Kerry : Il est urgent de fixer une date pour Genève 2

À quelques semaines de la très attendue – et maintes fois reportée – conférence de paix dite Genève 2, la Russie a appelé les États-Unis à convaincre l’opposition syrienne divisée d’y participer tandis que le secrétaire d’État américain John Kerry a estimé qu’il était « urgent de fixer une date » pour cette réunion.

L’un des principaux groupes d’opposition a en effet annoncé son refus de dialoguer avec le régime de Bachar el-Assad à Genève, mettant un point d’interrogation sur la rencontre possible entre régime et opposition autour d’une même table à la mi-novembre. Le chef du Conseil national syrien, Georges Sabra, a aussi menacé de se retirer de la Coalition nationale syrienne (CNS, qui chapeaute les groupes d’opposition) si celle-ci prenait part à la réunion.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, dont le pays est un allié du régime Assad, a jugé que « le principal obstacle » à la tenue de cette réunion le plus vite possible restait « l’incapacité de nos partenaires à faire en sorte que l’opposition, qu’ils soutiennent, aille à Genève et prenne place à la table des négociations avec le gouvernement ».
Après une rencontre à Londres avec l’émissaire de l’ONU Lakhdar Brahimi, qui doit se rendre prochainement dans la région pour voir « le maximum de gens possible », M. Kerry a pour sa part rappelé qu’il n’y avait pas de solution militaire au conflit. Mais il a répété que M. Assad avait « perdu la légitimité » et souligné la nécessité d’avoir « une nouvelle entité au pouvoir ».

M. Sabra a en outre accusé la communauté internationale d’avoir laissé le régime « impuni » après l’attaque chimique du 21 août près de Damas, qui avait fait planer la menace de frappes occidentales, finalement écartée par un accord sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. Dans ce cadre, la Néerlandaise Sigrid Kaag a été nommée pour diriger la mission conjointe entre l’ONU et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), présente en Syrie et chargée de superviser l’élimination de cet arsenal. Par ailleurs, l’ONU a salué hier l’adhésion formelle de la Syrie à la Convention interdisant les armes chimiques, soulignant cependant « qu’il reste beaucoup de travail » pour éliminer l’arsenal dans les délais fixés.

Attentat dans un fief rebelle
Pendant ce temps, sur le terrain, un attentat à la voiture piégée a fait hier au moins 27 morts dans un fief rebelle de la province syrienne d’Idleb. L’attentat s’est produit sur un marché de la ville de Darkouche, à quelques kilomètres de la frontière turque, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), en faisant état de 27 morts, dont 3 enfants et une femme, et de dizaines de blessés. Une vidéo diffusée après l’attaque montre un secteur dévasté avec des bâtiments détruits et des voitures en feu. Selon l’OSDH, qui s’appuie sur un vaste réseau de militants à travers le pays, l’État islamique en Irak et au Levant, un groupe jihadiste lié à el-Qaëda, serait derrière cet attentat.

C’est également dans la province d’Idleb, en majeure partie tenue par les rebelles, que six membres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), pour la plupart de nationalité syrienne, et un membre du Croissant-Rouge syrien ont été enlevés la veille. L’employé du Croissant-Rouge et trois membres du CICR ont été libérés hier et sont « sains et saufs », a annoncé à Genève la Croix-Rouge, en se disant toujours « dans l’attente de plus d’informations » concernant les trois derniers otages. Dans la matinée, le comité a fait part de sa détermination à poursuivre ses missions en Syrie, tout en assurant que la sécurité de son personnel était une priorité. Le CICR, qui compte une trentaine d’expatriés et environ 120 employés syriens en Syrie, n’avait jusqu’à présent pas subi d’enlèvement dans ce pays. En revanche, 22 de ses collaborateurs du Croissant-Rouge syrien ont été tués depuis le début du conflit.

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