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Liban - Éclairage

La réunion de Paris, une occasion pour s’entendre sur la déclaration ministérielle

Ce n'est pas un montant exorbitant ou un plan miraculeux pour régler le dossier des réfugiés syriens que la classe politique attend de la réunion à Paris du comité de soutien au Liban, dont la première réunion avait eu lieu en septembre dernier à Washington. C'est plutôt le règlement de la question de la déclaration ministérielle qui bute encore sur le terme de « résistance » réclamé par le Hezbollah.

Tout comme le secrétaire général adjoint des Nations unies Jeffrey Feltman avait quasiment poussé vers la formation du gouvernement de Tammam Salam, il pourrait bien prodiguer ses « bons conseils » aux membres de la délégation libanaise à Paris présidée par le chef de l'État Michel Sleiman. Des sources diplomatiques occidentales précisent à ce sujet que M. Feltman reste très influent au sein de la classe politique libanaise et qu'il est en mesure de pousser les « faucons du 14 Mars » à metre de l'eau dans leur vin dans la rédaction de la déclaration ministérielle. Les États-Unis (dont M. Feltman reste le représentant, en dépit de ses nouvelles fonctions à l'ONU) et la communauté internationale en général continuent à vouloir le maintien de la stabilité au Liban, précisent encore les sources diplomatiques, qui estiment qu'avant la formation du gouvernement de Tammam Salam, le Liban était au bord du précipice. Il fallait donc à tout prix former le gouvernement pour éviter un effondrement total des institutions étatiques. Comme les négociations piétinaient et semblaient se diriger vers l'impasse, une rencontre loin des projecteurs aurait eu lieu entre Jeffrey Feltman et une personnalité libanaise concernée par la formation du gouvernement qui aurait donné le coup de pouce nécessaire à la naissance du gouvernement actuel après onze mois de gestation.

 

Les sources diplomatiques occidentales précisent que le blocage venait du 14 Mars qui avait été loin dans ses positions en flèche contre le Hezbollah, refusant de s'asseoir à la même table tant qu'il n'a pas retiré ses troupes de Syrie ou même renoncé à ses armes. Le chef du courant du Futur avait amorcé le virage, mais celui-ci tardait à se concrétiser à Beyrouth. C'est là que serait intervenu Feltman. Mais jusqu'au bout, le 14 Mars a cherché à obtenir le maximum d'acquis en modifiant à la dernière minute la distribution des portefeuilles, réclamant pour le général Achraf Rifi un portefeuille régalien (la Justice) après avoir accepté celui des Affaires sociales. Le 8 Mars s'est incliné, en dépit des critiques de sa base, parce qu'il voulait lui aussi en finir avec la formation du gouvernement, sachant qu'il fait là une grande concession, puisque Tammam Salam avait promis qu'il n'y aurait pas dans son gouvernement des « noms provocateurs » pour le camp adverse.


Cette étape franchie, le gouvernement a de nouveau buté sur la déclaration ministérielle, et le même scénario s'est reproduit au sein de la commission chargée de la rédaction de la déclaration ministérielle. Des sources ministérielles proches du 8 Mars précisent à cet égard que là aussi le blocage est en grande partie interne, dicté par des considérations personnelles et électorales. Certains ministres veulent en effet profiter de cette occasion pour marquer des points vis-à-vis de leur base populaire, mais tous savent qu'en réalité, cette déclaration n'est ni une Constitution ni un nouveau pacte national, et elle n'est pas destinée à préparer le terrain à un nouveau document d'entente nationale. Exiger certaines formules plutôt que d'autres a donc pour but de retarder l'entrée en fonctions du gouvernement, sans rien changer sur le fond ni sur le terrain.

De plus, les mêmes sources ministérielles confient que certains ministres disent tout bas le contraire de ce qu'ils déclarent tout haut, et qu'au fond, ils sont convaincus que l'existence de la résistance est une carte maîtresse entre les mains de l'État Libanais dans d'éventuelles négociations indirectes ou non avec Israël, et qu'il serait maladroit de la brader pour irriter le Hezbollah et écorner sa légitimité populaire.

De plus, ces sources ministérielles considèrent que le chef de l'État a parfaitement le droit d'exprimer son opinion sur tous les sujets et, entre autres, sur la résistance et la fameuse équation « armée, peuple et résistance ». Mais l'expression de cette opinion ne doit pas avoir des répercussions sur la déclaration ministérielle qui relève de la seule responsabilité du gouvernement. Elle constitue en quelque sorte son programme d'action, et c'est sur la base de ce programme qu'il obtiendra ou non la confiance du Parlement, alors que le chef de l'État n'est pas concerné par ce vote.


Les sources ministérielles précitées estiment encore qu'en qualifiant l'équation « armée-peuple-résistance » de langue de bois, le chef de l'État ne pensait pas que le Hezbollah lui répondrait car sa politique claire depuis le début du mandat était de refuser d'entrer dans une polémique avec le président de la République. Par exemple, dans son discours du 24 mai 2013, à la veille de la fête de la Libération, qui est aussi celle de son élection à la tête de l'État, Sleiman avait déclaré que « la résistance s'est enlisée dans la fitna au Liban et en Syrie ». Ce qui constitue une critique assez sévère, et malgré cela, le Hezbollah n'avait pas réagi. C'est pourquoi la réponse du Hezbollah a surpris le chef de l'État et ses proches, dont certains se sont aussitôt empressés d'envoyer des messages pour tenter de « préciser les propos du président ».


Tout cela pour dire que les parties libanaises ont trop de comptes à régler entre elles pour parvenir à s'entendre seules. La formation du gouvernement de Salam n'est donc pas née d'une conviction des parties internes sur la nécessité d'en finir avec le gouvernement des affaires courantes, mais d'une décision externe, doublée de la volonté du 8 Mars et de ses alliés. C'est pourquoi une intervention de Feltman pourrait donner une nouvelle impulsion aux médiateurs pour parvenir à un compromis sur la déclaration ministérielle... Jusqu'au prochain obstacle.

 

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commentaires (6)

ILS CROIENT AVOIR LA MAGIE DE FAIRE S'ENTENDRE LES SOURDS AVEC LES MUETS !

LA LIBRE EXPRESSION

22 h 08, le 06 mars 2014

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Commentaires (6)

  • ILS CROIENT AVOIR LA MAGIE DE FAIRE S'ENTENDRE LES SOURDS AVEC LES MUETS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 08, le 06 mars 2014

  • Que le 14 evanescent arrive a nous dire que feltman est l'allie du hezb resistant , y a qu'un pas , depuis que la politique se lit entre les lignes d'une alliance daech/armee syrienne legitime , tout est possible avec eux . Mais c'est leur destin , ce groupe evanescent doit obeir aux ordres et il obeira aux ordres , sinon on va avoir une mini crise qatar/bensaoudie au Liban , parce que figurez vous les repercutions de la grosse crise citee plus haut ne vont pas tarder a se faire sentir le patchouli . Et vogue la resistance sur le fil de leur imbecilite , a ces salafosalafistes bensaoudiques mal informes.Pas nous , et on sait la chance qu'on a .....

    FRIK-A-FRAK

    17 h 23, le 06 mars 2014

  • COMMENT ? EST-CE QUE LES CLAIRONS DU HEZB SONT LÀ AUSSI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 02, le 06 mars 2014

  • Quand on renversera les multiples tiroirs de la commodîna(h), quoi de bien en sortira ? Car, avec les 8 Malsains, tout se déglingua. Ils ont égaré les codes. Aucun n’a de vision Saine de ce patelin. Comportements irrationnels en sus d’être pervertis. Vilaines et vaines tentatives qui se caractérisent par le découragement de ce pays. Et, que ce qui reste à espérer ce sont des pauses, pour respirer un peu et des attelles pour empêcher sa dislocation. Hélas, Rien de plus ! Il en résulte que la prévision est chose aisée dans ce Kottor-conTrée. Hier on pouvait à coup sûr prophétiser ; on ne s’en est pas privé ; que la phase de préformation de cette Marelle sera aussi éprouvante à vivre que celle consacrée à sa formation. Today, on peut sans trop risquer, augurer que cet Avatar gouvernemental ne pourra éviter de se quereller sur tout ou sur n’importe quoi ! De se chercher des poux dans les têtes. Des poux électriques ou conFessionnels. Des poux quoi. Sous l’œil impavide du fakîh Noirci avec tout l'embonpoint, qui comptera lui à l’aise les points ! Avant même le lever de rideau, les bisbilles ont déjà commencé, avec la mesquinerie à propos de la fameuse déclaration de ce fabuleux président still chrétien. Et voilà, les dossards sont bien visibles à présent sur les torses : "musulma(e)ns(t) vs chréti(e)ns", et Aigris boSSfàRiens vs 14 Marsiens pseudo-malins ou vs Druzisto-progressistes soi-disant still goupils !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 27, le 06 mars 2014

  • Les "sources diplomatiques internationales", ainsi que les "sources ministérielles" ont raison. C'est éternellement le 8 Mars -c'est à dire le Hezbollah et ses annexes- qui fait les "généreuses" concessions et c'est le maudit 14 Mars qui bloque. C'est ce qu'il fait maintenenant concernant la déclaration ministérielle. A ce sujet, il n'y a plus qu'un espoir : de voir Jeffrey Feltman, au lieu de perdre son temps à s'occuper d'un tas de choses avec les pays "amis du Liban" à l'Elysée, faire la pression nécessaire sur ses amis permanents du 14 machin, afin qu'ils fassent les concessions nécessaires, en vue de l'adoption de la déclaration ministérielle.

    Halim Abou Chacra

    05 h 45, le 06 mars 2014

  • Ainsi, "selon", Achraf Rîfi serait un "Nom Provocateur" ?i Par contre, selon "selon", les noms de ceux du hézébbb ne sont Nullement "Provocateurs" pour la famille.... de Michel Seurat !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    01 h 47, le 06 mars 2014

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