Blocage des institutions : séance-test à la Chambre aujourd’hui

Le Parlement est appelé à se retrouver aujourd’hui au grand complet, à l’occasion de l’ouverture de la session ordinaire d’automne. Une séance plénière est prévue pour l’élection des membres du bureau de la Chambre, ainsi que de ceux des différentes commissions parlementaires.
De sources concordantes, on indique que tous les blocs parlementaires seront présents à cette séance qui ne suscite aucune contestation de la part des protagonistes. Mais il en va tout différemment de la séance législative prévue mercredi et qui, sauf changement de dernière minute, sera une fois de plus boycottée au moins par les députés du 14 Mars.
En dépit de l’entrée en session ordinaire, ces derniers continuent, en effet, de contester la conformité de cette séance aux dispositions de la Constitution, du fait qu’elle est dotée d’un ordre du jour très chargé et comportant un nombre de projets et de propositions de lois ne présentant pas de caractère d’urgence. Aux yeux du 14 Mars, un tel ordre du jour ne saurait passer en l’absence d’un gouvernement en titre, faute de quoi on assisterait à une mainmise du pouvoir législatif sur le pouvoir exécutif, et plus particulièrement sur les prérogatives du Premier ministre.
Sachant que la séance d’aujourd’hui a déjà fait pratiquement l’objet d’un accord entre les principaux blocs sur la marche à suivre, et surtout entre le président de la Chambre, Nabih Berry, et le chef du bloc du Futur, qui se sont rencontrés au cours du week-end, on pourrait légitimement espérer qu’il en soit de même pour la réunion de demain, mais les chances de succès sur ce plan sont minces.
Plusieurs députés du 14 Mars, notamment du bloc du Futur et des Forces libanaises, ont fait savoir qu’ils pourraient reconsidérer leur boycottage si M. Berry mettait à profit le renouvellement aujourd’hui des membres du bureau de la Chambre pour convoquer aussitôt le bureau à une réunion destinée à réviser l’ordre du jour de la séance législative pour ne retenir que les textes urgents.
On sera en mesure de vérifier aujourd’hui même si le chef du législatif est disposé à un compromis à ce sujet. Mais les choses se présentent plutôt négativement, le député Serge TorSarkissian, qui est membre du bureau de la Chambre, ayant assuré hier à la télévision que M. Berry « n’a pas l’intention de changer d’avis ni de céder sur ce point ».
De même, le député Samir Jisr (Tripoli) a indiqué à l’agence al-Markaziya que les tractations qui ont eu lieu à ce propos au cours des dernières vingt-quatre heures n’ont pas réussi à aplanir les obstacles.
Pour sa part, Robert Ghanem, député de la Békaa-Ouest et président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, a fait valoir, également à la Markaziya, qu’une réunion du bureau de la Chambre est hors de question dans la mesure où l’ordre du jour de la séance législative a déjà été fixé. « Imagine-t-on les décisions prises en Conseil des ministres devenir caduques en cas de chute du gouvernement ? Non, bien sûr. Il en est de même pour l’ordre du jour établi par le bureau de la Chambre. »
D’autre part, on n’est pas encore tout à fait sûr si les députés du CPL, qui avaient boycotté les précédentes séances législatives convoquées par M. Berry l’été dernier, pour des raisons certes différentes de celles du 14 Mars, vont se présenter ou pas à la réunion de demain.
Alain Aoun, député de Baabda, a déclaré qu’il n’y avait rien de nouveau sur ce plan et que le boycottage allait se poursuivre. Mais il a été plus ou moins contredit par son collègue du Metn, Salim Salhab, qui a estimé que la tendance était plutôt à une participation des membres du bloc du Changement et de la Réforme à la séance de mercredi, mais qu’une décision définitive à ce sujet serait prise aujourd’hui lors de la réunion hebdomadaire du bloc.
Dans le même sens, une source proche de M. Berry a affirmé hier au site nowlebanon.com que le quorum sera théoriquement atteint mercredi, mais qu’en l’absence de certains blocs parlementaires (le 14 Mars), le président de la Chambre s’abstiendra d’ouvrir la séance. Ces propos signifient implicitement que le bloc aouniste a l’intention de participer, de même que le bloc joumblattiste, seul celui du Premier ministre sortant, Nagib Mikati, ayant décidé de maintenir le mot d’ordre de boycottage aux côtés du 14 Mars.
Pour ce qui est de la séance d’aujourd’hui, on s’attend globalement à ce qu’il n’y ait pas de changements majeurs au niveau de la présidence et de la composition des commissions parlementaires. Il en ira de même pour le bureau de la Chambre, dont les effectifs demeureront en principe inchangés.