La décision de confier à l'armée la sécurité de la ville de Tripoli, en proie aux luttes intestines depuis plusieurs jours, semble commencer à donner des résultats : hier, l'armée a arrêté quelque 21 personnes dans les deux quartiers rivaux, Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen. Ces hommes ont été écroués sous divers chefs d'accusation, notamment celui de participer aux tirs et aux combats à caractère confessionnel (entre sunnites et alaouites) qui ont fait, depuis samedi, onze tués et 112 blessés. Huit suspects ont été déférés devant le parquet militaire, selon le communiqué du commandement de l'armée, et les autres sont toujours interrogés. C'est le juge Sakr Sakr, commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, qui a engagé des poursuites contre huit suspects arrêtés, ainsi que deux des chefs de milice qui sont toujours en fuite.
(Voir aussi : Cartographie d'un week-end sanglant à Tripoli)
Le contrôle de la ville a été donné à l'armée pour six mois, afin de mettre un terme à ces cycles de violence incessants, l'actuelle flambée étant la dix-huitième en deux ans. Les retombées économiques et sociales de ces combats sur la ville est considérable, ainsi que les pertes en vies humaines innocentes.
Malgré le déploiement massif des militaires, qui devrait s'intensifier progressivement, la ville n'a pas connu de trêve totale. La capitale du Liban-Nord a connu une nouvelle journée de fermeture des commerces, des écoles et des universités. La nuit de lundi à mardi avait été chaude et les combats se sont poursuivis jusqu'à l'aube. L'armée a lancé des fusées éclairantes pour dissuader les combattants de poursuivre leur lutte. La matinée était relativement calme, mais entrecoupée d'affrontements sporadiques, notamment en milieu de journée sur les principaux axes des combats, avec des tirs de francs-tireurs, et l'utilisation de toutes sortes d'armes. Des accrochages aux armes lourdes ont surtout été signalés entre Haret al-Barraniya et Jabal Mohsen, et deux obus se sont abattus sur Souk el-Kameh à Bab el-Tebbaneh. Deux nouvelles personnes ont été atteintes par des tirs au niveau du pont de Maloula, selon la LBC, qui a signalé également que deux inconnus ont lancé des grenades sur un magasin appartenant à un habitant de Jabal Mohsen dans le quartier el-Tall.
(Pour mémoire : À Tripoli, la chasse... à « l'homme alaouite » a commencé)
Une patrouille de l'armée a d'ailleurs été la cible de tirs nourris alors qu'elle entrait dans la rue de Syrie, qui sépare les deux quartiers rivaux. Les militaires tentaient notamment de mettre la main sur un dangereux suspect, Ahmad Abdel Qader Chami, qui avait précédemment menacé de son arme le conducteur d'un véhicule de l'armée, dans l'objectif de s'en emparer. Les soldats ont échangé des coups de feu avec les agresseurs et ont réussi à arrêter Chami. Par ailleurs, un sergent de l'armée a été blessé lors du déploiement de son unité dans la zone de Talaat Cheikh Omran.
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commentaires (2)
IL FAUT D'ABORD APPLIQUER LA LOI, ET RAMASSER TOUS LES SUSPECTS, QUI QU'ILS SOIENT POUR QUE LA VILLE RETROUVE SON CALME. ON DOIT SAVOIR COMMENT PROCÉDER ÉQUITABLEMENT POUR ÜTEINDTE LA MÈCHE...
LA LIBRE EXPRESSION
07 h 23, le 04 décembre 2013