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Liban - Éclairage

Les tendances générales penchent vers les compromis

Moins de deux mois séparent encore la région de la tenue de la conférence Genève 2 sur la Syrie. Même si les milieux politiques libanais préfèrent ne pas placer beaucoup d'espoirs dans cette conférence qui, selon eux, a du mal à prendre forme, puisque, d'une part, l'opposition syrienne n'a pas encore clairement défini sa position et, d'autre part, le régime syrien hausse le ton en affirmant qu'il ne s'y rend pas pour remettre le pouvoir. Pourtant, sur le terrain syrien, tout indique que les développements actuels visent à préparer indirectement ou non la tenue de cette conférence. La grande offensive lancée il y a une dizaine de jours par les hommes du Front islamique (créé sur l'impulsion de l'émir Bandar ben Sultan pour unifier plusieurs groupes de l'opposition islamiste) venus de Jordanie se voulait ainsi une attaque décisive permettant à l'opposition de se rapprocher de Damas et d'affaiblir ainsi considérablement le régime, à la veille de la tenue de Genève 2, pour pouvoir réclamer le départ du président Bachar el-Assad. Plus de 5 000 combattants islamiques entraînés en Jordanie, financés et armés par l'Arabie saoudite, ont ainsi repris le contrôle de plusieurs localités dans la Ghouta orientale, mais les forces du régime ont tôt fait de reprendre la main et de reconquérir en grande partie les localités qui leur ont été arrachées. En même temps, les forces du régime poursuivent leur percée dans la région de Qalamoun, où ils ont repris après Qara et Dar Attiyé la localité de Nabak, parvenant pratiquement à encercler les combattants de l'opposition dans leur dernier gros bastion Yabroud. Les forces du régime marquent aussi des points dans le rif d'Alep, concentrant leurs efforts sur les grands axes routiers et sur les frontières. Elles sont ainsi en train de fermer les voies de communication entre les groupes de l'opposition et le Liban, la Jordanie et l'Irak, alors que la Turquie a elle-même décidé, coïncidence ou non, après l'amélioration de ses relations avec l'Iran, de fermer sa frontière aux combattants soucieux de se rendre en Syrie.

En riposte à toutes ces percées du régime, l'opposition a lancé une nouvelle offensive contre la localité chrétienne de Maaloula. Les experts militaires estiment toutefois que cette localité n'a pas une importance stratégique, mais elle est surtout symbolique. C'est pourquoi ces experts considèrent qu'en l'occupant, les combattants de l'opposition veulent surtout adresser un message de mécontentement à l'Occident chrétien pour ce qu'ils considèrent comme un lâchage, et à la Russie pour son soutien au régime syrien. Le contrôle de Maaloula, la prise en otages des religieuses et les agressions contre les symboles chrétiens sont aussi le signe de l'incapacité des combattants de l'opposition à enregistrer des victoires significatives sur le terrain contre le régime, en dépit de toutes les aides qui leur sont fournies.

Une source diplomatique arabe en poste au Liban estime ainsi que sauf imprévu, la situation en Syrie est clairement en train d'évoluer en faveur du régime, qui se présente désormais comme le rempart contre ceux qu'on appelle désormais « les terroristes takfiristes ». D'ailleurs, plusieurs pays européens ont rétabli une coopération sécuritaire avec les forces du régime, notamment au sujet des quelque 2 000 combattants islamistes d'origine européenne qui sont venus participer au jihad en Syrie. Les services syriens auraient ainsi recommencé à redonner des informations sur ceux-ci aux services européens qui craignent leur retour au pays. La source diplomatique précise qu'avec le rapprochement irano-américain et l'accord préliminaire sur le nucléaire qui ouvre une nouvelle ère dans la région, il est clair que les préoccupations des États-Unis, définies récemment par Mme Susan Rice, se résument désormais en quatre points : ils ne veulent pas que l'on s'en prenne à leurs alliés (il s'agit en particulier d'Israël), ils veulent sécuriser les sources et le transport de l'énergie, ils veulent lutter contre le terrorisme et, enfin, ils refusent toute utilisation des armes de destruction massive. La chute du régime syrien et alimenter la guerre en Syrie ne font certainement plus partie de leurs priorités ni même de leur agenda, et ils privilégient désormais la recherche de compromis aux confrontations à la manière de George W. Bush. Cela ne signifie pas que la guerre en Syrie va s'arrêter car il s'agit d'un long processus, mais la tendance générale est désormais claire : l'Occident et surtout les États-Unis n'accepteront pas que les islamistes prennent le pouvoir en Syrie. Entre eux et le régime, ils préfèrent encore le régime, mais l'idéal pour eux est de laisser Assad en finir avec les takfiristes, tout en étant lui-même très affaibli, ce qui leur permettrait d'imposer ensuite une nouvelle forme de pouvoir « plus démocratique et surtout plus malléable ». Toutefois, l'Iran veille au grain et si, comme le pense la source diplomatique arabe, l'accord avec la communauté internationale se consolide au cours des prochains mois, il y a fort à parier qu'il n'est pas près de lâcher son allié syrien. La tendance générale étant à la conclusion de compromis, le dossier syrien ne devrait pas échapper à cette nouvelle règle. Même cela devra prendre du temps et faire couler encore beaucoup de sang en Syrie, et peut-être au Liban aussi, si les Libanais n'y prennent garde.

 

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commentaires (3)

Excellente analyse....

Michele Aoun

15 h 17, le 04 décembre 2013

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Commentaires (3)

  • Excellente analyse....

    Michele Aoun

    15 h 17, le 04 décembre 2013

  • EN FAIT, RIEN N'EST ENCORE CLAIR TOUJOURS SELON CE "DIPLOMATE?.... ARABE!" TOUTE CETTE "ANALYSE!" NE DONC REPOSE QUE SUR DES "ON DIT QUE", ET SUR LES SOUHAITS DES UNS ET LES DÉSIRS DES AUTRES ! MIS A PART TOUT ÇA, LE RESTE SE RÉSUME A LA MÊME LITANIE DEPUIS DES MOIS NOUS ANNONÇANT RÉGULIÈREMENT DES "AVANCÉES" ET DES PERC(S)ÉES BIEN ENTENDU DU RÉGIME QUI N'EST LUI QU'EN PLEINE DÉLIQUESCENCE EN RÉALITÉ !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 16, le 04 décembre 2013

  • UN ARTICLE PAS MAL MAIS Où LES DONNÉES SONT ENCORE TRÈS SUPPOSITOIRES. CERTES, IL Y AURAIT CHANGEMENT EN SYRIE. LE RÉGIME, AVEC PLUS DE 126000 MORTS ET DES DIZAINES DE MILLIERS DE DISPARUS, ET DES MILLIONS DE RÉFUGIÉS EST ÉBRANLÉ À SA BASE. UN GOUVERNEMENT D'UNION NATIONALE, ET C'EST LÀ QUE VONT LES CHOSES, QUI MÈNERAIT LE PAYS À DES ÉLECTIONS LIBRES ET À LA DÉMOCRATIE NE PEUT ÊTRE QUALIFIÉ QUE DE VICTOIRE DES INSURGÉS SYRIENS. JE DIS SYRIENS ! TOUS LES AUTRES MERCENAIRES LEUR DEVENIR EST SCELLÉ...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 38, le 04 décembre 2013

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