Continuer de se taire, de faire semblant, de fermer les yeux, d'accepter l'inacceptable, c'est se faire complice d'un crime, c'est souscrire à un assassinat : celui d'un pays, d'un peuple, de toutes les constituantes d'une nation.
Continuer de tergiverser, de se voiler la face, de composer avec les vautours, c'est renier les engagements, les promesses, les serments réitérés de ne servir que l'homme à travers l'État de droit, loin de toute inféodation, de tout assujettissement.
Aujourd'hui, toutes les limites ont été dépassées et le silence n'est plus tolérable pour la simple raison qu'il y a péril en la demeure, qu'il y a une volonté délibérée de neutraliser les symboles mêmes de la légalité. Pour être plus clair, le Liban, en ces jours tragiques nés de la crise syrienne, n'est même pas en mesure de se distancier des horreurs qui le menacent, n'est même pas autorisé à dire haut et fort qu'il n'entend nullement être entraîné dans des équipées meurtrières dont il a déjà expérimenté les horreurs il n'y a pas si longtemps.
Qui l'en empêche ? Une situation malsaine qui équivaut à la séquestration de la légalité, à une prise d'otage née d'une aberration qui dure depuis quatorze ans, depuis le retrait israélien en l'an 2000. Après avoir pavoisé et célébré bruyamment la libération, le Hezbollah avait alors refusé de se soumettre à la seule autorité de l'État, prétextant le maintien des hameaux de Chebaa sous occupation. Les « bons conseils » du régime syrien avaient évidemment tout à voir avec cette obstination, celle qui a conduit à la catastrophe de juillet 2006 dont le Liban n'arrête pas de payer le prix.
Pour rappel seulement : le dossier des hameaux de Chebaa est naturellement du ressort des instances internationales du fait des revendications territoriales simultanées de la Syrie et d'Israël et leur réappropriation doit forcément passer par des négociations au niveau des instances concernées des Nations unies. Pour rappel également, mais cela personne ne semble vouloir s'en souvenir, la Finul est déployée au Sud, aux frontières avec Israël, pour protéger le Liban et assurer le déploiement de la seule armée libanaise dans cette région conformément aux résolutions internationales adoptées à chaque « équipée divine » menée par le Hezbollah.
Et d'aberration en erreur de jugement, d'inféodation à des agendas externes en fourvoiement dans la guerre civile syrienne, le Hezbollah étend le champ de ses activités « libératrices » entraînant le Liban dans « l'ère du jihadisme islamiste », celui qui installe ses tentacules au pays du Cèdre dans une folle et terrifiante entreprise de vengeance...
Vous avez dit Résistance ? Les masques aujourd'hui sont tombés et les menaces de Hassan Nasrallah de reprendre sa guerre autoproclamée contre Israël ne trompent plus personne : depuis l'enlisement en Syrie, le discrédit est total et c'est de milice qu'il s'agit désormais et non de résistance, celle d'ailleurs qui aurait dû passer la main à l'armée dès l'an 2000 et qui n'a plus raison d'être depuis lors.
Assez donc de mensonges et de travestissements de la vérité : le président Michel Sleiman a tout à fait raison de clamer qu'au niveau de la résistance à l'ennemi il n'y a désormais de place qu'à la seule armée libanaise et que c'est à elle seule d'assumer ses responsabilités face à Israël. En s'obstinant à vouloir soumettre la déclaration ministérielle à sa seule volonté, en refusant de reconnaître la primauté de l'État, le Hezbollah dévoile ses véritables intentions : maintenir la légalité sous sa coupe, décider souverainement de la guerre ou de la paix, des « équipées divines » ou des participations aux convulsions civiles.
Une question évidente pour finir : comment expliquer aujourd'hui le positionnement du chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun, par rapport au Hezbollah ? Comment expliquer que cet ancien garant de la légalité, lorsqu'il était commandant en chef de l'armée puis Premier ministre, puisse continuer à soutenir un parti qui est devenu la négation même de l'État de droit ?
L'ambition présidentielle peut-elle, seule, expliquer cette aberration ? Ce serait alors maintenir indéfiniment le loup dans la bergerie...
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P.S. Les derniers évènements en Ukraine et la politique agressive suivie par la Russie auront-ils des répercussions sur le bras de fer en cours en Syrie ? La marge de manœuvre limitée de l'Occident face aux biceps de Poutine en Crimée sera-elle compensée par un durcissement euro-américain sur la scène syrienne ? Moscou donnera-t-il la priorité à ses intérêts vitaux sur le littoral de la mer Noire au détriment de sa base navale, somme toute réduite, à Tartous ? Questions légitimes alors que la tension monte entre les deux camps. Affaire à suivre.
Continuer de tergiverser, de se voiler la face, de composer avec les vautours, c'est renier les engagements, les promesses, les serments réitérés de ne servir que...
commentaires (7)
Puique vous citez le Général Michel Aoun, je me souviens , lors de son exil en France, avoir prétendu suivre le spas du Général de Gaulle. Connait-il la carrière du Général de Gaulle ? D'abord, de Gaulle n'a jamais pris part dans une bataille : en 14-18, il était planqué, en 1940, il a abandonné son régiment de chars pour vite courir à Paris s’inscrire dans un gouvernement fantoche et par la suite fuir à Bordeaux pour relier l'Angleterre. Profitant de la décadence de la France, envahie par l'armée nazi, il trouve le moyen de se placer en sauveur. Or, ceux qui ont combattu, jean Moulin, Guiraud et autres sur le terrain, ont été éliminé, par lui : possible. Quand il est rentré en France en triomphateur et sauveur du pays , les seuls qui ont combattu l'armée allemande (De Lattre, Leclerc) ont été écartés du pouvoir. Quand il a rencontré des difficultés dans le gouvernement de 1946, il a fui à Colombey, et c'est l'armée française, qui, par un putsch dirigé par Massu, qui l'appelle au pouvoir. En 1968, quand il rencontre des difficultés, il se fuit en Allemagne se réfugier chez Massu. Et quand , Georges Pompidou réussit à calmer la rue , il est revenu en triomphateur. et quand les difficultés s'amoncellent sur l'économie française, il fuit à Colombey. C'est Pompidou, Président qui réussi à redresser l'économie française. Citez moi une seule ou de Gaulle a été élu légalement par le peuple.
FAKHOURI
21 h 55, le 03 mars 2014