Plusieurs fois interpellé sur le sort de journalistes, le gouvernement nie exercer une quelconque pression contre les médias qui ont montré quelque sympathie pour les frondeurs de juin. Et cependant, les exemples d’intimidation ne manquent pas. Ismaïl Saymaz, qui travaille pour le quotidien libéral Radikal, a été menacé par un gouverneur local pour avoir enquêté sur les conditions de la mort d’un jeune manifestant de 19 ans et publié une série d’articles mettant en cause les négligences de la police.
Loin d’être l’apanage des seules autorités politiques, la menace émane également des propriétaires des médias, pour la plupart des conglomérats industriels dont le chiffre d’affaires est souvent étroitement dépendant des marchés publics. Le plus grand groupe de médias turc, Dogan, s’est ainsi débarrassé du quotidien Milliyet après que le gouvernement lui eut imposé un redressement fiscal record en 2009. « C’était un message à tous les patrons de presse. Celui de Milliyet l’a reçu cinq sur cinq et nous a clairement fait comprendre qu’il ne voulait plus d’éditos susceptibles d’irriter le Premier ministre », accuse Can Dundar.
Pendant la contestation, de nombreux manifestants ont d’ailleurs raillé les médias turcs, coupables à leurs yeux d’avoir délibérément minimisé son importance. Le cas de la chaîne privée CNN Türk, qui a préféré diffuser un documentaire sur les pingouins plutôt que de retransmettre en direct les heurts sur la place Taksim, en est devenu l’exemple emblématique.
(Source : AFP)
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