Irak/pétrole: la Turquie propose une médiation entre les Kurdes et le pouvoir central

La Turquie a proposé vendredi d'effectuer une médiation entre le pouvoir central irakien à Bagdad et les Kurdes d'Irak au sujet de leur conflit concernant le partage des ressources énergétiques, a annoncé le ministre turc de l'Energie.
Un conflit oppose depuis des années le pouvoir central irakien et le gouvernement régional kurde au sujet du partage des revenus pétroliers en provenance de la zone kurde.

Le gouvernement régional kurde traite directement avec les compagnies pétrolières et considère que le pétrole et le gaz produits dans cette région sont la propriété du Kurdistan irakien, alors que le gouvernement central lui conteste ce droit et estime que l'énergie produite dans toutes les régions d'Irak appartient au pays tout entier.
La Turquie, qui consomme beaucoup d'énergie, a intérêt à aider au règlement de ce conflit pour assurer ses besoins en pétrole et gaz. 

"Le système que nous établirons aidera certainement à résoudre le conflit entre le gouvernement régional kurde et le gouvernement central", a déclaré à la presse à Ankara le ministre turc de l'Energie, Taner Yildiz.
"Nous avons proposé comme garantie sérieuse que la Turquie confirme que tout pétrole ou gaz transitant par son territoire soit considéré comme étant la propriété de l'Irak tout entier", a expliqué le ministre turc.
Ankara a suggéré que les revenus générés par le pétrole provenant du Kurdistan irakien soient déposés sur un compte bloqué dans une banque d'Etat turque. Bagdad et Erbil décideraient du partage de ces sommes.

M. Yildiz a révélé avoir évoqué cette proposition avec le vice-Premier ministre irakien Hussain al-Shahristani au cours d'une visite en Corée du Sud le mois dernier.
"La Turquie ne propose pas un modèle de partage des revenus énergétiques au sein de l'Irak", a toutefois souligné le ministre turc de l'Energie.
"Nous nous efforçons de trouver une formule qui calme les inquiétudes du pouvoir central irakien. Malheureusement, ils n'ont pas réussi à définir un système qui les satisfasse", a ajouté M. Yildiz.
"La Turquie va aider à la mise au point d'un système... L'énergie devrait être utilisée comme un instrument de paix et non de tension", a-t-il ajouté.

En mars, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait confirmé que son pays discutait les termes d'un partenariat énergétique élargi avec les Kurdes irakiens, un projet susceptible d'accentuer les tensions dans une région qui est un véritable baril de poudre.

Après avoir longtemps eu des rapports tendus, la Turquie et l'Irak ont ces derniers mois décidé d'ouvrir une nouvelle page dans leurs relations, qui s'est concrètement traduite par un échange de visites des ministres des Affaires étrangères des deux pays.