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Moyen Orient et Monde - Turquie

Une rafle anticorruption creuse le fossé entre l’AKP et ses alliés islamistes

Trois fils de ministres et des hommes d'affaires connus font partie des personnes interpellées.

Baris Güler (portant des lunettes de soleil), fils du ministre de l’Intérieur Muammer Güler, est vu escorté de policiers à Istanbul. Kursat Bayhan/Reuters

Près d'une cinquantaine de personnes ont été interpellées hier par la police turque dans le cadre d'une affaire de corruption supposée, selon des médias.


De nombreux agents de la direction des finances de la Sûreté nationale ont procédé à l'aube à des descentes dans différents quartiers d'Ankara et d'Istanbul et appréhendé 49 personnes, soupçonnées notamment de corruption active, blanchiment d'argent et fraude dans des appels d'offres publics pour la construction de logements sociaux par l'agence gouvernementale du développement du logement (Toki), a indiqué la chaîne d'informations CNN-Türk. Le gouverneur d'Istanbul, Hüseyin Avni Mutlu, a confirmé aux journalistes qu' « une opération judiciaire est en cours », sans d'autres précisions.


Parmi les personnes actuellement interrogées par les autorités judiciaires dans les deux villes figurent les fils des ministres de l'Intérieur, de l'Économie et de l'Urbanisme, tous membres influents du parti islamo-conservateur de la Justice et du Développement (AKP), au pouvoir depuis 2002, précise l'agence Dogan. Le PDG de la grande banque publique Halkbankasi, Süleyman Aslan, et des hommes d'affaires connus dans le secteur de la construction immobilière ont aussi été arrêtés, ajoute l'agence. Les policiers ont également interpellé un maire AKP d'un district d'Istanbul, celui de Fatih, et perquisitionné le siège stambouliote du groupe Agaoglu, propriété du magnat du bâtiment et des travaux publics, Ali Agaoglu, selon les chaînes de télévision.

 

Luttes intestines
Selon les observateurs politiques, cette rafle dans des milieux proches du gouvernement a pour toile de fond une lutte de pouvoir entre le parti gouvernemental du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et une puissante confrérie musulmane, autrefois alliés. La justice et la police sont réputées être contrôlées par la confrérie de l'imam Fethullah Gülen, chef spirituel du mouvement Hizmet qui vit aux États-Unis depuis 1999.
Depuis la ville de Konya, un bastion islamiste du centre de la Turquie, où il était en déplacement hier, M. Erdogan a clairement dit que son régime ne céderait pas aux « menaces », sans s'adresser nommément à la confrérie. « Personne ne peut nous tendre de piège et procéder à des opérations » de déstabilisation, a martelé M. Erdogan dans des déclarations perçues comme visant les partisans de M. Gülen, sans toutefois commenter l'opération policière du matin.


Les épées sont tirées depuis quelque temps entre les deux partis depuis la décision de l'AKP en novembre de fermer les nombreux établissements de soutien scolaire, importante source de revenus de la confrérie et devenus une véritable institution parallèle en Turquie. La décision début décembre du gouvernement de différer le processus de fermeture jusqu'en 2015 n'a pas apaisé les tensions et deux députés AKP proches de l'influente confrérie, dont Hakan Sükur, un ancien footballeur international, ont démissionné de leur formation en signe de protestation. Selon les analystes, la direction de l'AKP aurait décidé de faire payer à la confrérie ses critiques contre le gouvernement, notamment lorsque M. Gülen lui-même avait dénoncé les excès de la répression policière lors de la fronde antigouvernementale sans précédent qui a secoué la Turquie en été dernier.

 

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