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À La Une - Eclairage

L'administration kurde dans le Nord syrien : une avancée précaire

L'accord est fragilisé par le fait que d'importantes formations kurdes ne l'ont pas signé.

Des combattants kurdes devant une base qu'ils ont réussi à prendre du Front al-Nosra, le 13 novembre 2013, à Qameshli. REUTERS/Stringer

L'établissement d'une autorité transitoire dans les zones kurdes du nord de la Syrie constitue une avancée-clé mais fragile vers l'autonomie de cette importante minorité, estiment des experts.

 

L'annonce mardi d'une administration intérimaire autonome dans les zones de Syrie à majorité kurde, un projet évoqué dès juillet, est survenue après des victoires sur le terrain des combattants kurdes face aux groupes rebelles et jihadistes. Mais l'accord établissant cette autorité autonome est fragilisé par le fait que d'importantes formations kurdes ne l'ont pas signé.

 

Et la guerre civile qui a déjà fait plus de 120.000 morts depuis 2011 dans le pays risque elle aussi de miner les efforts de la minorité kurde pour gagner un niveau d'autonomie sans précédent en Syrie, comme celui dont jouissent leurs voisins du Kurdistan irakien.

 

"Si cette démarche réussit, elle constitue un tournant très important pour les Kurdes en Syrie, où l’État a toujours refusé de leur donner la citoyenneté", remarque Asos Hardi, un commentateur kurde irakien basé à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan irakien. "Mais je crains des réactions de différents côtés, je crains des disputes, qui retomberont sur la population kurde", a-t-il affirmé en allusion en particulier aux autres groupes rebelles kurdes ou arabes combattant le pouvoir en Syrie et qui ont critiqué l'annonce d'une administration kurde.

 

Pour l'instant, l'autorité transitoire kurde est composée du puissant PYD et d'autres petites formations, mais pas du Conseil national kurde (KNC), qui inclut un large éventail de partis kurdes et fait partie de la Coalition de l'opposition syrienne. Dans un communiqué mercredi, la coalition a fustigé la démarche du PYD, qualifié de "formation hostile à la révolution syrienne".

Des membres du KNC ont aussi dénoncé une démarche "unilatérale", estimant qu'elle entrave les efforts visant à mettre fin à la guerre en Syrie. Des formations arabes ont jugé que cette décision menace l'unité du pays.

 

 

"Démarche précipitée"

Pour Bahjat Bachir, membre du Conseil national syrien (CNS, opposition), "la mise en place d'une administration locale dans les zones kurdes dans le Kurdistan occidental (régions kurdes de Syrie) s'impose".

"Mais, estime-t-il, elle doit remplir les conditions nécessaires pour son succès, la première étant la participation de toutes les forces politiques actives".

 

Il a déploré que des formations kurdes "aient annoncé ce gouvernement visiblement d'une manière précipitée", soulignant que la "gestion de la région ne pouvait être menée par une seule partie sans obtenir l'accord ou coordonner avec l'opposition".

Les Kurdes représentent environ 15% de la population syrienne, et se concentrent surtout dans la partie nord et est du pays.

 

La Turquie, qui a soutenu les groupes d'opposition en Syrie et cherche à élargir les droits de sa propre minorité kurde, a également exprimé des réserves.

"L'annonce par le PYD d'une administration autonome n'est pas possible", a estimé le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. "Nous leur avons dit de s'abstenir de toute tentative de déclarer une administration de facto qui diviserait la Syrie", a-t-il souligné, "espérant qu'ils changeront d'avis".

 

Les zones kurdes du Nord syrien sont administrées par des conseils locaux kurdes depuis que les forces gouvernementales s'en sont retirées à la mi-2012. Ce retrait avait été perçu comme tactique, destiné essentiellement à encourager les Kurdes à ne pas s'allier aux rebelles.

Plus récemment, des combats ont opposé les combattants kurdes aux jihadistes et en octobre, les forces kurdes ont pris le contrôle d'un poste frontalier très important à la frontière de l'Irak.

 

"Je suis content et pas content", explique Mahmoud Osmane, un député kurde au Parlement irakien. "Content du fait qu'une administration gère les affaires quotidiennes de la population, et pas content car il manque des parties" dans cette administration. Il a affirmé craindre des luttes intestines entre les formations kurdes de Syrie, rappelant le cas des deux principaux groupes kurdes d'Irak qui se sont livrés une guerre sanglante dans les années 1990.

"Ici aussi, ils se sont fait la guerre", a-t-il dit en allusion aux Kurdes d'Irak. "J'espère qu'ils n'auront pas à vivre cette expérience", a ajouté M. Osmane en parlant des formations kurdes de Syrie.

 

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Hier l'Irak aujourd’hui la Syrie , la république kurde ne cesse de s ’affirmer . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

12 h 17, le 15 novembre 2013

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Commentaires (1)

  • Hier l'Irak aujourd’hui la Syrie , la république kurde ne cesse de s ’affirmer . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    12 h 17, le 15 novembre 2013

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