La France s'affiche à l'offensive dans les négociations multilatérales de Genève sur le programme nucléaire iranien, au risque d'apparaître isolée et de provoquer d'éventuelles tensions avec ses alliés.
"On travaille à mobiliser le groupe des six" (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Chine et Russie) "et on y arrive", assure-t-on dans l'entourage du chef de la diplomatie française Laurent Fabius, en rejetant catégoriquement tout isolement. "Personne ne nous dit +vous êtes trop exigeants+", ajoute-t-on de même source.
De fait, c'est ce ministre qui intervient le plus souvent pour dire publiquement que des problèmes persistent dans les négociations et pour placer la barre des demandes assez haut, officiellement pour éviter toute ambiguïté.
"Les Américains, l'Union européenne et les Iraniens travaillent intensivement depuis des mois sur ce processus et il ne s'agit rien de plus que d'une tentative de Fabius de se donner une importance tardivement", soupire un diplomate occidental sous couvert d'anonymat, sans chercher à cacher une certaine exaspération.
Discussions tous azimuts
Vendredi et samedi, des discussions tout aussi intenses que celles menées avec les Iraniens, se sont tenues entre Américains, Britanniques, Français et Allemands pour unifier les positions.
"La France voudrait que les autres aillent aussi négocier pour les points qu'elle soulève", indiquait-on samedi dans la journée de source proche des discussions.
Les Français gardent en tête l'échec de 2003-2004 lorsqu'un accord international prévoyant la suspension de l'enrichissement d'uranium par l'Iran avait volé en éclats faute d'avoir été suffisamment sécurisé.
A Genève, la France plaide pour que soient précisés l'avenir du stock d'uranium iranien enrichi à 20% et celui du réacteur en construction à Arak, ainsi que les conditions d'une éventuelle possibilité à l'avenir pour Téhéran de continuer à enrichir sous un étroit contrôle. "L'intérêt est d'élever le niveau de l'accord", martèle-t-on à Paris.
"Le seul pays qui fait du maximalisme"
Au risque de ne pas avoir d'accord du tout à ce stade ? La position intransigeante de la France était samedi après-midi de plus en plus critiquée. En Iran, des députés iraniens ont accusé Laurent Fabius de défendre "les positions" d'Israël qui dénonce l'accord en discussion.
"L'attitude du représentant de la France montre que ce pays fait du chantage", a réagi Hossein Taghavi, porte-parole de la Commission des Affaires étrangères du Parlement iranien, cité par l'agence Fars. L'agence officielle Irna a quant à elle affirmé que le ministre français "entravait" l'accord entre l'Iran et les grandes puissances.
Dans ses interventions, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif s'est toutefois abstenu de s'en prendre directement à Paris comme il l'avait fait mercredi dans un entretien au journal Le Monde, en jugeant que la France était plus radicale que les Etats-Unis.
Samedi, il a certes relevé qu'il y avait "des différences de vues" au sein des grandes puissances, mais tout en soulignant qu'il y avait avec la partie iranienne des accords sur certaines questions et des divergences sur d'autres. Et de préciser que si nécessaire, "une autre date sera fixée" pour de nouvelles discussions.
Pour François Géré, historien, qui s'exprimait à la radio France Inter, "on a le sentiment que la France est aujourd'hui assez isolée". "C'est le seul pays qui fait du maximalisme" alors qu'un accord est proche, croit-il savoir.
Lire aussi
Nucléaire iranien : hypothèse d'un nouveau cycle de négociations
Commentaire
Rohani peut-il honorer sa part du marché ?
Pour mémoire
Un Iran nucléaire serait aussi dangereux que "cinquante Corées du Nord"
"On travaille à mobiliser le groupe des six" (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Chine et Russie) "et on y arrive", assure-t-on dans l'entourage du chef de la diplomatie...
commentaires (5)
Le mérite de cette réunion a été de démasquer les protagonistes , l'Iran nvlle puiss régionale est seule face aux plus grands et on constate que la France du délégué Fabius et de hollandouille est "colonisée" de l'intérieure , que les us veulent bien se défaire du lien de vassalité vis à vis de leur allié belliqueux , que les plus malins sont les british parce qu'ils pensent déjà aux retombées économiques d'un accord avec l'Iran . Les allemands attendent sans trop moufter de peur d'être encore taxé d'antisémite viscéral . Et comme dab , la France de hollandouille se fera jeter voir mise de côté lors de juteux contrats à venir pour avoir servi de sac à sable d'une politique de l'injuste . Pauvre peuple de France .
Jaber Kamel
12 h 28, le 10 novembre 2013