Moriteru Ueshiba : L’aïkido est tout d’abord un entraînement sur soi-même 

L'aïkido, ou budo, est un art martial crée par Morihei Ueshiba. Cet art est né dans les années 1920 de la rencontre entre plusieurs arts martiaux anciens, tel que le jujitsu, le kenjutsu (art du sabre japonais) et l'aikijutsu, mais également d'une réflexion métaphysique et religieuse sur le sens de la pratique martiale à l'ère moderne.
Apres le décès du fondateur de cet art en 1969, son fils Kisshomaru Ueshiba était tout désigné pour devenir le second aïkido doshu, et c'est tout aussi logiquement que Moriteru Ueshiba, petit-fils de Morihei, a pris la relève plus récemment, suite au décès de son père en 1999.
Né le 2 avril 1951 à Tokyo et auteur de plusieurs ouvrages sur le monde de l'aïkido, Moriteru Ueshiba était de passage au Liban il y a quelques jours pour une séance d'entraînement à l'ISKF Groupe Liban Aïkido afin de préserver et de promouvoir les idéaux du vrai aïkido, tel que créé par son grand-père.
L'occasion de s'approfondir dans cet art avec l'héritier du premier aïkido doshu.

Q- L'histoire de l'aïkido est encore toute jeune au Liban. Comment pouvons-nous définir cet art en quelques mots pour les non-initiés ?

R- L'aïkido, ou budo, est défini comme un art martial. Ceci signifie « l'art de la paix ». En fait, il est impossible d'exprimer par des mots le vrai sens d'une manière de vivre aussi exemplaire. Une chose est sûre, les Japonais ne peuvent comprendre le vrai sens de l'aïkido s'ils ne pratiquent pas longuement cet art.

Quelle différence y a-t-il entre l'aïkido et les autres formes d'arts martiaux ?
Il est en fait tout aussi difficile qu'inapproprié d'établir une comparaison entre l'aïkido et les autres arts martiaux. L'aïkido en tant que tel n'est pas un sport, donc il n'y a pas de compétition entre les pratiquants. L'aïkido est surtout un art de vivre dont l'objectif final est d'améliorer, de perfectionner, de transcender son « moi intérieur » grâce à un entraînement qui dure le temps d'une vie.

Techniquement parlant, l'aïkido est un art de combat. Pouvez-vous nous expliquer comment il peut être un art pour la paix ?

L'aïkido a toujours été et sera toujours tout d'abord un entraînement sur soi-même, un continuel perfectionnement de soi. Durant l'entraînement, on ne livre pas un véritable combat. Il s'agit surtout de répéter des techniques qui permettent au corps et à l'esprit de gagner en force physique, mentale et spirituelle.
À ce stade, la personne n'a plus à se battre. Cependant, pour un tel entraînement, l'aïkidoka a besoin d'un partenaire en mesure de l'aider à se perfectionner car il s'agit de parvenir à exercer un contrôle subtil sur l'adversaire pour aboutir à l'étape suprême, celle de la paix intérieure.

Quelle pourrait être l'influence de l'aïkido en tant qu'art de paix sur un pays qui a connu la guerre civile due à la diversité des religions ?

L'aïkido n'est en aucun cas le remède miraculeux à tous les maux, mais uniquement aux personnes qui, même dotées de patrimoines religieux différents, peuvent se serrer la main sans problème.
À ceux-là, une telle opportunité, si elle se présentait, pourrait permettre d'établir une connexion harmonieuse, les aider à se comprendre réciproquement et à se tolérer. L'objectif de l'aïkido est donc d'assurer cette opportunité aux personnes de cultures différentes afin qu'elles en arrivent à partager une même culture, un même langage, celui de l'aïkido.

Quelle relation l'aïkido entretient-il avec la culture japonaise ?
L'aïkido est juste une partie de l'ensemble de la culture japonaise. Il se base aussi par bien des côtés sur les traditions que le peuple japonais a honorées tout au long de l'histoire. Ainsi donc, l'aïkido est une culture japonaise tout comme la culture japonaise se reflète dans l'aïkido.
À partir de là, la culture japonaise et l'aïkido sont étroitement liés, ils se complètent mutuellement exactement comme toutes ces traditions qui ont été d'une grande influence dans la mémoire d'un peuple.
Ainsi, la fusion de la culture bushido, du zen et du shintoïsme a-t-elle été à l'origine de l'essence même de l'aïkido...

Propos recueillis par ISKF Groupe Liban Aïkido