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Campus - Table ronde

« Pratiques et défis du journalisme en zones de conflit », ou le métier de la mort en sursis

De gauche à droite, Youmna Chacar Ghorayeb, Joe Moukarzel, Luis Lema et Ayman Mhanna.

Les journalistes reporters de guerre sont une cible prisée par les belligérants. Souvent, ils paient l’information de leur vie. Réalité d’autant plus amère que les rédactions n’estiment pas ce métier à sa juste valeur, comme l’affirme Luis Lema, correspondant du quotidien suisse Le Temps, lors d’une table ronde organisée par le Bureau Moyen-Orient de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) au Salon du livre francophone de Beyrouth, le samedi 9 novembre, et modérée par Joe Moukarzel, propriétaire de la revue satirique libanaise ad-Dabbour. « La qualité de l’information en est affectée. La Syrie, par exemple, est un cimetière pour les journalistes et pour l’information. D’une part, le journaliste est sous-payé et, d’autre part, il représente un sac de dollars aux yeux des bandits qui pullulent », poursuit Lema.
Ayman Mhanna, le directeur exécutif de la Fondation Samir Kassir (SKeyes), acquiesce : « 19 journalistes sont portés disparus en Syrie actuellement, chiffre jamais atteint dans le monde. » Plus grave encore : préciser la somme d’argent contre laquelle la liberté d’un journaliste est échangée. Le message qui parvient aux ravisseurs est que le journaliste représente « un distributeur à billets », ce qui met en danger la vie d’autres reporters présents sur le terrain.
Que dire alors lorsque le conflit entre factions ennemies envahit les salles de rédaction ? Youmna Chacar Ghorayeb, secrétaire de l’Association francophone de journalisme (AFEJ), évoque les années 80. Elle était à l’époque journaliste à La Voix du Liban. « Le terrain était chez nous ! » souligne-t-elle. Cependant, ce ne fut pas une raison pour faire fi de l’éthique professionnelle. Pourquoi celle-ci est-elle mise au rancart aujourd’hui ? Ghorayeb dénigre l’impétuosité déplacée qui incite certains à diffuser une information non confirmée. Tel fut le cas quand on annonça le décès des détenus de Aazaz, au risque de provoquer une déflagration sécuritaire. Elle insiste : « Je n’aime pas être manipulée en tant que journaliste. Il faut être professionnel pour gagner en crédibilité. L’autocensure est nécessaire. » Cette affirmation ne fait pas l’unanimité. « Le public aime le sang ! » rétorque le modérateur. Et Lema de conclure : « Il est tellement difficile de répondre à une charte éthique en temps de guerre. »
Seule note optimiste à l’ordre du jour : le prix régional du journalisme francophone illustré « J’ai 20 ans et ... » décerné à Maya Khadra et Aline el-Haddad (1e prix, USEK), et Ghina Achkar et Ghina el-Hachem, (2e prix, USJ).


Les journalistes reporters de guerre sont une cible prisée par les belligérants. Souvent, ils paient l’information de leur vie. Réalité d’autant plus amère que les rédactions n’estiment pas ce métier à sa juste valeur, comme l’affirme Luis Lema, correspondant du quotidien suisse Le Temps, lors d’une table ronde organisée par le Bureau Moyen-Orient de l’Agence universitaire de...

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