Rechercher
Rechercher

Liban - Éclairage

Trois foyers favorables aux groupes extrémistes au Liban

Le double attentat de Bir Hassan a mis en évidence ce que certaines parties libanaises ont refusé de reconnaître pendant des mois : la présence inquiétante de cellules d’el-Qaëda au Liban, ou en tout cas de structures d’appui aux jihadistes étrangers qui leur permettent désormais d’agir et de transformer ce pays d’une « terre de soutien » en une « scène de jihad ». Une source sécuritaire précise à cet égard qu’il existe au Liban trois foyers pour les groupes islamistes et takfiristes au sein desquels les services officiels n’ont presque pas de présence ouverte puisque, depuis deux ans, tout a en effet été fait pour les sortir de ces lieux et paralyser ainsi leur action et leur efficacité.


Il s’agit d’abord des camps palestiniens, de celui de Aïn el-Héloué en particulier, où l’État libanais et ses institutions n’ont aucune présence officielle, se contentant, autant que faire se peut, d’en contrôler les issues. Mais les services de sécurité libanais ont réussi à établir des liens avec certains groupes palestiniens à l’intérieur des camps pour tenter d’abord d’obtenir les informations nécessaires sur la présence des groupes islamistes et sur leurs activités, ensuite pour tenter de les contrôler. À cet égard, il faut signaler que le Fateh, qui est en principe responsable de la sécurité du camp de Aïn el-Héloué, coopère actuellement avec l’État libanais et empêche les groupes islamistes d’avoir une trop grande liberté d’action. C’est d’ailleurs ce qui avait permis à l’armée libanaise d’éradiquer rapidement le groupe d’Ahmad el-Assir à Abra, lequel avait vainement misé sur un soutien des combattants palestiniens de Aïn el-Héloué dans sa bataille contre l’armée libanaise.


Le deuxième foyer de groupes islamistes est Tripoli, où, en dépit des plans de sécurité qui se suivent et se ressemblent, la stabilité reste précaire, et des quartiers entiers restent impénétrables pour l’armée libanaise et la force de sécurité commune. Certains quartiers de la ville – surtout ceux limitrophes de Jabal Mohsen – sont sous le contrôle des groupes extrémistes qui y font la loi et y imposent leur mode de vie, face à l’incapacité de la classe politique de la ville de s’opposer à eux. Ces groupes ont montré pleinement leur influence au cours du dernier meeting organisé dans la ville, dans lequel les « chefs des axes » et autres tribuns s’en étaient même pris au mufti de la ville, cheikh Malek Chaar, connu pour sa modération.


Le troisième foyer des groupes islamistes est, toujours selon la source de sécurité, Ersal. C’est aussi le plus important et le plus dangereux. D’abord à cause de sa position géographique, ouverte sur la chaîne de l’Anti-Liban et la région de Qalamoun du côté syrien, ensuite à cause de la présence massive de déplacés syriens que l’État ne parvient même pas à recenser. Depuis le début de la crise syrienne, Ersal était destiné à servir de base arrière logistique aux combattants de l’opposition. C’est la raison pour laquelle, explique la source sécuritaire, l’armée libanaise présente dans le secteur a été la cible d’attaques systématiques, visant à l’obliger à quitter les lieux, ou en tout cas à s’éloigner, pour ne pas mettre son nez dans les affaires de Ersal. Et cela bien avant que le Hezbollah ne s’implique ouvertement dans les combats en Syrie. La cupidité de certains habitants de la localité, qui monnaient l’accueil des déplacés, ou les soins et les transports des blessés vers les hôpitaux proches ou lointains, a fait le reste ; et aujourd’hui, les groupes de l’opposition syrienne ont pignon sur rue à Ersal.

Le problème, c’est que ces groupes dans la région de Qalamoun appartiennent essentiellement au Front al-Nosra et à la mouvance d’el-Qaëda. D’ailleurs, l’enquête sur les voitures piégées de la banlieue sud de Beyrouth (celles de Bir el-Abed et de Roueiss, et celle qui n’a pas explosé de Maamoura) a bien montré qu’elles sont toutes venues de Ersal. Les services de sécurité connaissent les noms et les détails, mais ils n’ont pas la possibilité de procéder à des arrestations dans cette zone. Ils sont aussi en possession de nombreux indices qui montrent l’implantation de groupes takfiristes libano-syriens dans la région s’étendant de Ersal à Qalamoun, ces groupes étant hostiles à l’armée, aux chiites et aux chrétiens. Cette présence a d’ailleurs dramatiquement augmenté depuis le début des opérations militaires à Qalamoun, et les habitants en sont très mécontents, mais ils n’y peuvent pas grand-chose.


Les autorités locales sont d’ailleurs elles aussi totalement débordées... La situation est donc appelée à encore plus de complexité, et le Liban est désormais dans la ligne de mire de ces groupes, à mesure que leurs revers en Syrie se multiplient. Toutefois, la source sécuritaire affirme que la décision d’ouvrir en grand la bataille de Qalamoun n’a pas encore été prise. Pour l’instant, l’armée syrienne se contente de gagner des points stratégiques, comme la localité de Qara qui commande la route entre Damas et Homs, et elle cherche à encercler les combattants, en prélude à la neutralisation de leurs forces. Mais si ces groupes de l’opposition s’effondraient rapidement, l’armée syrienne pourrait bien lancer la grande offensive si elle estime qu’elle a des chances de contrôler rapidement la région de Qalamoun. Dans tous les cas, Ersal et les montagnes qui l’entourent restent le seul refuge pour les combattants poussés au repli par l’armée syrienne. C’est pourquoi le Liban est appelé à faire preuve de la plus grande vigilance, et des mesures se sécurité exceptionnelles sont en train d’être étudiées. La source sécuritaire reconnaît qu’une période particulièrement délicate attend le Liban. C’est le moment ou jamais pour les Libanais de faire preuve de sagesse, d’unité et de sens national.

 

Lire aussi
Les mécanismes d’el-Qaëda et l’importance de l’identification des kamikazes

Abdollahian : La politique iranienne ne changera pas...

Sleiman : Il ne saurait être question d’indépendance quand une faction outrepasse le consensus national pour s’impliquer en Syrie



Le double attentat de Bir Hassan a mis en évidence ce que certaines parties libanaises ont refusé de reconnaître pendant des mois : la présence inquiétante de cellules d’el-Qaëda au Liban, ou en tout cas de structures d’appui aux jihadistes étrangers qui leur permettent désormais d’agir et de transformer ce pays d’une « terre de soutien » en une « scène de jihad ». Une source...

commentaires (4)

CET ARTICLE OUBLIE DE DIRE QUE LES SENSIBILITÉS ATTISÉES ET EXACERBÉES PAR CERTAINS, AU NORD, AU SUD ET HORS DU PAYS, ONT OUVERT LARGEMENT LA VOIE À AL QAËDA ET AUTRES ORGANISATIONS TERRORISTES ET OU EXTRÉMISTES POUR TROUVER ET ENGAGER FACILEMENT DES PARTISANTS SUR PLACE ET METTRE EN DANGER LA SÉCURITÉ ET L'EXISTENCE MÊME DU PAYS...

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 18, le 23 novembre 2013

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • CET ARTICLE OUBLIE DE DIRE QUE LES SENSIBILITÉS ATTISÉES ET EXACERBÉES PAR CERTAINS, AU NORD, AU SUD ET HORS DU PAYS, ONT OUVERT LARGEMENT LA VOIE À AL QAËDA ET AUTRES ORGANISATIONS TERRORISTES ET OU EXTRÉMISTES POUR TROUVER ET ENGAGER FACILEMENT DES PARTISANTS SUR PLACE ET METTRE EN DANGER LA SÉCURITÉ ET L'EXISTENCE MÊME DU PAYS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 18, le 23 novembre 2013

  • IL Y A LES INVITÉS... ET LES INVITANTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 55, le 22 novembre 2013

  • JE NE PEUX PAS MÂCHER MES MOTS EN LISANT CET ARTICLE. DE LA DIVAGATION PURE ET SIMPLE. ON SE CONCENTRE SUR L'UNE DES FACES DE LA MONNAIE... TOUT EN OUBLIANT À DESSEIN L'AUTRE... ON PARLE DES INVITÉS SANS PARLER DE CEUX QUI LES ONT INVITÉS ! ON PARLE DE L'ÂNE BLANC SANS PARLER DE L'ÂNE NOIR ! LA DESCRIPTION POUR TRIPOLI FAIT RIRE PAR SA NAÏVETÉ ! ON PARLE DES CHASSEURS ACCOURUS SANS PARLER DU LOUP !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 04, le 22 novembre 2013

  • "Pur" parti pris ! Pathétique....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 56, le 22 novembre 2013

Retour en haut