Les combattants n’ont pas particulièrement le moral ce soir-là. L’un d’entre eux a été grièvement blessé à la poitrine par un sniper. Un des hommes d’Abou Ahmad pose son fusil d’assaut sur le mur et enlève sa veste de combat. « Cette guerre nous use », peste-t-il. « On mange mal et pas assez. On peut se laver seulement deux fois par semaine quand on a de l’eau », ajoute-t-il. Mais ce qui manque aux rebelles, ce n’est pas tant un minimum de confort que les moyens adéquats pour mener cette guerre, dit Abou Ahmad, alors que l’opposition reproche aux Occidentaux de ne pas lui fournir les armes qui lui permettraient de faire face à la puissance de feu des forces du régime. Le commandant ouvre un sac et verse son contenu sur le sol. Deux hommes ramassent les balles et les introduisent dans leurs chargeurs qu’ils enfouissent dans les poches de leur veste. « Nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller les munitions (...) Si l’armée nous attaque maintenant en force, nous aurons juste de quoi les repousser sans perdre trop d’hommes », estime Abou Ahmad.
« Et toutes les nuits c’est la même chose »
Chaque nuit, les insurgés répètent les mêmes mouvements. Ils évoluent à travers les énormes trous dans les murs causés par les tirs. Du verre brisé crisse sous leurs bottes. Soudain, un sniper tire dans leur direction. Personne n’est touché, mais les hommes courent vers un bâtiment déserté et montent au quatrième étage. Là, dans l’obscurité la plus totale, ils attendent, leur kalachnikov prête, une lueur, un son ou une ombre traversant la rue. Ils finissent par repérer un petit groupe qui se déplace furtivement dans la rue. Ils ouvrent le feu, vidant leur chargeur. « Et toutes les nuits, c’est la même chose », lance l’un des combattants, amer. « Les commandants ont beau nous dire d’attendre, qu’ils (les forces du régime) préparent un plan pour attaquer Salaheddine, nous, tout ce qu’on fait, c’est tirer à travers les trous des murs », ajoute-t-il. « Nous ne pouvons pas rester comme ça cinq ou dix ans (...) et attendre que Dieu gagne la guerre pour nous. »
Malgré la frustration, les hommes ne voient pas d’autre solution que de poursuivre le combat. Abou Ahmad estime en effet qu’« une solution politique ne changerait rien ». « La seule solution, c’est le départ d’Assad. » Hussein, un ancien étudiant en philologie de l’université d’Alep, tente d’expliquer pourquoi. « Assad est discrédité auprès du peuple. Comment peut-on conclure un accord avec quelqu’un qui massacre son peuple et veut maintenant négocier son maintien au pouvoir comme si rien ne s’était passé ? »
Les grandes puissances tentent d’organiser depuis des mois une conférence internationale pour amorcer une solution politique à cette guerre qui a fait plus de 115 000 morts, selon une ONG. Rebelles et opposition, qui excluent toute négociation avec M. el-Assad, réclament son départ. Mais un ministre syrien a récemment affirmé que le président resterait au pouvoir et qu’il avait le droit de se représenter en 2014 pour un nouveau mandat.
(Source : AFP)
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