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Dossier Europe - Rencontre

Interfaithtour : quand « l’Autre, c’est moi »

Depuis juillet 2013, cinq jeunes (chrétien, juif, musulman, agnostique et athée) font, ensemble, le premier tour du monde des actions interreligieuses.

Avec le pape François, au Vatican. Photo Interfaithtour

Ils ont déjà plus de mille et une histoires à raconter : leur rencontre avec le pape François en Italie, leur nuit passée en plein air à leur arrivée à Amsterdam, l’intérêt et l’enthousiasme des jeunes du collège de la Sainte-Famille au Liban, le petit garçon palestinien qui les suppliait de le prendre avec eux...
Des bons et de mauvais souvenirs qu’ils espèrent un jour peut-être publier dans un recueil qui témoignera de leur merveilleuse aventure à travers le monde religieux aujourd’hui.
Eux, ce sont cinq jeunes français (chrétien, juif, musulman, agnostique et athée) membres d’un mouvement qui s’appelle « coexister », dont le but est de construire la cohésion sociale à travers le dialogue religieux.
« L’action du groupe “coexister” touche trois domaines complémentaires », explique Victor Grezes, 21 ans, l’athée du groupe. « D’abord le dialogue interreligieux à travers les rencontres, les débats, l’échange, etc. Ensuite, la solidarité religieuse illustrée par l’action sociale menée par des gens différents et qui incarne notre slogan : diversité dans la foi, unité dans l’action. Et enfin, la sensibilisation interreligieuse qui consiste à intervenir dans les écoles, auprès des jeunes, pour leur inculquer les fondements du vivre ensemble », explique Victor, ajoutant que le mouvement propose également deux autres domaines de travaux au niveau national : former les jeunes aux connaissances des religions, ce que nous appelons la « coexistence active » ; et organiser des voyages de groupe, auxquels nous avons ajouté cette année un gros voyage, l’interfaithtour, en partenariat avec Sparknews. « Il s’agit en fait d’un tour du monde étalé sur un an – de juillet 2013 à juin 2014 – et qui comprend la visite d’une cinquantaine de pays », précise ce globe-trotter né.

 

 

 

 


Rencontrer
Leur outil principal est la rencontre qui est « le cœur de leur action ». « Rencontre qui va dans le sens de l’écoute. Très clairement, notre objectif n’est pas de délivrer un message, d’apprendre aux autres. Au contraire, nous écoutons comment eux conçoivent et mettre en œuvre le vivre ensemble, pour nous en inspirer et améliorer ce que nous faisons chez nous », explique pour sa part Samuel Grzybowski, 20 ans, le chrétien du groupe. « Certes, on nous demande parfois de faire des conférences, mais c’est très sporadique par rapport à notre voyage en général. Comparativement, nous avons fait quatre ou cinq conférences, alors que nous avons déjà rencontré 180 personnes et groupes. Dans ce cadre-là, nous expliquons notre action, le concept de “coexistence active” et nous sensibilisons au vivre ensemble. C’est ce que nous avons fait par exemple à Jounieh avec les élèves du collège de la Sainte-Famille », ajoute ce jeune homme à l’enthousiasme communicatif.


« Quand nous voyageons, nous essayons de développer sur place trois impacts. » D’abord connecter les gens avec la volonté de mettre en réseau les acteurs de l’interreligieux et de créer une synergie grâce à un partage des expériences et une meilleure connaissance du terrain. Ensuite, communiquer avec des médias partenaires en France, ou locaux sur place, et à travers les réseaux sociaux, de manière à mettre en avant un type de journalisme, qui est en lien avec Sparknews qui se veut porteur de solution. Enfin, le troisième impact est la recherche qui se fait à travers des interviews d’une heure avec chacune des personnes rencontrées, avec une grille de questions assez vaste et qui permettra de faire de la recherche sur plein de domaines différents avec ce
matériau brut. « Nous portons ainsi trois casquettes : celle du militant, du journaliste et du chercheur », ajoute-t-il.

 

 


Avec le pape François.

 


Le tour du monde
De son côté, le musulman du groupe, Ismael Medjdoub, 19 ans, revient au début de leur tour : « On a commencé par une semaine en Égypte, puis un mois en Palestine et en Israël, où on a pu voir plein d’initiatives formidables visant à favoriser la paix entre juifs et musulmans, entre Arabes et Israéliens. On a fait ensuite deux mois en Europe, visitant d’abord l’Espagne, remontant jusqu’à la Finlande, en passant par les Pays-Bas, l’Allemagne où nous avons assisté à Berlin à la “nuit des religions”, une initiative de la municipalité de la ville, qui consiste à ouvrir, le temps d’une nuit, les portes de tous les édifices religieux de la ville. On a ainsi eu la chance de voir des projets et des initiatives exceptionnels à l’instar du “House of God”, à Stockholm, qui consiste en un terrain sur lequel on est en train de construire une église et une mosquée, reliées ensemble par une seule entrée. Les fidèles sont donc obligés de se rencontrer, de se voir, de se parler. On a par ailleurs passé une journée à Auschwitz et une autre à Srebrenica. En tout, nous avons fait 16 pays en Europe, finissant en Grèce puis en Turquie où on a pu rencontrer Karvak, une initiative interreligieuse très active à Ankara, et ce avant de venir au Liban. »
L’agnostique Josselin Rieth, 20 ans, explique ensuite en gros le reste du voyage. Leur prochaine étape sera l’Afrique où ils visiteront durant un mois trois pays en commençant par le Burkina-Faso. Vient ensuite l’Inde en décembre, puis en janvier toute la péninsule indochinoise : Vietnam, Cambodge, Malaisie et évidemment la Chine puis le Japon, jusqu’à février. En mars, les jeunes d’interfaithgroup passeront un mois en Amérique latine, avant de terminer leur tour aux États-Unis.

 

 

A Istanbul.


Un début ?
« Quand nous rentrerons en France, pendant deux mois, nous allons faire le tour de l’Hexagone dans les mairies et les écoles, pour expliquer ce que nous avons fait, et pour témoigner de ce que nous avons vu et vécu. Il y a aussi des projets qui ne sont pas bien définis, peut-être un livre », ajoute Josselin, souhaitant que leur équipe pilote ouvrira la voie à d’autres projets de ce genre, non seulement en France, mais aussi au niveau international : « Nous espérons que cette initiative ne sera pas isolée, mais qu’elle soit le début d’un vaste projet à l’avenir. »

 


Qui rencontrer ?
« L’idée est de rencontrer plusieurs types de personnalités lors de chaque séjour, un choix qui nous donne une vision presque globale de chaque pays malgré la durée assez courte de notre visite », explique Victor. Ils rencontrent ainsi d’abord un diplomate français qui leur permettra d’avoir la vision française du contexte religieux dans le pays. Le deuxième type de personnes est les dignitaires religieux. Le troisième type de personnes est les acteurs de l’interreligieux, qu’ils s’agissent d’universitaires, d’ONG, d’associations, et puis le quatrième type de personnes, ce sont les gens rencontrés un peu au hasard dans la rue, dans un taxi, etc., et enfin le dernier groupe ciblé par nos Marco-Polo moderne est les jeunes.

 

A Jérusalem.


Le Liban
Le séjour d’une semaine du groupe au Liban a été pour eux très intense et fructueux. Ils ont pu ainsi rencontrer l’association Adyan, lors d’un événement spirituel organisé à Saïda, discutant avec les groupes de jeunes au sein d’Adyan et avec leurs fondateurs.
Mais aussi, avec des jeunes plein de projets et d’idées de l’association LYDS (Lebanese Youth for a Different Society). Une rencontre avec des élèves a également été organisée au collège de la Sainte-Famille à Jounieh. Ils ont par ailleurs passé une journée champêtre avec les élèves de Jamhour.
Ils ont pu aussi avoir une entrevue avec l’ancien ministre de la Culture Michel Eddé, qui leur a brossé un tableau exhaustif de la situation interreligieuse, de la question de la laïcité et du multiculturalisme au Liban. Ils ont en outre fait la connaissance de Melhem Khalaf, responsable de l’association Offre-Joie.
Les jeunes de « coexister » ont par ailleurs apprécié énormément leur rencontre avec cheikh Mohammad Nokkari, coinitiateur avec Nagy Khoury, de la célébration devenue nationale, de la fête de l’Annonciation le 25 mars, jour chômé au Liban chez les chrétiens et chez les musulmans, depuis 2010. Leur quête les a menés aussi chez sayyed Jaafar Fadlallah, chez le patriarche maronite Béchara Rai, chez cheikh Walid Hammoud au Lycée Kawsar, qui leur a fait découvrir son modèle social et solidaire, qui consiste à obtenir des fonds pour ses œuvres caritatives : des restaurants, hôtel, stations d’essence ou autres fonds de commerce dont les bénéfices vont pour remplir les caisses des associations de bienfaisance (orphelinats, écoles et hôpitaux).
Enfin, la presse n’a pas été exclue de leur programme. Ils ont ainsi fait deux interviews pour l’OTV et pour Télé-Lumière.

 

Au Liban, avec Michel Eddé.

 


Identités, les autres et moi
Ce voyage vise avant tout la rencontre de l’Autre. Une découverte qui ne manque pas parfois d’éléments insolites, de moments pleins d’émotions, de contacts curieux...
Pour Ismael, la rencontre d’autres musulmans lors de son voyage est une expérience assez « bizarre » : « En France, j’avais l’impression que nous sommes une seule communauté musulmane. Nous sommes en très grande majorité sunnites de même rite. Du coup, dans ma tête, il y a une unité chez les musulmans. J’ai été choqué de voir qu’il n’y a aucune unicité dans la pratique chez les musulmans. »


Samuel a déjà en tête le titre de son prochain livre : tous les chemins mènent à l’Autre. Pour lui, « l’Autre commence dans l’équipe, car chacun est différent de l’autre ». Côté chrétien, il a trouvé néanmoins une certaine homogénéité méditerranéenne, mis à part les différents rites, comme les coptes en Égypte, les maronites au Liban, les orthodoxes en Grèce, etc. « Je crois que le choc sera plus fort quand je vais rencontrer des chrétiens d’Afrique ou d’Asie. Pour l’instant, je suis très touché quand j’entends la langue arabe dans la liturgie chrétienne. C’est une langue que j’admire beaucoup, qui est très spirituelle. En plus, cela brise l’amalgame qui existe en Occident entre arabe et musulman, puisqu’il existe aussi des chrétiens arabes, sans oublier qu’il y a beaucoup de musulmans non arabes », ajoute-t-il.
« Nous avons eu une seule rencontre avec un groupe d’athées et d’agnostiques en Italie, l’UAAR, qui était très intéressante, du point de vue de leur combat dans un pays très religieux. En général, j’ai rencontré très peu d’athées. Mais, plus je voyage, plus il y a de croyants qui prient pour moi. De mon côté, je penserais à eux », affirme pour sa part Victor, tout sourire.

 

En Egypte, devant les pyramides.

 


Comme Victor, Josselin estime que la question de l’agnosticisme est assez complexe, surtout au Moyen-Orient. « C’est un peu bizarre de dire ça. Mais je trouve que “l’Autre c’est moi”, chez beaucoup de fidèles qui ne saisissent pas les notions d’athéisme et d’agnosticisme, et qui nous posent plein de questions sur notre manière de penser et ne comprennent pas forcément notre voie spirituelle ou non spirituelle », conclut-il.

 

Pour mémoire

Un chrétien, un musulman, un juif, un athée et un agnostique font un tour du monde…

Ils ont déjà plus de mille et une histoires à raconter : leur rencontre avec le pape François en Italie, leur nuit passée en plein air à leur arrivée à Amsterdam, l’intérêt et l’enthousiasme des jeunes du collège de la Sainte-Famille au Liban, le petit garçon palestinien qui les suppliait de le prendre avec eux...Des bons et de mauvais souvenirs qu’ils espèrent un jour...

commentaires (3)

C'est mignon!

GEDEON Christian

13 h 08, le 12 novembre 2013

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Commentaires (3)

  • C'est mignon!

    GEDEON Christian

    13 h 08, le 12 novembre 2013

  • Diversité dans la foi, unité dans l’action pour un monde meilleur rêvons. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 29, le 11 novembre 2013

  • LA GRANDE BLAGUE ! CHRÉTIENS, MUSULMANS ET JUIFS EN ACTIONS INTERRELIGIEUSES C'EST BIEN COMPRIS. QUAND À INCLURE L'AGNOSTIQUE ET L'ATHÉE ET FAIRE DE L'AGNOTICISME ET DE L'ATHÉISME DES RELIGIONS, AH, çA ! C'EST LA BLAGUE DU SIÈCLE ! IL FAUDRAIT ALORS INCLURE AUSSI LE FOU, L'HYSTÉRIQUE ET LE SCHIZOPHRÈNE ET FAIRE DE LA FOLIE, DE L'HYSTÉRIE ET DE LA SCHIZOPHRÉNIE DES RELIGIONS AUSSI ! __ OU QUAND LES HORLOGES SONT COMPLÈTEMENT DÉRÉGLÉES... __ PRIÈRE À L'OLJ DE PUBLIER À LA RÉCEPTION ET NON DURANT LA NUIT !!!

    SAKR LOUBNAN

    09 h 41, le 11 novembre 2013

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