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Liban - Liban

Incidents sécuritaires itinérants : six tués dans le seul village de Sawiri dans la Békaa-Ouest

L’armée a dû se déployer en force à Sawiri dans la Békaa-Ouest pour mettre fin aux combats de rue entre deux familles, l’une sunnite et l’autre chiite, de la localité. Photo Danielle Khayat

Huit tués et plusieurs blessés dus à des incidents isolés et des conflits à caractère personnel. C'est le triste bilan des accrochages à main armée qui se sont produits en plusieurs endroits du pays samedi et dimanche, depuis Ersal (1 tué) jusqu'au Akkar (1 tués), en passant par la Békaa-Ouest (6 morts), où un différend sur une priorité de passage a dégénéré en batailles rangées entre deux familles, dans le village de Sawiri, dans la Békaa-Ouest, situé à 5 km de la frontière syrienne. Un développement inquiétant à plus d'un niveau pour les forces de l'ordre, déployées en force sur les lieux pour stopper une véritable « miniguerre » entre les deux familles belligérantes.

Si l'incident n'a aucun caractère politique comme l'assurent plusieurs témoins sur place, il n'en reste pas moins que le lourd bilan en vies humaines et en dommages matériels – 6 tués, plusieurs blessés et une dizaine de maisons incendiées – est symptomatique de l'état de déliquescence et du chaos sécuritaire qui prévaut désormais dans le pays.

L'affaire, qui a opposé deux familles à Sawiri, les Janbein (sunnites) et les Chouman (chiites), aurait commencé, selon certaines sources, par une rixe due à une priorité de passage, une version confirmée par l'armée. Selon les villageois, l'antagonisme entre les deux clans, qui est ressorti à la surface samedi dernier, date depuis longtemps.


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Il n'en reste pas moins que l'accrochage, qui a débuté samedi entre les deux familles, a provoqué la mort de deux individus d'une même famille, Mohammad Saïd Janbein et son frère Farah, tous deux soldats dans l'armée. Dépêchée sur les lieux, la troupe a réussi à arrêter trois personnes « soupçonnées d'avoir tué les deux frères ».

Cependant, la tension ne s'est pas rétablie pour autant. Lors des funérailles de l'un des deux frères hier (le second, grièvement blessé, n'était pas encore décédé), les accrochages ont repris de plus belle et neuf maisons appartenant à la famille Chouman ont été incendiées.

Bilan du second round : Ahmad Janbein et son frère, Khaled, un sergent-chef, Youssef Chouman, et son fils ont tous trouvé la mort. Six autres personnes ont été blessées dont des soldats de l'armée qui se trouvaient en permission. Une unité de la troupe est intervenue avant d'arrêter 8 personnes accusées d'avoir relancé les accrochages. À noter que près de 80 % des jeunes de ce village sont des recrues de l'armée (2 000 soldats sur un total de 10 000 habitants).

C'est en tous les cas avec grande difficulté que l'armée a finalement réussi hier soir à juguler ce grave incident, recourant à une mesure exceptionnelle dans ce genre de situation : l'évacuation de l'ensemble des membres de la famille Chouman, dont les femmes et les enfants, hors de la ville à bord de véhiciles militaires blindés.
Les soldats ont également œuvré à rouvrir la route de Sare'in qui avait été coupée en soirée par des membres de la famille Chouman, originaires de cet autre village, en signe de solidarité avec les membres de leur famille résidant à Sawiri.
La troupe a également trouvé utile d'appeler sur place l'ensemble de ses soldats originaires de la localité pour tenter de calmer le jeu. Ces mesures inhabituelles, mais qui démontrent la gravité de la situation, ont été couplées à des mesures conventionnelles : barrages, perquisitions, patrouilles. Des mesures qui ont contribué à ramener le calme en soirée, d'autant que l'institution militaire a été sollicitée par les responsables politiques et par les habitants eux-mêmes, notamment la famille Chouman, pour s'imposer. Voyant la situation se dégrader, plusieurs figures politiques ont effectué des contacts en vue d'un retour au calme, craignant que la situation ne dégénère encore davantage.


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Le ministre démissionnaire des Affaires sociales, Waël Abou Faour, a appelé le président de la Chambre, Nabih Berry, et les anciens chefs de gouvernement, Fouad Siniora et Saad Hariri, pour les informer des derniers développements. Il a en outre pris contact avec le commandant de l'armée, qu'il a appelé à intervenir rapidement et à faire en sorte de juguler les conséquences de l'incident pour éviter qu'elles se répercutent sur le tissus social de la ville, connue pour sa mixité communautaire.

Le membre du courant du Futur, Ziad Kadri, qui a également pris contact avec MM. Siniora et Hariri, a estimé pour sa part que les causes de l'incident « sont suspectes », soulignant que les auteurs sont des « criminels » et non membres d'une « confession, d'une communauté ou d'un parti ». « Sawiri est une ville paisible, et la coexistence entre ses habitants y prévaut. Il faut placer cet incident dans son contexte : il ne s'agit pas d'une affaire politique, confessionnelle ou communautaire », a-t-il répété.

Plus cinglants ont été les propos du guide spirituel des chiites, Ali Fadlallah, qui a appelé l'ensemble des responsables à déployer les efforts requis pour enrayer les conséquences de l'incident.
Le dignitaire a mis en garde contre « l'état de déliquescence, de laxisme et de vide dans lequel baigne le club des officiels politiques libanais », qui, a-t-il dit, a conduit à « une situation dangereuse qui risque de transformer n'importe quel problème à caractère individuel en une discorde itinérante ».


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