trierweiler se sont installées sous un plafond couvert de Led colorées.
Les mannequins ont une démarche rapide, décidée. Elles semblent être très affairées. « Je voulais suggérer un nouveau type de femme », explique le créateur Raf Simons dans une note aux invités. « La silhouette urbaine » est au cœur de ce défilé, qui privilégie une mode pour le jour. « Cette collection parle plus de la cadence de la ville que du farniente au jardin », dit Raf Simons. Il a pioché dans le vestiaire des hommes. Les vestes croisées sont des stars du défilé, tout comme le tailleur masculin et les manteaux sans manche. Il reprend aussi les rayures tennis, ces fines rayures des costumes masculins.
Les chaussures ont beau être hautes, elles gardent un côté sport, avec leur semelle faisant penser à des tennis. « J'ai toujours été fasciné par cette manière qu'ont eu Roger Vivier ou Dior de fusionner des constructions très classiques avec quelque chose de très différent », a expliqué Raf Simons. Cela se traduit aussi sur les manteaux, qui portent des lacets, rappelant ceux des corsets.
Pour le jour, les clientes en quête de robe auront l'embarras du choix. Elles sont tout en asymétrie et en superposition. Raf Simons montre son talent pour les couleurs, qu'il mixe à merveille, comme pour cette robe en laine fuchsia et crêpe matelassé vert. Il propose également de superposer le rose pâle et le jaune vif, le bleu vif et l'orange.
Les robes de cocktail sont en nylon ou en soie matelassée, avec beaucoup de volume sur la jupe qui est asymétrique et un superbe travail pour les épaules. Raf Simons les propose aussi plus longues, comme cette rose pâle qui en fera rêver plus d'une. Enfin, le show se termine avec trois robes en soie brodée, portées... sur un tee-shirt.
« Ça sera un hiver plein de couleurs et d'énergie », dit, enthousiaste, en coulisses, Sidney Toledano, le PDG de la maison. « Il y a beaucoup de modernité tout en restant dans l'élégance », ajoute-t-il. On imagine déjà un grand succès en boutique. « J'adore Dior », lui dit en riant une actrice japonaise, habillée en Dior, bien sûr.

Balenciaga : Wang impose son style
Chouchou des fashionistas new-yorkaises, Alexander Wang a présenté sa troisième collection pour Balenciaga. « Je suis parti du pull-over, qui est assez absent dans les archives de Balenciaga », explique Alexander Wang. « Presque tous les looks portent de la maille, brodée ou imprimée », ajoute-t-il. Le créateur impose de plus en plus son style.
Les premières silhouettes rappellent son travail pour sa propre marque. Les coupes restent Balenciaga, notamment avec ces épaules arrondies et volumineuses, mais il y a un côté plus streetwear. Les premiers manteaux portent des zips sur les manches et sont couverts d'une fourrure faisant à la fois capuche et chauffe-mains. Le show est plus coloré, avec des touches de rose, bleu, rouge et un duffle-coat jaune. Puis viennent des silhouettes d'une grande élégance. Une jupe noire asymétrique se porte avec un pull gris court près du corps, mais tout en arrondi. Le top brésilien Gisele Bündchen, rare sur les podiums, clôt le show : pantalon anthracite, haut sombre satiné, les épaules couvertes de maille grise avec de luxueuses pierreries brodées.

L'élégance décontractée chez Céline
Le 2 mars, pas question de rater le défilé de Phoebe Philo chez Céline : la Britannique est une lanceuse de tendances. La silhouette oversize, qui est partout dans les magasins ? C'est principalement à elle que nous la devons. Ses sacs sont copiés et recopiés. Ses créations sont souvent en une des magazines féminins pour les « Spécial mode ».
Pour l'automne et l'hiver, Phoebe Philo propose une mode plus près du corps, avec la taille et les épaules plus marquées. Mais les mannequins portent encore des manteaux oversize, les épaules tombantes.
La silhouette reste longue. Séduire n'est pas la priorité de la femme Céline, elle opte plutôt pour une élégance décontractée. « C'est magnifique et sophistiqué : la silhouette, l'allure, les proportions », estime Jean-Jacques Picart, consultant dans la mode.

La fille cool et rock de Saint Laurent
Il y a un an, Hedi Slimane présentait sa collection grunge chez Saint Laurent. Le 3 mars dernier, on découvrait un style plus sage pour l'automne et l'hiver prochains, même si le créateur continue de raconter l'histoire d'une jeune fille cool et rock. Jupe plissée, jupe écossaise, jupe trapèze avec, aux pieds, bottes vernies ou babies : le vestiaire idéal de la lycéenne. Mais avec Hedi Slimane, la jeune femme est aussi une rebelle, qui porte une jupe trop courte et a trop forcé sur le maquillage noir pour ses yeux.
Le créateur explore toute la garde-robe de cette jeune femme assez sixties qui fait partie de la même bande que l'homme imaginé par Hedi Slimane pour la collection masculine présentée en janvier. Comme lui, elle n'a pas peur de briller, avec paillette et lurex, pour gagner en glamour. Elle porte des bottines rose fluo à paillettes et des robes très courtes brillant de mille feux. Autre option : une mini-robe noire avec de gros revolvers dorés accompagnée d'un perfecto, avec des babies rose fluo. Une mini-robe rouge à grand décolleté est inratable sur le podium, tout comme un manteau en fourrure noir avec de gros ronds blancs.
Parmi les pièces-phares du défilé : des capes, dont une rouge, des manteaux en fourrure, notamment un avec de multiples couleurs. Certaines pièces, capes, vestes, par exemple, noires ou prince-de-galles, iront très bien dans une garde-robe classique.

Les zips de Stella McCartney
Stella McCartney a présenté sa collection lundi 3 mars au matin, dans les salons de l'Opéra Garnier. Pour l'automne et l'hiver prochains, on reste dans une silhouette féminine et moderne. Les zips sortent de leur fonction utilitaire pour décorer les vêtements et le sac à main. Ils sont brodés en zigzag ou soulignent l'encolure d'une veste. L'effet est très réussi et il ne serait pas étonnant que l'idée soit reprise par de grandes enseignes de prêt-à-porter. La créatrice britannique a également brodé des cordes d'escalade colorées sur les vêtements.
Sa robe tie and dye, mélangeant gris, bleu et blanc, est ravissante, toute en fluidité et en asymétrie. Des robes courtes sont faites de franges colorées et suspendues, donnant beaucoup de légèreté à la silhouette en mouvement. Stella McCartney propose des looks 100 % en maille : la top britannique Cara Delavingne porte ainsi une robe en tricot, avec un sac en bandoulière, ton sur ton.

« L'intemporel, c'est maintenant » pour Nicolas Ghesquière chez Louis Vuitton
Au dernier jour des défilés, c'est un public impatient qui trépignait de découvrir ce que Nicolas Guesquière, brillant directeur artistique de Balenciaga, avait à dire chez Louis Vuitton après l'impact indélébile de Marc Jacobs sur l'identité de la vénérable maison de luxe. Or c'est un vestiaire familier que la presse et les inconditionnelles de la marque ont découvert lors du défilé de la collection prêt-à-porter de l'hiver prochain donné dans la cour carrée du Louvre. Un vestiaire tout droit sorti des albums de famille, où l'on reconnaîtrait des visages et des silhouettes aimés. « C'est une garde-robe qui fait appel à l'inconscient collectif, au patrimoine sentimental de chacun. On y retrouve ces vêtements aimés et fonctionnels, vêtements de toujours, fidèles et irréfutables, qui ont le don fascinant de renouveler sans cesse le désir. S'y accordent des pièces inédites, de fort caractère stylistique, au tempérament contemporain, comme pour stimuler ce dressing de l'intime et l'ouvrir sur de vaste possibilité de combinaisons et d'alliances » précise Ghesquière. Il ajoute : « Signaler que l'intemporel aujourd'hui a forcément été novateur dans le passé. Y consacrer cette collection : l'intemporel, c'est maintenant. »

C'est une Semaine de la mode extrêmement animée qui vient de s'achever à Paris où, du 25 février au 5 mars, les grandes maisons présentaient leurs collections pour l'automne-hiver 2014-2015. La palme de la mise en scène revenait à Chanel, Karl Lagerfeld ayant transformé pour l'occasion le Grand Palais en supermarché géant. Élie Saab fut sans aucun doute le plus « arty » avec une...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut