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Moyen Orient et Monde - Irak

Le retrait politique de Sadr, un « cadeau » pour ses rivaux

L'annonce de l'influent chef radical chiite Moqtada Sadr de son retrait de la vie politique à deux mois des élections en Irak pourrait se révéler un « cadeau » pour ses rivaux, à moins qu'il ne s'agisse que d'une manœuvre tactique, selon des experts.
Le visage rond et les yeux sombres, Moqtada Sadr a été propulsé dès l'invasion américaine de 2003, tout juste trentenaire, à la tête de la « résistance » chiite, grâce à l'aura de son père et de son oncle, deux grandes figures chiites tuées sous le régime de Saddam Hussein. Au fil des ans, son ascension s'est transformée en poids politique : à l'annonce de son retrait, son mouvement comptait six ministres et 40 députés, dont un vice-président du Parlement. « J'annonce que je n'interviens (plus) dans toutes les affaires politiques et qu'il n'y a plus de bloc qui nous représente à partir de maintenant au gouvernement ou au Parlement », a-t-il pourtant affirmé dimanche.
Ce retrait si près des élections législatives d'avril pourrait favoriser d'autres partis chiites, estime Aziz Jabr, professeur de sciences politiques à l'Université Moustansiriyah à Bagdad. L'un des principaux bénéficiaires pourrait être le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite que Moqtada Sadr a soutenu puis traité de dictateur et de tyran. « Maliki s'est débarrassé de lui sans effort, et c'est comme un cadeau », poursuit M. Jabr. Pour Kirk Sowell, expert en risque politique et éditeur de la lettre d'informations Inside Iraqi Politics basé à Amman, si le bloc Sadr perd des voix en avril, elles pourraient se reporter sur le parti chiite Fadhila et sur M. Maliki. « La quasi-totalité de la progression de Sadr en 2010 s'était faite au détriment de Fadhila », rappelle-t-il.
Avant de devenir un chef politique, Moqtada Sadr était le commandant de l'armée du Mahdi, une milice redoutée qui a combattu les troupes américaines. Le leader chiite a ensuite suspendu les activités de la milice, avant de consacrer la majeure partie de son temps ces dernières années à des études religieuses, en Iran et en Irak.

Un retour toujours possible
Pour certains, son retrait de la vie politique n'est pas une bonne nouvelle pour l'Irak. L'écrivain politique Sarmad al-Taie estime que Moqtada Sadr était devenu un partisan du chemin des réformes politiques et avait œuvré pour apaiser les tensions entre confessions, alors que le pays est de nouveau plongé dans un cycle de violences.
Cependant, rien ne permet de dire qu'il s'agit d'un retrait définitif pour le dignitaire religieux, qui a déjà pris ses distances à plusieurs reprises avant de refaire surface un peu plus tard. Les responsables de son courant n'étaient pas en mesure d'expliquer son annonce surprise, qui n'a pas convaincu tous les experts politiques. Moqtada Sadr « a l'habitude de s'éloigner des feux de la rampe politique quand il est physiquement menacé » ou « quand le mouvement sadriste doit faire quelque chose de politiquement utile, mais dont Sadr veut se dissocier », explique Michael Knights, du Washington Institute for Near East Policy. « Rien n'est permanent en Irak à part la mort », insiste-t-il. « Il y a eu une période où il était en Iran, officieusement en retrait de la politique, il y a quelques années. Et à l'automne, il y a eu cette auto-isolation qui n'a duré que quelques semaines », souligne-t-il. « Toutes ces démarches visaient à se donner un plus grand degré d'autorité religieuse », estime enfin M. Knights.
Mais l'annonce de dimanche semble avoir un caractère plus sérieux et plus définitif que les précédents retraits, comme semble le montrer la démission de plusieurs députés sadristes. Moqtada Sadr a en outre ordonné la fermeture des permanences politiques de son mouvement, tout en précisant que les bureaux chargés de l'humanitaire et des médias restaient ouverts.
(Source : AFP)

 

L'annonce de l'influent chef radical chiite Moqtada Sadr de son retrait de la vie politique à deux mois des élections en Irak pourrait se révéler un « cadeau » pour ses rivaux, à moins qu'il ne s'agisse que d'une manœuvre tactique, selon des experts.Le visage rond et les yeux sombres, Moqtada Sadr a été propulsé dès l'invasion américaine de 2003, tout juste trentenaire, à la tête...

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