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Culture - En librairie

« Liban sur rail » mène la nostalgie bon train

Dans un pays où tout semble dérailler complètement, voilà un ouvrage à la nostalgie salvatrice, car il nous emmène loin du train-train quotidien. Arrêt donc sur le trilingue « Liban sur rail », richement illustré de photographies d'Eddy Choueiry, lesté des documents d'archives d'Élias B. Maalouf.

Un train à la station de Dahr el-Baïdar.

Après un premier affichage au palais de Beiteddine, où 25 clichés d'Eddy Choueiry, dont certains tirés au format (2,25 x 150) étaient affichés aux côtés de photos et documents issus des archives d'Élias Boutros Maalouf en juin dernier, l'exposition « Liban sur rail » avait stationné aux Souks de Beyrouth en septembre. En novembre paraissait l'ouvrage éponyme, lancé par la librairie al-Bourj à l'occasion du Salon du livre francophone. Édité par la Bibliothèque improbable du Pinacle, ce beau livre (imprimé grâce à la contribution de la Fondation nationale du patrimoine et de Robert Zeitoun) garnit actuellement les achalandages des librairies. Ou 225 pages d'illustrations, accompagnées de peu de texte (certains le regretteront peut-être, mais il ne s'agit pas tant d'un ouvrage historique que d'une promenade à travers le temps et les gares d'antan), qui racontent la belle histoire de ce moyen de transport carrément disparu du paysage local. Des 45 stations de gare qui jalonnaient un réseau étalé sur une longueur de 417 km, il ne nous reste en effet que des bâtiments en ruine, des carcasses de bêtes attaquées par la rouille, des reliques souvenirs d'un bon vieux temps où les voitures n'étaient ni embouteillées ni piégées.
Dans sa lettre au lecteur, le banquier et mécène Raymond Audi souligne à bon escient que « tant de pays ont donné la main au projet de notre rail qu'on peut dire en un sens que ce fut une société des nations amies », écrit-il en citant l'Allemagne, l'Australie, la Belgique, la France, les États Unis, la Pologne et, bien sûr, la
Turquie.
Cet ouvrage « enchantera vos veillées avec vos enfants et petits-enfants... à qui il est notre devoir de transmettre le trésor de mémoire que nous avons engrangé », dit-il encore en concluant : « En un sens très noble, le rail au Liban, qui est à la fois notre unité nationale organiquement nouée à nos amitiés internationales, est une partie intégrante de notre patrimoine. Nous pouvons en être fiers. »
Dans la page qui suit, le collectionneur de cartes postales, Sami Toubia, tient à rendre hommage à la mémoire de Raoul Assaf, économiste,
ancien professeur et chef de département d'histoire à l'USJ qui « a laissé une empreinte indélébile sur ses collègues, ses collaborateurs et ses jeunes étudiants. Ce livre en est la preuve ».
Eddy Choueiry, qui signe la photographie, le design et la maquette de l'ouvrage note, pour sa part, que : « La photographie est notre élixir contre le temps, notre désir d'éternité. » « Nous photographions et nous rephotographions sans relâche afin que les autres s'approprient nos images et y construisent leurs propres nostalgies », indique ce capteur d'images.
Les archives et textes d'Élias Boutros Maalouf guident le lecteur à travers ce foisonnement d'images.
D'après la page consacrée à la chronologie succincte du rail de 1895 à 1961, l'on apprend qu'à la date précitée la première ligne mise en service a été construite par la Société des chemins de fer ottomans économiques de Beyrouth-Damas-Houran, dans le cadre d'une concession accordée en 1891 par le comte Edmond de Perthuis. Quatre autres lignes seront créées entre 1902 et 1942...
Les pages nous emmènent, en vrac, dans un voyage à plusieurs arrêts. De Mar Mikhaël à Tripoli, où l'on ausculte les trains allemands de cette gare du Nord. Puis directions Rayak pour tâter les wagons rouillés de la gare et découvrir les histoires relatives à l'usine qui a fait de Rayak la capitale de la voie ferroviaire du Moyen-Orient. Stop, ensuite, devant une locomotive américaine dans la gare NBT (Naqoura-Beyrouth-Tripoli) de Beyrouth, avant d'attraper un train polonais, figé sur un rail de chemin de fer à Chekka construit par l'armée australienne en 1941.
Ensuite le lecteur trébuche sur des photographies d'une multitude d'objets retrouvés parmi les décombres, ces gros plans sur des chaussures défoncées, un sac abandonné, des lanternes de trains ou sur des personnages comme Gaby Choueiri prenant le train à la gare de Mar Mikhaël dans un cliché datant de 1964. Séquences émotions et nostalgie, notamment dans les pages parallèles juxtaposant photos d'archives et celles des reliques d'aujourd'hui. Dans ces clichés où la nature reprend ses droits, envoie ses herbes folles et ses ronces à l'assaut d'un patrimoine parti en fumée.
Comme celle qui sort de la locomotive nommée Liban...

Après un premier affichage au palais de Beiteddine, où 25 clichés d'Eddy Choueiry, dont certains tirés au format (2,25 x 150) étaient affichés aux côtés de photos et documents issus des archives d'Élias Boutros Maalouf en juin dernier, l'exposition « Liban sur rail » avait stationné aux Souks de Beyrouth en septembre. En novembre paraissait l'ouvrage éponyme, lancé par la...

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