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À La Une - L'homme de la semaine

Seif, militant syrien anti-régime miraculé des geôles de Daech

"Les prisons du régime sont certes parmi les pires au monde. Mais, croyez moi, celles de Daech sont bien plus horribles".

Un rebelle syrien prend position dans un immeuble en face d'un cimetière, le 11 janvier 2014, à Alep. REUTERS/Jalal Alhalabi

La famille de Seif, un militant anti-régime syrien enlevé par des jihadistes en novembre, était sûre de ne jamais le revoir, mais le jeune homme a eu la vie sauve grâce à la récente offensive rebelle contre ses geôliers.


Quand ce survivant de 22 ans a retrouvé lundi ses parents en Turquie, "ils ont cru voir un revenant, car mes ravisseurs leur avaient dit que j'avais été exécuté, et ils avaient déjà récité la prière des morts", raconte-t-il à l'AFP via Internet.
"Daech (L'Etat islamique en Irak et au Levant, EIIL) m'avait condamné à mort, sans, bien sûr, de procès équitable. Le juge (jihadiste) tunisien a fait quelques pas dans la pièce avant de prononcer sa sentence. Il m'a condamné à la peine capitale car ce jour-là il était de mauvaise humeur", assure le jeune homme.


Étudiant en droit à l'université d'Alep avant le début du soulèvement en mars 2011, Seif a rejoint la lutte contre le régime. Le 28 novembre, il a été enlevé dans son bureau, où il s'occupait des médias pour les rebelles. Il a été libéré le 6 janvier de la prison où les jihadistes le retenaient à Dana, dans une province septentrionale d'Idleb.


Exaspérés par la brutalité et la volonté d'hégémonie de Daech (EIIL), les rebelles, en majorité des islamistes, ont retourné il y a huit jours leurs armes contre ces anciens alliés dans la lutte contre le régime, les chassant de la province d'Alep et d'une grande partie de celle d'Idleb. Daech détient des centaines de personnes, dont des rivaux politiques, des militants et des journalistes, y compris des Occidentaux.

 

(Reportage : "Il n'y a rien en Syrie... Notre pays est le pays de la mort")


Les survivants, comme Seif, décrivent leurs conditions de détention comme "inhumaines, bien pires que celles du régime" de Bachar el-Assad.
"On me donnait un demi-litre d'eau tous les deux jours et seulement un petit peu de nourriture. Comme ils haïssaient les militants impliqués avec les médias, j'étais battu, insulté", confie Seif, qui a aussi goûté aux prisons du régime en 2011. "Les prisons du régime sont certes parmi les pires au monde. Mais, croyez-moi, celles de Daech sont bien plus horribles. Au moins, dans les prisons d'Assad j'étais nourri chaque soir", assure Seif.

 

"Ils nous torturaient sans pitié"
Ce militant s'estime chanceux d'avoir pu s'échapper alors qu'il a vu des détenus exécutés.
"Il y avait un Kurde de 15 ans accusé d'avoir violé des filles et d'être lié" au Parti de l'Union démocratique (PYD), principal groupe armé kurde en Syrie, qui combat durement depuis des mois l'EIIL dans le nord du pays. "Ils l'ont tellement battu durant cinq jours qu'il a craqué et a +avoué+. Ils l'ont aussitôt abattu", se souvient-il.


Il évoque des septuagénaires, notamment kurdes, kidnappés pour des rançons, et des Arméniens enlevés alors qu'ils tentaient de fuir en Turquie.

"Ils nous ont montré la tête de prisonniers exécutés pour nous terroriser. Ils nous torturaient sans pitié. Mon front saignait à cause des coups que j'ai reçus pendant deux jours", raconte Seif.


Toujours en Syrie, Milad Chehabi, journaliste-citoyen pour l'agence pro-rébellion Shahba Press, a aussi été enlevé dans son bureau fin décembre.

Reporters sans frontières (RSF) décrit la Syrie comme l'endroit le plus dangereux au monde pour les journalistes.

Les jihadistes "m'ont dit que je devais apprendre comment parler de Daech", explique le militant à l'AFP, via Internet. Contrairement à Seif, il n'a jamais été +jugé+ et n'a su qu'après plusieurs jours qu'il était aux mains de Daech. "Durant 13 jours, j'avais les yeux bandés, j'étais confiné dans un isolement total", dit-il. Il ignorait qu'il était détenu dans l'ancien hôpital pour enfants d'Alep, devenu le quartier général de Daech.


Cette semaine, les rebelles ont pris d'assaut ce bâtiment et libéré des dizaines de captifs, dont Milad, juste après que les jihadistes aient abattu de sang froid au moins neuf détenus. Le jeune homme de 23 ans confie : "J'ai entendu des tirs quand ils exécutaient ces malheureux, tellement de tirs que j'ai cru qu'il y avait des combats".

Lui aussi était convaincu de ne jamais sortir vivant de cet enfer. "Ils m'ont demandé une rançon de 200.000 livres syriennes (1.300 dollars), mais je n'avais en poche que 15.000 LS (100 USD). Je leur ai demandé de pouvoir informer ma famille de mon sort, mais ils ont refusé", dit-il.

 

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La famille de Seif, un militant anti-régime syrien enlevé par des jihadistes en novembre, était sûre de ne jamais le revoir, mais le jeune homme a eu la vie sauve grâce à la récente offensive rebelle contre ses geôliers.
Quand ce survivant de 22 ans a retrouvé lundi ses parents en Turquie, "ils ont cru voir un revenant, car mes ravisseurs leur avaient dit que j'avais été exécuté, et...

commentaires (1)

Encore une fois un témoignage déguelasse ou Daech semble devenir le nouveau visage d'un monde arabe sauvage .

Sabbagha Antoine

14 h 09, le 15 janvier 2014

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Commentaires (1)

  • Encore une fois un témoignage déguelasse ou Daech semble devenir le nouveau visage d'un monde arabe sauvage .

    Sabbagha Antoine

    14 h 09, le 15 janvier 2014

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