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Liban - Salon du livre

J-C Margueron : La ville, une invention syro-mésopotamienne

Jean-Claude Margueron, ponte de l’archéologie du Proche-Orient préclassique, présentera demain soir à 18 heures son ouvrage « Cités invisibles, la naissance de l’urbanisme au Proche-Orient ancien, approche archéologique ». La conférence sera suivie de la signature au stand des éditions Geuthner.

Vue axonométrique de la porte occidentale et de la forteresse royale d’Ugarit.

Directeur à l’École pratique des hautes études, Jean-Claude Margueron a consacré un demi-siècle à l’étude de la plus ancienne civilisation urbaine (IVe-Ier millénaire), en Mésopotamie. Il a dirigé 45 missions archéologiques sur les tells du Proche-Orient, à Suse dans le sud de l’actuel Iran, Larsa (en Irak), puis en Syrie à Ugarit, Emar, Faqous et principalement à Mari, un site fabuleux qui a livré une moisson exceptionnelle d’objets d’art, et une documentation épigraphique des plus riches du Proche-Orient. Auteur de nombreux ouvrages notamment Les Mésopotamiens et Mari, métropole de l’Euphrate au IIIe et au début du IIe millénaire, Margueron a à son actif plus de 160 écrits scientifiques et des dizaines d’articles à large diffusion.


Cités invisibles, la naissance de l’urbanisme au Proche-Orient ancien, approche archéologique, illustré par quelque 500 planches, dessins et photographies, est un livre riche et dense. Il déroule sur 642 pages l’histoire des premières villes fondées à partir de la fin du IVe millénaire avant l’ère chrétienne.
S’appuyant sur l’étude de Mari, Ugarit, Emar, tell Faqous, Larsa, Ebla, et à travers un « réexamen » d’une soixantaine d’autres sites dont Assur, Babylone, Beydar, Byblos, Arqa, Eridu, Kish, Sharrukin, Habuba Kabira, Haradum, Tuttul, Ur et Uruk, l’auteur expose les données urbanistiques communes à l’ensemble des cités syro-mésopotamiennes, créées en plein milieu désertique. Ainsi, l’organisation stricte de l’espace, la distribution de l’habitat et l’observation de règles communautaires ont défini les priorités des bâtisseurs.

 


L’infrastructure, élément fondamental
Mettant l’accent sur les techniques adoptées pour garantir la mainmise de l’homme sur une nature difficile, l’auteur souligne « l’étonnante compréhension du milieu». À travers l’architecture des bâtiments administratifs, les temples et les maisons, et plus particulièrement les fondations et les tracés régulateurs, les gros travaux d’infrastructure, l’aménagement des circulations urbaines par les canaux, les rues et les ponts, les systèmes défensifs, se révèle un nouveau cadre de vie : la ville. Une invention du monde syro-mésopotamien.


Pour ne donner qu’un exemple, la ville de Mari, grande cité dans le concert des royaumes du Proche-Orient ancien, s’est développée au début du IIIe millénaire dans un milieu subdésertique dans lequel une communauté ne pouvait vivre qu’en mettant en place un réseau d’irrigation pour la culture des céréales. Les canaux repérés révèlent que les aménageurs de la région possédaient une excellente connaissance des modalités d’organisation du système d’irrigation d’une vallée, système qui diffère considérablement de celui que l’on met en œuvre dans une plaine. D’autre part, le choix de plans géométriques est parfaitement adapté au terrain de façon à éliminer les eaux de pluie. De même, l’aménagement d’une infrastructure sous forme d’un réseau de fondations de 1,50 à 2 m de hauteur qui assurait toute l’organisation de la ville et de sa voirie, ainsi que sa stabilité en permettant de construire des bâtiments de deux niveaux hauts de 8 à 14 m, sont deux inventions majeures de ce premier urbanisme.


La construction de Mari en milieu désertique repose sur des techniques d’une « remarquable inventivité ». D’une part, l’installation d’un immense réseau d’irrigation pour alimenter la population, et d’autre part, l’ampleur et l’audace de ses conceptions, et l’architecture du palais du IIIe millénaire témoignent de la puissance créative à cette époque. Il faut souligner que le gigantisme de l’aménagement régional né des échanges commerciaux entre le rebord du Taurus, la Syrie occidentale et la Mésopotamie alluviale ou deltaïque est la cause de la création de Mari. « Elle illustre de façon unique le dynamisme des populations sumériennes à l’aube de l’histoire et donne toute sa profondeur vraie à la première des grandes civilisations urbaines. »
C’est d’ailleurs « grâce à Mari que nous avons une idée de ce qu’a pu avoir été le premier empire babylonien sous la royauté d’Hammurabi, puisque la fouille de Babylone n’a rien fourni pour cette époque ».


 


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