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À La Une - Diplomatie

Riyad et Washington minimisent leurs différends

L'Arabie appelle l'Iran et le Hezbollah à "se retirer" de Syrie comme signe de bonne volonté.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry avec son homologue saoudien, le prince Saoud Al-Fayçal. Jason Reed/AFP

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a assuré lundi qu'il n'y avait "pas de divergences" avec l'Arabie saoudite sur la crise syrienne.

 

Dépêché en urgence à Riyad pour apaiser les tensions entre les deux pays sur les dossiers du Moyen-Orient, M. Kerry a affirmé lors d'une conférence de presse au terme de sa visite que les relations américano-saoudiennes étaient "stratégiques" et "durables".

 

"Il n'y a pas de divergences concernant l'objectif que nous avons en commun sur la Syrie", a déclaré le secrétaire d'Etat après un entretien avec le roi Abdallah.

"Nous ne demeurerons pas les bras croisés alors qu'Assad continue à employer ses armes" contre son peuple, a-t-il ajouté lors de la conférence de presse conjointe avec son homologue saoudien, le prince Saoud Al-Fayçal.

 

Ce dernier, dont le pays soutient sans réserve l'opposition armée au régime du président Bachar el-Assad, a affirmé pour sa part que les négociations au sujet de la crise syrienne "ne peuvent pas se poursuivre indéfiniment".

"Le royaume d'Arabie saoudite réalise parfaitement l'importance des négociations pour résoudre les crises, mais nous estimons que les négociations ne peuvent pas se poursuivre indéfiniment", a-t-il dit.

 

L'Arabie saoudite reproche aux Etats-Unis son inaction face au drame syrien, ne cachant pas sa colère après que le président Barack Obama a renoncé en septembre à des frappes contre le régime syrien.

 

Riyad s'inquiète également d'un éventuel rapprochement américano-iranien dont les monarchies arabes du Golfe feraient les frais, après l'élection du modéré Hassan Rohani comme président de l'Iran.

Le prince Saoud a souligné à cet égard que "la Syrie est un territoire occupé" en raison de la présence de forces iraniennes. Il a estimé que "la plus importante initiative que (l'Iran) pourrait prendre pour prouver sa bonne volonté est de se retirer de Syrie avec son allié libanais, le Hezbollah", dont des membres participent aux combats, aux côtés des forces de Bachar el-Assad.

 

John Kerry s'est dit "particulièrement reconnaissant" au roi Abdallah, âgé de 90 ans et à la santé déclinante, de lui accorder une audience "alors qu'il ne voit pas beaucoup de monde ces jours-ci".

Il s'agira de la première rencontre entre le souverain saoudien et John Kerry depuis qu'il a pris ses fonctions de secrétaire d'Etat.

 

 

(Lire aussi : La conduite pour les femmes, une décision qui appartient à l'Arabie, selon Kerry)

 

 

'Tactiques' différentes

Déjà dimanche au Caire, première étape de sa tournée régionale, John Kerry avait assuré que les Etats-Unis se tenaient aux côtés de leurs alliés dans une région déstabilisée par le Printemps arabe.

"Nous serons là pour l'Arabie saoudite, les Emirats, les Qataris, les Jordaniens, les Egyptiens et les autres. Nous ne laisserons pas ces pays être la cible d'attaques de l'extérieur", a-t-il affirmé.

 

Il a reconnu que Washington avait peut-être opté pour des "tactiques" différentes de celles de ses alliés sur le conflit en Syrie, mais assuré que tous avaient en fin de compte le même objectif.

"Nous partageons tous le même objectif, à savoir sauver l'Etat syrien et la mise en place d'un gouvernement de transition (...) qui puisse donner la chance au peuple de Syrie de choisir son avenir", a-t-il dit, en répétant que M. Assad ne pouvait pas en faire partie.

 

Washington, Moscou et l'ONU tentent non sans grandes difficultés de réunir à Genève une conférence internationale avec la participation du régime et de l'opposition afin de trouver une solution politique au conflit qui a fait selon une ONG plus de 120.000 morts depuis mars 2011.

 

L'opposition, très divisée sur sa participation, réclame des garanties que la conférence dite Genève-2 aboutira à un départ de M. Assad, ce que le régime rejette.

L'Arabie saoudite observe par ailleurs avec méfiance l'amorce d'un dégel entre Washington et l'Iran, pays allié du régime syrien, et une éventuelle participation de Téhéran à Genève-2.

 

"Nous sommes complètement d'accord avec les Saoudiens concernant leurs inquiétudes", a dit un haut responsable du département d'Etat. "Il n'est pas question pour nous d'assouplir notre position sur ce que les Iraniens ont fait pour soutenir des groupes terroristes à travers la région".

 

Pour exprimer son mécontentement, Riyad a annoncé le 18 octobre son refus de siéger au Conseil de sécurité de l'ONU, un acte sans précédent visant à protester contre l'inaction de cette instance.

 

Mais pour les analystes, les relations saoudo-américaines n'atteindront pas un point de rupture.

"Malgré le tollé saoudien, le fondement des relations entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite --la coordination dans le domaine des renseignements et l'endiguement militaire de l'Iran-- est solide", écrit Frederic Wehrey, analyste au Carnegie Endowment for International Peace.

 

 

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