Ayman Mhanna, le directeur exécutif de la Fondation Samir Kassir (SKeyes), acquiesce : « 19 journalistes sont portés disparus en Syrie actuellement, chiffre jamais atteint dans le monde. » Plus grave encore : préciser la somme d’argent contre laquelle la liberté d’un journaliste est échangée. Le message qui parvient aux ravisseurs est que le journaliste représente « un distributeur à billets », ce qui met en danger la vie d’autres reporters présents sur le terrain.
Que dire alors lorsque le conflit entre factions ennemies envahit les salles de rédaction ? Youmna Chacar Ghorayeb, secrétaire de l’Association francophone de journalisme (AFEJ), évoque les années 80. Elle était à l’époque journaliste à La Voix du Liban. « Le terrain était chez nous ! » souligne-t-elle. Cependant, ce ne fut pas une raison pour faire fi de l’éthique professionnelle. Pourquoi celle-ci est-elle mise au rancart aujourd’hui ? Ghorayeb dénigre l’impétuosité déplacée qui incite certains à diffuser une information non confirmée. Tel fut le cas quand on annonça le décès des détenus de Aazaz, au risque de provoquer une déflagration sécuritaire. Elle insiste : « Je n’aime pas être manipulée en tant que journaliste. Il faut être professionnel pour gagner en crédibilité. L’autocensure est nécessaire. » Cette affirmation ne fait pas l’unanimité. « Le public aime le sang ! » rétorque le modérateur. Et Lema de conclure : « Il est tellement difficile de répondre à une charte éthique en temps de guerre. »
Seule note optimiste à l’ordre du jour : le prix régional du journalisme francophone illustré « J’ai 20 ans et ... » décerné à Maya Khadra et Aline el-Haddad (1e prix, USEK), et Ghina Achkar et Ghina el-Hachem, (2e prix, USJ).
commentaires (0)
Commenter