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Liban - Portrait

Mountain : Les zones les plus pauvres du Liban pourraient aussi bénéficier de la crise syrienne

Chaque mois, le Liban accueille cinquante mille réfugiés syriens. Leur nombre ira probablement en augmentant jusqu'à la fin de la crise dans leur pays. Dans un entretien avec « L'Orient-Le Jour », le vice-représentant spécial de Ban Ki-moon pour le Liban et nouveau représentant permanent du PNUD, Ross Mountain, a mis l'accent sur le soutien accordé aux communautés hôtes.

Ross Mountain : Ce n’est pas la plus importante crise que traverse le pays. Le Liban a connu pire, la guerre civile par exemple.

Ross Mountain est le nouveau représentant permanent du PNUD au Liban. Il a aussi d'autre titres comme celui de vice-représentant personnel de Ban Ki-moon au Liban pour les affaires humanitaires. C'est qu'avec le flux de réfugiés syriens auquel le Liban fait face et les besoins de la communauté hôte qui connaît elle-même des difficultés, il fallait faire appel à une grosse pointure de l'ONU. Un homme qui possède à son actif 37 ans d'expérience, sous la houlette des Nations unies, dans l'humanitaire, le développement et la gestion des crises.


D'origine australienne et ayant travaillé dans le développement et l'humanitaire dans presque tous les pays en crise, menant des missions d'urgence de Haïti au Soudan, en passant par l'Irak, l'Afghanistan, le Timor, le Mozambique et d'autres pays encore, il est un familier du Liban. Sur le plan privé, il est marié à une Libanaise, mais surtout Ross Mountain n'effectue pas sa première mission dans le pays. De 1995 à 1998, il avait occupé le poste de représentant permanent du PNUD. Plus tard, il a rempli des missions ponctuelles dans le pays.
En 2006, lors de l'offensive israélienne, il a travaillé durant quelques semaines sur le dossier des déplacés et de la reconstruction. Dans le cadre d'un mandat des Nations unies au Congo, il a voulu donner un coup de main, à titre personnel, au Liban pour aider le gouvernement à préparer la conférence de Stockholm. « J'étais très fier, dit-il, d'assister à la conférence de Stockholm tenue en août 2006 assis dans les rangs de la délégation libanaise. »


Ross Mountain est un homme de terrain. Et il aime ce qu'il fait. Dès son arrivée au Liban au début du mois de février, il a inspecté, avec les représentants des organismes onusiens au Liban s'occupant du dossier des réfugiés, les régions qui accueillent des déplacés.
Le nouveau représentant permanent du PNUD veut aider le pays à venir à bout de la crise des réfugiés en encourageant la communauté internationale à verser des fonds pour le Liban, à aider aussi bien les déplacés que les membres des communautés hôtes. « Dans ce cadre, la crise syrienne pourrait être le déclencheur d'un plan de développement durable pour les zones les plus pauvres du Liban », dit-il.
Ross Mountain est un homme optimiste. Il croit véritablement en ce qu'il fait et à la capacité des êtres humains à améliorer les choses. « La plupart des crises auxquelles nous faisons face aujourd'hui ont été générées par les hommes, et c'est donc aux hommes qu'il revient de les résoudre individuellement et collectivement. Et le fait d'avoir la possibilité de les résoudre vous aide à vous lever le matin », indique-t-il.

 

La résilience des Libanais
Ross Mountain est décidément infatigable. « J'ai eu de la chance de servir très peu au quartier général de l'ONU. J'ai toujours été envoyé en mission et eu à remplir des mandats à l'étranger », dit-il. C'est que Ross Mountain est un homme efficace. Il ne perd pas son temps. En l'espace d'un mois, il tient – chiffres et détails à l'appui – tout le dossier des réfugiés syriens dans le pays ainsi que les projets du PNUD et d'autres agences onusiennes actuellement en cours de réalisation avec le gouvernement libanais. Et il veut mettre à la disposition du Liban les moyens des Nations unies pour un développement équilibré et durable dans divers domaines, que ce soit l'allègement de la pauvreté, la sécurité, les élections législatives ou la situation des prisons...


« Les Nations unies étaient là avant la crise syrienne et resteront au Liban pour le soutenir et mettre leur savoir-faire à la disposition du gouvernement et des administrations », indique-t-il, liant le dossier des réfugiés syriens et la situation actuelle de la crise à un développement durable, dans l'avenir, des régions ayant le plus accueilli des déplacés. « 225 villages des plus vulnérables au Liban, spécialement dans le Akkar et la Békaa, accueillent le plus de réfugiés. Ces localités comptent 68 % de la population la plus pauvre au Liban et 86 % des réfugiés syriens », indique-t-il.
« Le poids des réfugies syriens est extraordinaire pour le Liban. Les Libanais ont été résilients en les accueillant et il faut les aider. C'est dans cet esprit que nous assisterons à la conférence de Paris cette semaine », souligne-t-il. Voulant être rassurant, il indique : « Ce n'est pas la plus importante crise que traverse le pays. Le Liban a connu pire, la guerre civile par exemple. »


Il met aussi l'accent sur le fait que « le Liban avait des problèmes de pauvreté avant l'arrivée des réfugiés syriens; beaucoup plus devrait être fait pour aider le pays, notamment les communautés hôtes, à supporter ce fardeau. Et c'est ce qui sera discuté et mis en évidence cette semaine à Paris ».


Ross Mountain note que plusieurs dispositions ont été déjà prises pour aider la communauté hôte. Ainsi, normalement, quand les Nations unies font face à une crise humanitaire impliquant des réfugiés, les aides, que ce soit la nourriture, les matelas, les bâches pour la construction des tentes et d'autres produits encore, arrivent de l'étranger. Ce n'est pas le cas au Liban. Sur le terrain, des bons sont distribués régulièrement aux réfugiés afin qu'ils puissent se procurer de la nourriture et du fuel pour le chauffage, et de l'argent leur est remis pour payer le loyer ou les matières leur permettant de construire des tentes. « Tout cet argent est donc dépensé auprès de la communauté locale et crée une injection d'argent dans l'économie libanaise. Dans ce sens, l'opération humanitaire actuellement en cours au Liban est unique », indique-t-il.
« L'année dernière, l'aide humanitaire au Liban a atteint environ un milliard de dollars, et la majorité de la somme avait été versée en liquide, profitant aux communautés locales », ajoute-t-il.


Des agences onusiennes supplémentaires ont ouvert leurs portes au Liban avec la crise syrienne, comme le HCR et le PAM. Actuellement, les civils qui travaillent auprès des organismes onusiens se chiffrent à 3 000 personnes, la plupart des Libanais. Le HCR et le PAM emploient à eux seuls un millier de personnes.
« De plus, les programmes mis en place pour aider les réfugiés profitent aussi aux Libanais dans les zones pauvres, comme les formations données aux instituteurs des écoles ou encore la réhabilitation d'établissements scolaires », poursuit-il.

 

Plan directeur
« Nous sommes ici pour aider le Liban. Les Nations unies étaient au Liban avant la crise syrienne et ne le quitteront pas après. L'année dernière, un rapport économique et social a été préparé par la Banque mondiale avec les Nations unies en coopération avec la présidence du Conseil des ministres ; il dresse un état des lieux de la situation au Liban. Il devrait servir de plan directeur pour le développement du pays, notamment en matière d'éradication de la pauvreté, de la mise en place d'infrastructures et de la participation du secteur privé. Des projets et des programmes devraient être élaborés et réalisés pour améliorer la situation du Liban », souligne le représentant permanent du PNUD.


« On devait mettre en place un plan directeur pour stabiliser la situation, et cela concerne un nombre de points relatifs aux besoins immédiats et à moyen, même à long terme, de la population libanaise », ajoute-t-il.
Et de souligner : « J'aimerais réaliser du travail dans ce cadre. Peur-être que l'on pourrait profiter de la crise syrienne pour mettre en route des projets de développement à long terme dans les villages qui accueillent des réfugiés syriens. »


À la question de savoir si les Nations unies l'ont amené à remplir une nouvelle mission au Liban à cause de l'importance de la crise, lui qui est habitué à gérer des catastrophes humanitaires, il répond dans un éclat de rire : « Non, c'est parce que, au quartier général, ils savent à quel point j'aime le Liban. »
Marié à une Libanaise, rappelons-le, Ross Mountain n'a pas coupé ses liens avec le pays depuis qu'il avait achevé sa première mission en 1998. Ce qui lui a le plus manqué? « Les amis et la lumière du pays (très différente de celle de l'Europe), mais souvent on associe la lumière aux personnes qu'on aime et aux amis qu'on a », souligne-t-il en conclusion.

 

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commentaires (1)

Scandaleux les propos de ce vautour en cravate ...!,il devrait savoir que le malheur des uns ,ne fait jamais le bonheur des autres ! ou si il y a un vague soupçon de bonheur , celui ci coute trop cher...

M.V.

10 h 15, le 03 mars 2014

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Commentaires (1)

  • Scandaleux les propos de ce vautour en cravate ...!,il devrait savoir que le malheur des uns ,ne fait jamais le bonheur des autres ! ou si il y a un vague soupçon de bonheur , celui ci coute trop cher...

    M.V.

    10 h 15, le 03 mars 2014

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