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Liban - Environnement

Le Grand Beyrouth croule sous les ordures

Les manifestants ont décidé, dans la nuit de dimanche à lundi, de rouvrir l'accès à la décharge pendant 48 heures, tout en maintenant leur sit-in.

Montagne de déchets à Tallet el-Khayat. Photo Sami Ayad

Suite à des discussions qui ont duré toute la nuit, la campagne pour la fermeture de la décharge de Naamé et le Mouvement écologique libanais (LEM) ont décidé d'accepter de rouvrir l'accès à la décharge pendant 48 heures, afin de donner une chance aux négociations avec les responsables. Ils maintiennent toutefois leur sit-in.

Les tergiversations avaient duré toute la journée. Il faut dire que l'amoncellement des déchets dans les rues de Beyrouth et du Mont-Liban a placé ce sit-in en tête des préoccupations des Libanais ce week-end.


Une délégation des habitants de la région de Naamé, accompagnéee d'écologistes, a été reçue hier dans l'après-midi par le Premier ministre désigné Tammam Salam pour discuter des revendications des manifestants. M. Salam a promis de créer une commission d'urgence dès que son gouvernement sera en place afin de régler cette affaire au plus vite. La délégation avait déclaré, suite à cette réunion, qu'un sursis de 48 heures serait donné aux autorités pour trouver une solution et que la route serait réouverte durant ce temps. Selon Paul Abi-Rached, président du Mouvement écologique libanais (LEM), qui s'adressait à la LBCI, M. Salam devrait effectuer, durant ces 48 heures, des contacts avec les responsables qui se sont montrés particulièrement évasifs durant cette crise, afin d'apporter les garanties nécessaires aux manifestants.
Alors que la tension semblait retomber, un coup de théâtre est venu tout bouleverser moins d'une heure plus tard. La responsable de la Campagne pour la fermeture de la décharge de Naamé, Raghida Halabi, annonçait que « le sit-in ouvert se poursuit et que la route de la décharge de Naamé reste fermée aux camions ». Cette décision a été remise en cause quelques heures plus tard.


À L'Orient-Le Jour, Raghida Halabi avait parlé d'un « malentendu » entre militants du même camp. « Nous avons fait savoir à la délégation que nous refusions de lever le sit-in et ils ont respecté notre décision, dit-elle. Les autorités se moquent-elles de nous en voulant nous convaincre de maintenir notre sit-in et de laisser passer les camions ? C'est nous qui souffrons depuis 16 ans de la proximité de cette décharge, nous pouvons pratiquement voir les gaz toxiques sortir des tuyaux, sans compter les odeurs qui nous empoisonnent la vie. Nous savons depuis longtemps que cette décharge ne sera fermée que si nous maintenons la pression dans la rue. Si les responsables veulent une solution, qu'ils viennent nous trouver ici. »


Les manifestants ne craignent-ils pas qu'une éventuelle hostilité de la part des habitants de Beyrouth et du Mont-Liban ne nuise à leur mouvement ? « Pas du tout, c'est vers les responsables qu'ils devraient diriger leur colère, c'est après tout eux qui négligent ce dossier depuis tant d'années, répond-elle. Pour ce qui est des déchets, je leur conseille de les jeter devant le Parlement ou toute autre institution officielle afin que les responsables ressentent l'urgence d'une solution. »

 

La colère gronde
Entre-temps, les déchets s'amoncellent dans les rues et la colère gronde un peu partout à Beyrouth et dans le Mont-Liban. Les photos des montagnes de sacs en plastique autour des bennes vertes circulent sur les réseaux sociaux, avec des commentaires outrés. Les habitants de la capitale et du surpeuplé Mont-Liban ont enfin, et malgré eux, une idée de la quantité de déchets qu'ils produisent en trois jours. « Ce sont ces déchets qui sont transportés tous les jours depuis seize ans chez nous », leur répondent leurs compatriotes de la région de Naamé-Abey-Aïn Drafil.

 

« 80 % au lieu de 10 % »
Le sit-in effectué par les habitants, soutenus par de grands rassemblements d'écologistes, qui en est aujourd'hui à sa quatrième journée, a commencé le 17 janvier, date à laquelle le contrat avec la compagnie chargée du ramassage des déchets et de la gestion de la décharge, Sukleen, devait expirer, avant que le délai ne soit repoussé d'un an. Samedi, Sukleen a publié un communiqué dans lequel elle « s'excuse d'être obligée d'interrompre le ramassage », affirmant que ses camions « pulvérisent des insecticides pour éviter que les microbes ne prolifèrent ». À l'Agence nationale d'information, la compagnie se dit « seulement concernée par l'exécution », soulignant qu'elle est mandatée par l'État et n'a aucun pouvoir de décision.


Or hier, dans leurs interventions, les manifestants de la Campagne pour la fermeture de la décharge de Naamé ont mis en cause autant l'État (les ministères et le Conseil du développement et de la reconstruction, CDR, en charge de l'exécution) que la compagnie dans ce qu'ils ont appelé « les entorses au contrat ». Un contrat qui avait été signé en 1997 entre le gouvernement d'alors et la compagnie, dans le cadre d'un plan d'urgence après la fermeture du dépotoir de Bourj Hammoud, également sous la pression populaire. Il comprenait le ramassage des ordures avec tri dans les usines, compostage des déchets organiques, recyclage des matières recyclables et enfouissement des matières inertes. Comme le dit Paul Abi-Rached à L'Orient-Le Jour, « au lieu des 10 %, ce sont 80 % des déchets qui se retrouvent à la décharge depuis toutes ces années », en faisant remarquer que cela a considérablement augmenté le coût du traitement des déchets. Il rappelle qu'il préconise la décentralisation dans ce dossier.


Dans son communiqué, la Campagne pour la fermeture de la décharge de Naamé a estimé que « l'amoncellement des déchets à Beyrouth et au Mont-Liban fait éclater un véritable scandale parce qu'il met en évidence l'échec des politiques de l'État ». Le texte souligne que « ce sit-in est dans l'intérêt du peuple libanais parce qu'il poussera les responsables à s'activer pour trouver une solution ». Il rappelle que la décharge s'étend désormais sur 300 mille mètres carrés et qu'elle renferme 20 millions de tonnes de déchets « sur nos terres et dans nos villages ». Les manifestants se disent convaincus qu'il existe une alternative à la décharge. « Les écologistes ont présenté des dizaines d'études, le CDR devrait en appliquer une », conclut le texte.

 

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commentaires (1)

Bravo pour le Premier ministre désigné Tammam Salam qui en discutant les revendications des manifestants a pu convaincre ces derniers de jeter toujours la poubelle mais pour quarante huit heures seulement à la décharge de Naamé .A suivre .

Sabbagha Antoine

11 h 57, le 20 janvier 2014

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Commentaires (1)

  • Bravo pour le Premier ministre désigné Tammam Salam qui en discutant les revendications des manifestants a pu convaincre ces derniers de jeter toujours la poubelle mais pour quarante huit heures seulement à la décharge de Naamé .A suivre .

    Sabbagha Antoine

    11 h 57, le 20 janvier 2014

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